«Halilhodzic a été clair : même en jouant à Milan, je dois gagner ma place» «Achiou méritait une plus grande carrière» Djamel Mesbah a beau être un défenseur, il n'en est pas moins très offensif dans sa manière d'aborder les matchs. Depuis toujours, il est animé d'un esprit de gagneur. Peut-être est-ce le fait d'avoir été formé comme ailier gauche qui le rend tellement porté sur l'attaque et la gagne. Le fait de s'être engagé avec l'AC Milan, un club dont la philosophie est de gagner tous les matchs, y compris les rencontres amicales, n'ont fait que le conforter dans son état d'esprit. Il n'est donc pas surprenant que son leitmotiv avant le match des éliminations pour la Coupe d'Afrique face à la Gambie soit clairement affiché : «Si je vais en Gambie, c'est pour gagner. Quand je dis «je», je parle de l'équipe, bien entendu. Je sais que mes coéquipiers sont animés par le désir de confirmer le redressement que nous avons laissé entrevoir lors de nos derniers matchs.» «Que je joue ou pas, l'essentiel est que l'équipe gagne» «Ce match aller à Banjul est très important», insiste-il. «Ce n'est pas parce qu'il y aura un match retour à Alger que nous devrions le prendre à la légère. Le gros du chemin vers la qualification au prochain tour doit se faire en Gambie. Je suis raisonnablement confiant quant à notre capacité de nous imposer là-bas», estime-t-il. Et d'insister sur un point : «Je parle de l'équipe, non pas de moi personnellement. Je ne sais pas si le sélectionneur va me faire jouer ou pas, car je suis un sélectionné comme les autres. Si je joue, je donnerai le meilleur de moi-même. Si je ne joue pas, je serai à fond avec l'équipe. Quitte à me répéter, l'essentiel est que l'équipe gagne.» ------------------------------------------------ 3 sélectionneurs, 3 styles, 3 écoles En moins de deux ans, Djamel Mesbah a connu trois sélectionneurs. Chacun d'eux lui a apporté quelque chose, que ce soit sur le plan du jeu ou sur le plan psychologique. «En toute franchise, j'ai été honoré d'avoir travaillé avec M. Rabah Saâdane et Abdelhak Benchikha et de travailler actuellement avec M. Halilhodzic. Ce sont 3 écoles aux styles différents. J'ai appris de chacun d'eux et je continue encore à apprendre. Déjà, je leur dois tous de m'avoir fait confiance pour défendre les couleurs de mon pays», nous a-t-il confié. «Saâdane me parlait beaucoup» Il n'a connu Saâdane que durant 5 mois, soit sur une période assez courte, mais ô combien intense, puisque c'était celle de la participation à la Coupe du monde. «Si j'ai été au Mondial, c'est grâce à M. Saâdane qui a cru en mes qualités, alors que j'étais méconnu du grand public. Je n'oublierai jamais cela, car je ne suis pas un ingrat», insiste-il. «Il était normal que je ne sois pas le premier choix du sélectionneur lors du Mondial en Afrique du Sud, puisque je n'avais pas fait les qualifications. D'ailleurs, c'était déjà une fierté d'être en Coupe du monde. Ce que je retiens du coach, c'est qu'il me parlait beaucoup, même si je n'ai pas beaucoup joué avec lui. Jamais je ne m'étais senti marginalisé avec lui.» «Benchikha m'a mis à l'aise et en confiance» Benchikha a été le sélectionneur qui l'a titularisé pour la première fois en sélection nationale, et Mesbah ne l'a pas oublié. «Tout comme Saâdane, il me parlait beaucoup. Il m'a vraiment mis à l'aise et en confiance. Il trouvait toujours les mots qu'il fallait pour nous motiver et nous galvaniser», témoigne-t-il. Avec lui, il a connu le meilleur (victoire à la force du jarret face au Maroc à Annaba) et le pire (lourde défaite contre cette même équipe à Marrakech), mais cela ne l'empêche pas de retenir l'essentiel : «Il a fait de son mieux et avait une grand volonté de bien faire. Je retiens beaucoup de bonnes choses de lui.» «Halilhodzic a été clair : même en jouant à Milan, je dois gagner ma place» A présent, c'est sous les ordres de Vahid Halilhodzic qu'il est en train de travailler en sélection. «Ce qui me plaît chez lui, c'est qu'il sait ce qu'il veut et où il veut en venir. Il connaît parfaitement son métier et prend sa mission très à cœur», fait-il remarquer. Bien sûr, il ne manque pas de souligner ce que tout le monde a constaté : l'intransigeance du coach concernant le code de conduite générale. Il l'illustre en nous narrant une anecdote : «Après mon transfert à l'AC Milan, il m'a téléphoné pour me féliciter et m'encourager, mais il a aussi été très clair : «Je suis très content pour toi, mais ça ne changera rien à la règle : tu devras gagner ta place comme les autres.» Halilhodzic, c'est ça : chacun doit travailler plus que les autres pour espérer jouer.» ----------------------------------------- Enfin Algérie-RFA en entier ! Alors que Mesbah ne connaissait du fameux match Algérie-RFA du Mondial-82, remporté par les Algériens 2-1, que les extraits des buts qu'il a trouvés sur les sites Web de vidéos partagées, il a récemment pu enfin regarder l'intégralité de ce match. «C'était sur le bouquet Sky Italia. Il y a une chaîne qui diffuse les grands classiques du football mondial et, un soir, c'était le match Algérie-RFA qui était au programme. C'est la première fois que j'ai pu voir le match en entier», nous a-t-il confié. «Je ne savais pas que ça jouait aussi bien au ballon !» Son impression d'ensemble ? «J'ai été vraiment épaté ! Vraiment, ça jouait bien au ballon. Je ne m'imaginais pas que l'Algérie jouait aussi bien. Et puis, moi qui ne connaissais que Madjer et Belloumi de réputation, j'ai découvert des joueurs talentueux que je ne connaissais pas : Dahleb, Zidane, Fergani… J'ai même vu comment Kourichi (l'adjoint de Halilhodzic, ndlr) jouait. J'ai aussi découvert celui qui jouait à mon poste, Mansouri.» Il disait cela avec les yeux qui brillaient comme un enfant ayant fait une surprenante découverte. Son objectif à présent est de regarder le maximum de matchs de cette période glorieuse du football algérien. ----------------------------------------- «Achiou méritait une plus grande carrière» Durant son passage au FC Aarau, de 2006 à 2008, Djamel Mesbah avait comme coéquipier Hocine Achiou. D'ailleurs, ils ont même été trois Algériens à évoluer au sein du club suisse lors de la deuxième année, avec l'arrivée de Yacine Hima. Mesbah garde un bon souvenir du joueur actuel de l'ASO Chlef : «Hocine était toujours de bonne humeur, d'un caractère très sympathique. De plus, il avait du talent, incontestablement. Dommage qu'il ne soit pas parti en Europe plus tôt ! Il méritait une plus grande carrière en Europe», estime-t-il. ----------------------------------------- Boateng lui a demandé des nouvelles de Belhadj et Yebda Parmi les coéquipiers de Djamel Mesbah à l'AC Milan, il y a Kevin-Prince Boateng, celui qui a inscrit, mercredi passé, le premier but de son équipe contre Arsenal en huitièmes de finale aller de la Ligue des champions (4-0). Le milieu de terrain ghanéen n'a pas manqué de demander à l'Algérien des nouvelles de Nadir Belhadj et Hassan Yebda, qu'il avait eus comme coéquipiers à Portsmouth. D'ailleurs, Boateng a été autant surpris qu'amusé d'apprendre que Mesbah et Belhadj jouent au même poste et sont en concurrence en sélection nationale. ----------------------------------------- Heureux même quand Milan gagne sans lui Mercredi passé, Djamel Mesbah n'a pas joué le huitième de finale aller de la Ligue des champions avec Milan contre Arsenal. Entre Gianluca Zambrotta, Mesbah et Luca Antonini, l'entraîneur Massimiliano Allegri a choisi le dernier nommé, celui qui satisfait le plus au compromis jeunesse/expérience (à 35 ans, Zambrotta n'est plus de la première jeunesse, alors que Mesbah est dépourvu d'expérience dans cette compétition). Pour des choix tactiques, il ne l'a même pas mis sur le banc des remplaçants, préférant mettre le plus de milieux et d'attaquants possibles comme solutions de rechange, puisqu'il y avait obligation de gagner à domicile en ne mettant que Daniele Bonera comme arrière, car capable d'être une solution à droite comme à gauche. L'international algérien a donc suivi le match de la tribune VIP en compagnie des autres joueurs non convoqués, et de leurs familles, avec son ami Mohand Boucheraï, venu de Suisse pour un voyage éclair de 24 heures, afin de suivre la rencontre. Loin de bouder parce qu'il n'a pas joué, Mesbah a vibré aux exploits de ses coéquipiers, comme le montre cette photo étalée sur les pages de La Gazzetta dello Sport où on le voit entre Mathieu Flamini et son ami Mohand, content et heureux après le premier but inscrit par Kevin-Prince Boateng. ----------------------------------------- Son cousin Hamid est chef cuisinier en Suisse «Chez nous, la famille, c'est sacré. Mon cousin Hamid était venu d'Algérie et c'est tout naturellement que nous l'avons hébergé chez nous. C'était comme mon frère. D'ailleurs, c'est ma mère qui lui a trouvé une femme pour se marier. C'est vous dire les liens étroits qui nous unissent. Aujourd'hui, El hamdoullah, il a une bonne situation sociale puisqu'il est chef cuisinier en Suisse. Sa fille adore la mienne et elle est toujours impatiente de venir la voir. D'ailleurs, elle viendra chez moi la semaine prochaine pour voir ma fille.» ----------------------------------------- Au téléphone avec ses parents 2 fois par jour Ce n'est pas parce qu'il est devenu adulte, connu et titulaire à l'AC Milan que Djamel Mesbah changera ses habitudes. La plus constante d'entre elles est d'appeler ses parents régulièrement. «Avec mon père et ma mère, on s'appelle 2 fois par jour au moins. C'est le minimum, car parfois, c'est même plus. Chez moi, la famille, c'est sacré», nous a-t-il confié. Sa petite famille l'a rejoint à Milan Djamel Mesbah est à présent à Milan avec sa petite famille. En effet, il a trouvé une maison et a ramené son épouse et ses deux enfants. Il vit donc harmonieusement son nouveau challenge à Milan, soutenu par la chaleur des siens.
