Edinaldo Batista Libânio, d'abord surnommé "Dina", a fait ses armes avec le club amateur de Campo Limpo Paulista, dans la banlieue de São Paulo. Bien conscient de son potentiel, cet attaquant opportuniste s'est aussi rendu compte qu'un long chemin l'attendait avant d'arriver au plus haut niveau. Il a dû faire sa place dans plusieurs clubs brésiliens avant de pouvoir briller en première division, sous le surnom de "Grafite". Choisi dans le onze idéal du Brasileirão 2003 alors qu'il évoluait au Goiás EC, il a été transféré au São Paulo FC. C'est là qu'il a atteint le sommet de sa carrière en 2005, en récoltant sa première cape avec la Seleçaõ. Une blessure au genou droit est alors venue interrompre sa trajectoire. Grafite a franchi l'Atlantique pour s'installer dans la Sarthe et défendre les couleurs du Mans pendant une saison et demie, avant de s'engager en Allemagne avec le VfL Wolfsburg. Les Vert et Blanc ont enlevé leur premier titre en 2008/09, en grande partie grâce aux 28 réalisations de leur finisseur en chef. Désormais âgé de 30 ans, pleinement épanoui en Europe et plus respecté que jamais, le Brésilien vit actuellement la meilleure période de sa carrière. Une seule chose lui manque pour atteindre tous ses objectifs : retrouver la tunique auriverde. Grafite a évoqué avec nous son excellente période actuelle et ses attentes futures. Grafite, par quels facteurs peut-on expliquer votre adaptation aussi rapide que réussie au VfL Wolfsburg ? Tout s'est très bien passé, au-delà même de mes espérances. C'est comme si tous les joueurs du club s'étaient retrouvés exactement sur la même longueur d'ondes. Le projet de Wolfsburg était certes d'arriver au sommet, mais pas aussi rapidement. Dans mon cas, je pense que l'expérience m'a beaucoup aidé : j'ai 30 ans et ça fait trois saisons que j'évolue en Europe. Tout s'est bien goupillé. Votre séjour en France y a-t-il contribué également ? Oui, cela a été essentiel. Lorsqu'un footballeur quitte le Brésil pour venir jouer en Europe, sa notoriété dans son pays d'origine ne veut plus rien dire : il faut tout recommencer à zéro. J'avoue que lors des premiers mois, l'idée de tout plaquer pour rentrer à la maison m'a effleuré l'esprit, mais je me suis beaucoup plu au Mans. Je pense que nous nous sommes aidés mutuellement.
Wolfsburg compte également dans son rang le capitaine Josué, le Werder Brême s'articulait autour de Diego et Naldo, comme le Bayern Múnich avec Zé Roberto et Lúcio, sans oublier Carlos Eduardo à Hoffenheim... On dirait que les Brésiliens ont la cote en Allemagne ? Depuis quelques années, les joueurs brésiliens sont très recherchés en Bundesliga, surtout grâce à des joueurs comme Elber, Lúcio et Zé Roberto, qui ont incarné des exemples de professionnalisme. Les clubs européens ont souvent des soucis avec le comportement de leurs Brésiliens en dehors du terrain, mais je pense que c'est n'est pas vraiment le cas en Allemagne. A Wolfsburg, les gens disent souvent à mon sujet : "Grafite, tu es moitié brésilien, moitié allemand : toujours ponctuel et bien élevé !" (rires) Il faut toujours faire preuve de professionnalisme. Le talent seul ne suffit pas.
Peut-on comparer cette saison avec 2005, votre meilleure année avec le São Paulo FC ? C'est difficile à dire. Cette saison aussi a été très spéciale, avec ma première convocation en Seleção. La période actuelle est peut-être plus importante encore car j'ai été champion en jouant sur le terrain. En 2005, j'ai eu cette opération au genou qui m'a pratiquement empêché de disputer la Copa Libertadores et la Coupe du monde des Clubs que São Paulo a remportées. Pensez-vous que cette blessure a interrompu votre ascension au sein de la sélection brésilienne ? Oui, sans aucun doute. Je pense que j'aurais été un sérieux postulant pour Allemagne 2006. Mais le football est ainsi fait : la blessure est un risque auquel nous sommes tous confrontés. Avez-vous encore l'espoir de revenir au sein de la sélection ? A vrai dire, c'était le cas avant que Dunga ne dévoile la liste pour Afrique du Sud 2009 (rires). J'espérais être convoqué, je l'avoue, et j'ai été déçu de ne pas voir mon nom car je sais que j'aurais pu tenir ma place. Je ne lui en veux pas pour autant car les quatre attaquants appelés sont d'excellents joueurs. Le Brésil n'a pas énormément d'options au poste d'avant-centre qui est le vôtre. Cela peut-il jouer en votre faveur ? Je le pense. Si l'on regarde l'effectif actuel, le seul véritable avant-centre puissant est Luís Fabiano. Mais pour moi, ça ne change pas grand-chose : tout ce que je veux, c'est bien faire mon travail. Après, c'est à Dunga de trancher.
En tout cas, votre style de jeu a évolué depuis l'époque du Goiás EC en 2003 ou du São Paulo FC en 2005. Votre rôle était moins de marquer que d'accomplir le travail de l'ombre... Tout à fait. C'est la première fois de ma carrière que je marque autant. C'est aussi lié à la formation tactique de l'équipe et à mes coéquipiers en attaque. A São Paulo, Luís Fabiano était le buteur attitré. A Goiás, Dimba, qui a été meilleur buteur du championnat brésilien en 2003, était un numéro 9 typique. Quant à Edin Dzeko, c'est un joueur très mobile, comme moi, et cela nous permet de partager le rôle de buteur. Est-ce le meilleur duo d'attaque que vous avez formé au cours de votre carrière ? J'ai eu la chance de côtoyer des joueurs spectaculaires, comme Luís Fabiano, Amoroso et Túlio Maravilha, mais je pense que les chiffres parlent d'eux-mêmes : nous sommes le tandem le plus prolifique de l'histoire de la Bundesliga, devant Uli Hoeness et Gerd Müller. Ce n'est pas anodin. Dzeko me fait beaucoup penser à ce que j'étais plus jeune : il va toujours se battre pour le ballon sans se poser de questions et ça me plaît beaucoup. Êtes-vous comblé par la conquête de ce titre en Europe, ou avez-vous au contraire d'autres défis qui vous tiennent à cœur ? Il est certain que ce titre en Bundesliga représente un palier, mais j'aimerais bien connaître d'autres satisfactions, notamment en sélection. Je pense que c'est la seule chose qui manque pour que je puisse me dire un jour : "J'ai accompli tout ce que je pouvais." Je continue de penser à la Seleçaõ. Pourquoi pas à la Coupe du monde de la FIFA 2010 ? (Rires) Ça serait génial ! De toute façon, même si je n'y vais pas avec la sélection, je risque fort d'y aller pour les vacances. La Coupe du monde est quelque chose d'unique. Vous serez encore à Wolfsbourg l'année prochaine ? Sauf catastrophe, je compte poursuivre mon aventure à Wolfsburg la saison prochaine. J'ai fait part de mes revendications. Le club doit décider s'il les satisfait ou pas. De toute façon, je suis sous contrat jusqu'en 2011 et j'aimerais avoir une prolongation de deux ans avec une revalorisation salariale. J'ai 30 ans, et entre les buts et les passes décisives (12, ndlr), je crois qu'ils peuvent être satisfaits (rires). Depuis que je suis arrivé, il y a deux ans, le club a tout fait pour que je me sente bien, et ce dès mon arrivée. Professionnellement comme dans ma vie personnelle. La stabilité et l'esprit qui se dégagent du club ont fait de moi un meilleur joueur. Je suis carrément heureux ici. Fiche d'identité Club actuel : VfL Wolfsburg Numéro : 29 Nom complet : Edinaldo Batista Libânio Nationalité : brésilienne Date et lieu de naissance : 2 avril 1979 à Campo Limpo Paulista Taille : 189 cm Poste : attaquant Parcours professionnel 1995-2000 : Ferroviário AC (Fortaleza) 2000-2001 : Santa Cruz FC (Recife) 22 (5) 2001-2002 : Grêmio Porto Alegre 6 (0) 2002 : FC Séoul 9 (0) 2003 : Goiás EC 20 (12) 2004-2005 : São Paulo FC 44 (17) 2006-2007 : Le Mans UC 51 (17) Depuis 2007 : VfL Wolfsburg (59) (48) Sélection(s) en équipe nationale2005 : Brésil 1 (1) Palmarès • Champion de l'Etat de Goiás en 2003 avec Goiás EC • Champion de l'Etat de São Paulo en 2005 avec São Paulo FC • Vainqueur de la Copa Libertadores en 2005 avec São Paulo FC • Coupe intercontinentale en 2005 avec São Paulo FC • Vainqueur de la Coupe du monde des clubs en 2005 avec São Paulo FC • Ballon d'argent brésilien en 2003 • Champion d'Allemagne en 2009