«Cette histoire des 30 milliards de Sonatrach est fausse, les dirigeants qui se sont réunis avec Chakib Khelil n'ont pas signé de protocole. C'est un crime contre le club.» La situation que vit actuellement le Mouloudia ne laisse aucune personne ayant un lien avec l'équipe, indifférente. C'est le cas de Chabane Lounès qui nous a accueilli, hier matin, dans son bureau à Aïn Allah. L'ancien dirigeant mouloudéen n'est pas allé avec le dos de la cuillère pour dénoncer les membres du conseil d'administration qui sont, selon lui, le mal du Mouloudia. Il n'a pas hésité également à douter des intentions de l'homme d'affaires, Eddir Loungar. Quelles sont les nouvelles, Ammi Chabane ? Dieu merci, tout va bien. Je vous remercie pour votre visite et cette opportunité que vous me donnez pour parler de la situation que vit mon club de toujours et des scandales avec lesquels on se réveille chaque matin. Vous suivez donc toute l'actualité du MCA ? Avant d'être dirigeant ou membre de l'AG, j'étais d'abord un fidèle supporter. Le MCA est comme un membre de la famille. Quand il va bien, je suis heureux, dans le cas contraire, je me fais des soucis. J'aime le Mouloudia et je suis avec attention son actualité via la presse ou des proches de l'équipe. Et que pensez-vous de ce qui s'y passe actuellement ? On ne peut pas cacher le soleil avec un tamis, comme on dit, le club vit au rythme des scandales connus de tout le monde. Je ne reproche rien à celui qui gère l'équipe, mais le problème est dans son entourage et ceux qui s'accrochent à leurs postes sans rien apporter au club et que vous appelez les membres du conseil d'administration. Ils doivent partir du moment qu'ils n'arrivent pas à trouver de solutions. Vous êtes donc d'accord avec Drif qui a déclaré que les dirigeants actuels n'ont rien apporté au club ? Oui, il a raison, même le simple supporter a compris ce qui se passe dans le club. Les supporters en ont marre d'écouter leur baratin. Je le dis franchement, les membres du conseil d'administration n'aiment pas le club, ils doivent se retirer. Et je vais vous dire une chose. Allez-y… Je viens de lire (entretien réalisé hier matin) l'interview de Ghrib sur votre journal. Il a dit qu'il n'attendra pas longtemps Eddir Loungar et qu'il procèdera à l'ouverture du capital du club pour permettre aux supporters d'investir dans leur équipe. Ghrib vit apparemment dans un autre monde, il n'est pas au fait de ce que les supporters racontent dans les forums et les sites Internet. Les supporters sont conscients que la faille se trouve au niveau des membres du conseil d'administration. Je suis persuadé que les supporters n'accepteront pas d'acheter une action si la situation ne change pas. Ce qui se passe actuellement au Mouloudia est un véritable bricolage. Eddir Loungar est attendu comme un messie par le simple supporter, qu'en pensez-vous ? Lorsqu'on a commencé à parler de Loungar, j'avais déclaré qu'on devait lui souhaiter la bienvenue et lui ouvrir toutes les portes, non pas une seule. Mais aujourd'hui, j'ai compris qu'il veut prendre le Mouloudia gratuitement. Il a voulu diminuer de la valeur du capital d'un club historique. Loungar a lassé les supporters du Mouloudia. Il doit vite prendre une décision finale. S'il est capable d'investir, qu'il soit le bienvenu, dans le cas contraire, qu'il se retire et laisse l'équipe tranquille loin du bla-bla. Comment voyez-vous la fin avec cet homme d'affaires Eddir Loungar ? Je ne suis pas optimiste avec cette histoire de Loungar que je vois finir comme celle de Mourad Louadah et Pellicano. Louadah était honnête, mais le montant qu'on lui a exigé était exagéré. Eddir Loungar est devant un conseil d'administration affaibli, ses membres lui ont tout fourni, mais il n'a pas donné de réponse finale. Cela n'a qu'une seule signification. Loungar veut gagner du temps, attendre la faillite du Mouloudia pour qu'on lui demande de prendre l'équipe en injectant la somme qu'il voudra bien mettre, lui. Loungar dit qu'il ne répondra à l'offre qu'une fois que ses experts auront épluché le bilan financier de 2011... Je ne suis pas convaincu par ses propos. Si Loungar avait été sérieux dans ses projets, il aurait pris le club comme il est, et c'est à lui de tout solder par la suite. Même les dettes ne représentent pas de problème. Il peut éponger n'importe quelle dette qui n'est pas justifiée. C'est le fait de rester en France et demander tel ou tel document qui nous laisse douter de ses intentions. Je veux apporter une précision. Allez-y… Le Mouloudia n'est pas un groupement important pour trouver des difficultés dans la comptabilité. Ses recettes ont émané essentiellement du sponsor Djezzy qui sont de l'ordre de 11 milliards de centimes, et les dépenses sont aussi claires et justifiées. Franchement, je ne suis pas optimiste pour sa venue. Drif a dit que l'avenir du Mouloudia dépendra de cet homme d'affaires... Abdelkader Drif est mon ami, mais la question que je lui poserais est la suivante : que dira-t-il aux supporters lorsqu'il s'apercevront que Loungar l'a berné lui aussi ? Pensez-vous que le problème est du côté des hommes d'affaires qui voulaient investir dans le club ou plutôt du côté des dirigeants actuels qui leur mettent des bâtons dans les roues ? Il est fort possible que je sois du côté des hommes d'affaires, que ce soit Louadah, Pellicano ou Loungar. Il n'y a pas une personne qui viendra jeter une somme de 70 milliards de centimes par la fenêtre. Il n'y a rien au Mouloudia qui puisse encourager les hommes d'affaires à venir y investir. L'équipe ne possède ni centre de formation, ni stade, ni même un bureau digne de ce nom. Il n'y a aucune garantie et les gens ne vont pas s'amuser à jeter leur argent. Où se situe donc la solution à votre avis ? Tant que les membres du conseil d'administration sont toujours en place, personne ne viendra au Mouloudia. Ni Loungar ni cette personne qui est annoncée pour le 6 avril. Le problème du MCA est dans son entourage pourri. Au Mouloudia, tout le monde essaye de tirer la couverture de son côté, au lieu de se réunir pour l'intérêt du club. Même ce qui se passe actuellement à la JSK n'a rien à voir avec la crise que vit notre club. Certains préfèrent passer leur intérêt personnel au détriment de celui du club, n'est-ce pas ? Je suis au Mouloudia depuis les années 1980 et j'ai occupé plusieurs postes. Le mot «intérêt» n'existait pas avant. J'ai côtoyé le clan de Sonatrach, comme Hassani, Boumdhal et Djouad, on prenait nos responsabilités avec un respect mutuel. La subvention de Sonatrach ne couvrait pas toutes nos dépenses. Et je le dis pour la première fois, j'ai dépensé de mon propre argent, sans que je sois indemnisé à ce jour. D'aucuns pensent que Sonatrach est derrière certains problèmes du Mouloudia puisqu'elle n'a rien laissé au club, après une gestion de plus de 30 ans, qu'en pensez-vous ? Je reconnais que Sonatrach pouvait faire mieux que ce qu'elle a réalisé, surtout dans les années 1990. Tous les P-DG qui se sont succédé à la tête de la société pétrolière, à commencer par Zouiouèche, en passant par Bouhafs et Yousfi, l'actuel ministre de l'Energie et des Mines, ont essayé d'aider le club et avaient tous un projet ambitieux qui consistait à bâtir un centre de formation dont bénéficieraient le Mouloudia et l'Equipe nationale. Et pour éclairer l'opinion publique, Sonatrach ne gaspillait pas son argent, le budget de la section football était limité. Qui est le responsable à votre avis, pour que ces projets tombent à l'eau ? Jusqu'à présent, je n'ai pas compris ce qui s'est passé. Il y avait, certes, des obstacles, mais ce sont les gens que nous avons chargés de négocier avec l'ex-ministre de l'Energie et des Mines, Chakib Khelil, que je culpabilise. Je ne veux pas citer les noms de ces personnes, puisqu'ils sont connus par tout le monde et sont toujours en place. En dépit de leur niveau d'instruction et leur culture générale vaste, ils ont été floués lors de la réunion de l'époque. Ils sont sortis sans signer de contrat qui garantisse les droits du Mouloudia. On dirait qu'ils avaient hâte de se débarrasser du club. Ces gens ont commis un crime contre le club. Kamel Abdelouahab a déclaré que le Mouloudia a une dette de 30 milliards contractée par Sonatrach, qu'en pensez-vous ? Je vous ai dit que les dirigeants qui se sont réunis avec Chakib Khelil n'ont signé aucun protocole, il n'y a aucun document qui prouve que ces responsables ont signé un contrat de parrainage avec la société pétrolière pour protéger les droits du Mouloudia. L'accord de 2008 était verbal seulement. Les responsables de Sonatrach ont profité de l'occasion et ont cessé de subventionner le club. Pensez-vous que le retour du Mouloudia à Sonatrach soit possible avec cette histoire des 30 milliards ? Il faut oublier cette histoire des 30 milliards et chercher le coupable qui a fait perdre les droits du MCA. Le Mouloudia a connu des exploits avec Sonatrach et devra revenir à Sonatrach, mais avec un projet clair. Il faut penser aux jeunes par exemple. Djouad soutient qu'il n'y a aucun règlement qui autorise le retour du Mouloudia à Sonatrach... Je vous révèle que je suis candidat à la présidence du club lors du prochain mandat et je vais convaincre Sonatrach de reprendre le Mouloudia. Si je ne gagne pas deux titres, trois ans après, je ne remettrai plus les pieds au club. Quel sera votre projet ? Reprendre les 13 sections que nous avons cédées en 2008 à Sonatrach. Dans le cas contraire, je les relancerai à nouveau. Pour la section football, je me focaliserai sur la catégorie des juniors et je promets aux supporters des titres, trois ans après seulement. Je mettrai fin au bricolage. Etes-vous d'accord avec Djouad qui a déclaré que vous n'avez pas besoin de 50 milliards pour gérer un club de Ligue 1 ? Absolument. Lorsqu'une équipe comme l'USMH se retrouve dans le dernier carré de la Coupe d'Algérie avec une dépense de 2 milliards, alors que le Mouloudia avec ses 24 milliards se bat pour le maintien, vous comprendrez tout. Quelle est la surprise dont parle Marif pour le 6 avril ? On a l'impression de regarder un feuilleton égyptien. Je suis persuadé qu'il n'y aura aucune surprise. Tout ceci n'est que de la poudre aux yeux des supporters. C'est une carte de rechange qu'ils vont jouer, après celle de Loungar. Cela dit, Marif n'est pas le seul responsable. Je lui reproche de ne pas avoir assez aidé le Mouloudia lorsqu'il était à la présidence.