Malouda : «J'ai revu les vieux démons.» Blanc : «Ces tensions font partie de la vie d'un vestiaire.» Le Graët : «On n'est pas la meilleure équipe du tournoi.» Une dispute aurait éclaté dans les vestiaires de l'équipe de France, suite à la défaite face à la Suède (2-0) pour le dernier match du premier tour de l'Euro 2012 dans le groupe D. Principal visé par les critiques, Samir Nasri n'a pas apprécié les remarques de ses coéquipiers. Dans le même temps, Hatem Ben Arfa a invité Laurent Blanc à le renvoyer à la maison. Laurent Blanc souhaite s'inspirer du jeu du FC Barcelone, reconnu par tous comme une référence au niveau mondial. Avec Xavi, Andres Iniesta et Lionel Messi, les passes en première intention fusent et optimisent les déplacements des joueurs offensifs. Avec Samir Nasri, c'est un peu moins évident. Le meneur de jeu français, dont l'aisance balle aux pieds n'est plus à prouver, a toujours tendance à trop garder le ballon quand une passe vers l'avant pourrait rendre le jeu des Bleus plus tranchant et efficace. Nasri critiqué par ses coéquipiers Ajouter ce défaut à une implication défensive mitigée pour ne pas dire plus a suffi à faire du Citizen la cible de ses propres coéquipiers, à commencer par Alou Diarra et Karim Benzema. Orgueilleux, celui qui avait invité les journalistes à se taire suite à son but contre l'Angleterre, n'a pas apprécié ces critiques, et l'a vivement fait comprendre au reste du groupe, d'où un début de dispute largement relayé par la presse. Ben Arfa a demandé à partir Aussi étrange que cela puisse paraître, Hatem Ben Arfa aurait dit à son coéquipier qu'il ne lâchait pas assez le cuir. Qu'un tel adepte du gri-gri en arrive là montre qu'il y a vraiment un problème. Cet agacement résulte, surtout, du fait que le joueur de Newcastle ait du mal à vivre son statut de doublure, au profit de joueurs qu'il considère comme moins bons que lui. Le numéro 20 a profité d'une remarque de Laurent Blanc, qui lui reprochait logiquement de téléphoner dans le vestiaire, pour lui dire ce qu'il pensait de cette situation, allant même jusqu'à l'inviter à le renvoyer en France si besoin. Cette attitude, aux antipodes de l'esprit de groupe affiché ou plutôt vanté par les Bleus, pourrait laisser des traces. Si chacun joue pour sa pomme, la France risque d'être ridicule samedi. Ben Arfa à Blanc : «Il y a plus nul que moi sur le terrain» On apprend aussi que Laurent Blanc et Hatem Ben Arfa auraient un vif échange lors de cette fameuse mise au point dans la foulée de la défaite contre la Suède. Le joueur de Newcastle était, en effet, en train de pianoter sur son portable, lorsque le sélectionneur lui aurait demandé "(s'il) ne voulait pas appeler sa famille, tant qu'il y était". Vexé, Ben Arfa se serait mis à reprocher à Blanc sa sortie du terrain à l'heure de jeu, considérant qu'il y avait "plus nul que lui sur la pelouse". Boghossian s'en prend à Mexès Le staff technique n'a pas non plus laissé souffler les joueurs, Alain Boghossian tançant en public Philippe Mexès pour son carton jaune, qui le prive du quart de finale. Ribéry, Anelka, Henry, Gourcuff, les précédentes affaires des Bleus Une concurrence malsaine n'amène rien de bon, comme en témoigne le match amical perdu face à... l'Espagne justement, quelques mois avant la Coupe du monde 2010 en Afrique du Sud. Entre un Franck Ribéry qui ne faisait pas les efforts parce qu'il jouait à droite, un Thierry Henry énervé de jouer à gauche et pas en pointe, un Nicolas Anelka qui n'écoutait déjà plus les consignes de son entraîneur, et des joueurs qui ne voulaient pas de Yoann Gourcuff en meneur de jeu, les Bleus avaient livré une prestation nauséabonde. ------------------ Malouda : «J'ai revu les vieux démons» A l'occasion de son blog vidéo sur Le 10 Sport, vous aviez déjà pu apprécier la franchise de Florent Malouda. Dans l'univers très policé en apparence de l'équipe de France, celle-ci tranche une nouvelle fois. Et les mots du joueur de Chelsea comptent puisqu'ils ont été muris depuis hier soir, l'ancien Guingampais préférant esquiver mardi les journalistes. « C'est l'expérience ça. La défaite a réveillé des démons. Je ne voulais pas m'exprimer devant les médias. On peut faire très mal en parlant à chaud. » «Le coach a dû arrêter l'entraînement car des joueurs étaient nonchalants» Même à tête reposée, Malouda va titiller l'égo de ses coéquipiers. Sans détours, le Guyanais évoque la mauvaise attitude des Bleus : «La veille, Laurent Blanc a arrêté l'entraînement parce qu'il trouvait qu'il y avait de la nonchalance, qu'on ne préparait pas ce match pour le gagner. C'est comme si on était en ville et on nous a proposé de faire un match. Mais comme dit Jean-Louis (Gasset), on n'est pas là pour partir à Punta-Cana en claquettes. Au niveau de l'attitude, on n'a pas été au niveau de la compétition sur le match d'hier. » «On s'envoie des missiles entre nous» Trop calmes avant la rencontre, les Bleus auraient été bouillants dans le vestiaire après le revers face aux Suédois. Les critiques ont fusé. « On s'envoie des missiles entre nous. Dans le vestiaire, il faut parfois s'envoyer quelques rafales. C'est plus de l'énervement par rapport à la prestation d'ensemble. Le message, c'est qu'il faut un équilibre entre les objectifs individuels et la performance de l'équipe. Si on bascule dans l'excès, ça peut être contagieux et faire dérailler la machine. » Malouda reconnaît, là, que des joueurs de l'équipe de France ont pêché par excès de confiance et d'individualisme. ------------------ Blanc : «Ces tensions font partie de la vie d'un vestiaire» Laurent Blanc n'a pas non plus cherché à éviter le sujet. Attendu au tournant face à cette première "minicrise" qui frappe un groupe jusqu'alors invaincu depuis 23 matches, le sélectionneur a expliqué que les tensions "faisaient partie de la vie d'un vestiaire, surtout en cas de défaite", encourageant ses joueurs à "se dire les choses" quand ils le ressentent. ------------------ Le Graët : «On n'est pas la meilleure équipe du tournoi» La défaite de l'équipe de France, mardi face à la Suède (0-2), n'a pas douché l'optimisme de Noël le Graët. Le président de la FFF, s'il reconnaît que les Bleus ont failli, tire un bilan positif de la compétition avant d'affronter l'Espagne, samedi en quart de finale. «On était peut être déjà qualifiés trop facilement avant ce match (NDLR : face à la Suède) », reconnaît l'ancien président de l'En Avant de Guingamp au micro de RTL. «Si on juge l'équipe de France sur ce match, on peut dire que les Suédois sont au-dessus. Mais n'oubliez pas qu'ils sont éliminés, donc on a fait mieux qu'eux dans la compétition», tient à préciser l'homme fort du football français. Le Graët réfute, par ailleurs, l'idée selon laquelle il aurait cédé à un excès d'optimisme après la victoire des Bleus face à l'Ukraine. «Personne n'a déclaré qu'on était la meilleure équipe, se défend-il. J'ai vu des éditos dans certains journaux samedi dernier extrêmement flatteurs, même trop flatteurs. Avec Blanc, on a dîné tous tranquillement. J'ai pris la parole, Laurent a ensuite réuni les joueurs. Ce matin, tout le monde est en bonne intelligence pour bien se comporter samedi», explique le président de la FFF. ------------------ Boghossian (ent. adjoint) : «Ce n'est pas comparable à ce qui s'est passé en Afrique du Sud» Présent, jeudi matin, en conférence de presse, Alain Boghossian, l'un de ses adjoints, a aussi été interrogé sur cet après-match. Déjà du voyage en Afrique du Sud, il y a deux ans, aux côtés de Raymond Domenech, pour le fiasco que l'on sait, il a joué l'apaisement. «Ce n'est pas du tout comparable (avec Knysna)», a rapidement désamorcé le champion du monde 98. «On est complètement passés à côté de notre match. Donc, à l'issue de ce match, il y a eu des altercations, enfin des échanges, entre joueurs et je crois que c'est tout à fait normal. Le contraire aurait été dommage». Boghossian a, également, assuré qu'il n'y avait «rien de cassé» dans ce groupe France. Blanc et Ben Arfa «se sont serré la main» Il est, par ailleurs, revenu sur l'accrochage supposé entre Laurent Blanc et Hatem Ben Arfa. «Il n'y a pas eu d'accrochage plus que ça. C'est une discussion, un échange... Les deux personnes concernées se sont expliquées et Laurent Blanc a remis tout à plat. Ils se sont serrés la main et il n'y a aucun souci de ce côté-là.» Pas plus qu'entre lui et Philippe Mexès («Je n'ai aucun reproche à faire à Philippe et d'ailleurs je ne lui en ai pas fait. Ce qui s'est passé dans le vestiaire, j'espère que ce sera un plus pour le match de samedi». Jour où la France jouera son avenir dans cet Euro contre l'Espagne, championne du monde et d'Europe en titre. ------------------ Del Bosque :«La France, l'adversaire le plus difficile» Vincente Del Bosque n'a visiblement pas oublié l'Euro 2006 et ce match où l'Espagne, pourtant donnée largement favorite, s'était inclinée 3-1 face à l'équipe de France de Zinedine Zidane. Même si les temps ont bien changé, il se méfie toujours des Bleus. "Ils sont sans aucun doute l'adversaire le plus difficile des trois (Angleterre, Ukraine ou France, ndlr) que nous aurions pu rencontrer", raconte-t-il à la radio Cadena Cope, bien que la France n'ait terminé que deuxième de son groupe après un match catastrophique contre la Suède. Le sélectionneur espagnol craint avant tout le secteur offensif tricolore. "Ils vont jouer comme ils savent le faire et essayer de prendre l'initiative. Je ne m'attends pas à ce qu'ils jouent défensivement mais ils auront sans doute du travail en défense. Nous verrons bien ce qu'il va se passer. Les Français ne souffrent d'aucun complexe d'infériorité, mais nous non plus."