Dans cet entretien pas comme les autres accordé en exclusivité à OLTV, Karim Benzema revient sur sa longue histoire avec l'Olympique Lyonnais et ses objectifs avec le Real Madrid Dans cet entretien pas comme les autres accordé en exclusivité à OLTV, Karim Benzema revient sur sa longue histoire avec l'Olympique Lyonnais et ses objectifs avec le Real Madrid * Karim, on va revenir sur ta carrière à l'Olympique Lyonnais. Te rappelles-tu quand tu es rentré dans ce club, tu étais un gamin de neuf ans ? Franchement oui, je m'en rappelle. J'étais là juste derrière la cage du terrain de la CFA. A l'époque, il y avait Rémy Riou, Sandy Paillot, des joueurs qui aujourd'hui sont professionnels. * C'était déjà un rêve de jouer à l'Olympique Lyonnais ? Oui, c'était déjà un rêve, même si j'étais encore petit pour dire que j'allais être footballeur professionnel. Mais c'était déjà un rêve de jouer à l'Olympique Lyonnais venant du quartier d'où j'étais originaire. Tout le monde était très content déjà, même si je n'avais que neuf ans. * Parles-nous de tes premiers pas au centre de formation ? Ça a été difficile. Je dirais de 9 ans jusqu'à 13-14 ans, c'était pasmal, je faisais de très bons matchs, j'étais bien. Après quand je suis passé au centre, j'ai eu une ou deux années où c'était difficile et où j'ai vraiment appris. Çam'a beaucoup aidé d'être au centre et de ne pas rester dansmon quartier. Je remercie encore tout le monde. J'avais un entraîneur, Armand Garrido, quim'a fait beaucoup travailler et quim'a permis d'avancer dans cette période difficile. * Avais-tu besoin de ses conseils ? Oui, il fallait qu'on me pousse pour que quelque chose sorte de moi, et c'est ce qui s'est passé. * Ta famille aussi te poussait ? Oui, toujours. Ils sont toujours là,même les amis. C'est vrai que dans ma famille, tout le monde aime le foot.Donc ça fait plaisir quand tu as toute une famille comme ça aussi soudée qui est derrière toi et qui ne lâche rien. * 15 ans, te dis-tu, ça y est je vais être pro ? Non, la saison des moins de 15 ans, c'était avec Abdel, l'adjoint de Garrido. Je faisais quelques matchs avec Garrido. Cette saisonlà a été très difficile. C'est à partir des moins de 16 ans que je me suis mis dans la tête qu'il ne me manquait pas grand-chose pour m'accrocher et devenir professionnel. * Quand tu signes ton premier contrat pro, comment cela se déroule ? J'étais aux Championnats d'Europe, je n'avais pas encore de contrat. On a gagné le championnat d'Europe. J'étais le seul en équipe de France à ne pas avoir de contrat. Puis le club m'a tout de suite appelé pour un contrat pro. J'avais d'autres clubs qui s'intéressaient à moi mais j'avais fait toute ma formation à Lyon. Je n'avais donc pas envie de signer professionnel ailleurs qu'à Lyon. Quand j'ai signé, ça a été un rêve qui se réalisait. * Avec qui as-tu commencé à t'entraîner ? J'ai commencé à m'entraîner avec Paul Le Guen. Il m'appelait pour doubler les postes quand il manquait un arrière gauche, un milieu de terrain. A partir de ce moment, c'était clair dans ma tête, je serai footballeur professionnel. J'ai accéléré pour y arriver. * Paul Le Guen est-ce vraiment lui qui te met le pied à l'étrier en pro ? Oui, c'est lui qui est venu me chercher. J'étais à l'école, je me rappelle. Il est venu me chercher pour remplacer à l'époqueWiltord etMalouda contre Sochaux. Ils étaient malades. J'y suis allé, je me suis entraîné. A l'époque, il y avait dans le groupe Abidal, LamineDiatta... * Et là, te dis-tu que tu es sur une autre planète"? Pas sur une autre planète, mais très content déjà. J'avais 16 ans et demi. J'étais très content. Mes potes l'étaient aussi pour moi. Ceux du centre étaient heureux. Donc oui, j'étais vraiment content. * Et c'est là que tu vas faire ce fameux discours ? Oui, c'était contreMetz. C'était la veille d'un match. Il y avait Lamine Diatta,Wiltord, Abidal, Govou, ils étaient tous en train de me chambrer. J'étais très timide. Ils me disaient: «Tu vas faire un discours», et moi je disais : «Oui, c'est bon, laissez moi tranquille !» Après manger ils ont commencé à taper sur les verres. Je suis devenu tout rouge, je n'arrivais plus à parler. Je me suis levé. J'ai commencé à parler. Ils se sont tous mis à rigoler. «Bon ben, arrêtez de rigoler, si je suis là, c'est pour prendre vos places… » Après, ils m'ont applaudi. Ils dansaient sur les tables. C'était marrant. * Un bon souvenir ? Oui, très bon. * Après, tu as cette période avec Gérard Houllier. Tu as continué à gagner de l'expérience ? Oui, Gérard Houllier est un très grand entraîneur. Il m'a fait progresser. Il m'a fait débuter de gros matchs, il m'a mi en confiance. Il m'a ouvert les yeux sur ce que je pouvais faire. C'est grâce à lui qu'aujourd'hui j'ai confiance en moi. * Tonmodèle a toujours été Ronaldo, même si tu n'y pensais pas avant, Ronaldo c'est quelqu'un d'important... C'est le meilleur de toute l'histoire du football. Pour moi, c'est un gars qui a toutes les qualité qu'un joueur rêve d'avoir * Aller jouer au Real, c'est pour toi le rêve de gosse qui se réalise ? C'est tout ce que je souhaitais quand j'étais jeune. De toute façon, moi ou tous mes proches, même dans le quartier, n'aimons que le Real, ça tombe bien, mais c'est vrai. Quand j'avais 16/17/18 ans, il n'y avait que cette équipe qui me faisait rêver. * Te retrouver avec des joueurs comme Ronaldo, Kaka, c'est.... Ce sont de grandes stars, j'aurais aimé qu'il y ait Ronaldo, le vrai numéro 9.Mais c'est vrai, ce sont de grands joueurs, des Ballons d'Or. J'ai tout à apprendre à leurs côtés. * Bernard Lacombe, que peux-tu dire de lui ? De Bernard, je peux dire plein plein de choses. C'est la personne qui a été la plus importante dans ma carrière de footballeur. On sait le nombre de buts qu'il a mis à Lyon. Ilm'a pris sous son aile. Je lui suis redevable aujourd'hui de tout le bien qu'il a pu me faire à moi ainsi qu'à toute ma famille. Chaque fois que ça allait ou que ça n'allait pas, on se voyait dans son bureau. Je venais souvent sur le terrain de Gerland avec lui la veille des matchs. Onmarchait sur le terrain et il me disait demain tu en mets deux, demain tu en mets un… Je le remercie. De toute façon, je vais rester en contact avec lui, car c'est quelqu'un que j'apprécie énormément. * Il te surnommait « Le Gamin »... Oui, tout le temps. Même quand je faisais une mauvaise passe, il disait : «Eh gamin, qu'est-ce que tu fais ?» Parce que lui quand il commente un match, il le vit, c'est comme s'il le jouait. Ce que j'aimais chez lui, c'est qu'il était vrai avec moi. Il me disait mes défauts et mes qualités. C'est ce que j'ai apprécié énormément chez lui. * Si tu lui laissais un message, que lui dirais- tu ? Je lui dirais : Bernard, la vie continue. Je poursuis mon chemin. Mais en tout cas, je te remercie vraiment pour tout ce que tu as pu faire pour moi. De toute façon, on garde contact. J'espère que tu viendras souvent me voir à Madrid pour voir mesmatchs. Je te dis encore merci. * Et puis, tu es sûr qu'il va te demander ton maillot... C'est sûr qu'il l'aura le premier. Il y a quelques semaines, tu avais affirmé vouloir rester à Lyon jusqu'après le Mondial. * Pourquoi avoir changé d'avis ? Parce qu'ilm'était impossible de refuser une offre du Real Madrid pour jouer avec Kaka et Cristiano Ronaldo. Si Ronaldo mon idole était là, ç'aurait été la totale. J'avoue aussi que lorsqu'il est venu me voir chez moi à Lyon,M. Florentino Pérez a su trouver les mots justes pour me convaincre. Un président qui se déplace personnellement au domicile du joueur et qui lui parle en français, cela pèse dans une décision. Il n'a eu besoin que de quelques minutes pour me convaincre. * Combien de buts comptes-tu inscrire avec le Real ? Je ne peux pas donner un chiffre précis, mais je compte en inscrire beaucoup. Ce ne sera pas très difficile avec des joueurs comme Kaka, Cristiano Ronaldo, Higuan et les autres à mes côtés. * Zidane a-t-il pesé dans ta décision de signer au Real ? Oui, car Zinédine Zidane a été un symbole au Real. Quand j'étais enfant, je disais toujours à ma mère que je ferais comme Zidane. En jouant comme lui au Real, j'ai déjà franchi un pas. * Qu'as-tu ressenti en voyant 30 000 supporters à ton accueil au stade Bernabeu ? J'étais ému. Par cet accueil, les supporters madrilènes ont prouvé qu'ils savent valoriser leurs joueurs, je les en remercie. * Etes-vous prêt à détrôner Raul ? Je ne suis pas là pour prendre la place de qui que ce soit. Je suis là d'abord pour apprendre et pouvoir apporter quelque chose à mon nouveau club et à l'équipe de France. * Vous êtes le seul joueur à être présenté sans numéro. Lequel préfères-tu ? J'espère prendre le 10. * A quoi pensais-tu dans l'avion qui t'a ramené de Lyon à Madrid ? J'ai beaucoup plaisanté avec mon frère et mon agent, avant de monter dans l'avion histoire de décompresser un peu. J'ai dormi un peu, parce que je savais qu'une journée très durem'attendait à Madrid. Ensuite, j'ai essayé d'imaginer comment allait être l'accueil, mais je n'ai jamais pensé qu'il allait être aussi grandiose. In OLTV