Doukha : «J'ai frôlé la mort.» Belkaroui : «Sur le terrain on les battus, les trois points nous reviennent de droit.» Le président de l'USMH, Mohamed Laïb n'a pas mâché ses mots pour relater les évènements qui se sont déroulés au stade du 20-Août de Béchar. «Il n'y a pas d'envahissement de terrain. Comment qualifier l'acte d'envahissement, alors que nos supporters ont fui les armes blanches et les différents projectiles qu'ils ont reçus. Que voulez-vous qu'ils fassent ? Ils ont tout essayé pour éviter d'être massacrés. » Il enchaîne en déplorant la mauvaise organisation des responsables de la JSS. «C'est la faute aux organisateurs. Je peux même dire qu'il y a eu connivence. Nos supporters n'ont pas envahi le terrain suite à une contestation de décision arbitrale. Ils ont tout simplement échappé à la furia des supporters adverse. Un de nos joueurs à savoir Belkaroui a été blessé alors que Doukha a échappe à la mort suite au lancement d'un fumigène par les supporters adverses. Notre bus a été saccagé et nous avons fait le trajet stade-hôtel dans des conditions lamentables. Il y a des joueurs qui souffrent de quelques traumatismes.» Se refugier pour sauver sa vie ne peut être qualifié «d'envahissement de terrain » A travers ce qui a été mentionne sur la feuille du match par l'arbitre, cela pourrait prêter à confusion, car on peut comprendre que les deux parties soient fautives. Or, ce n'est le cas. Les supporters de USMH ont pénétré sur le terrain pour sauver leur vie avec, faut-il le préciser, l'accord de la police locale qui pour éviter que les 400 supporters harrachis soient massacrés par les milliers de voyouss de la JSS a décidé d'ouvrir les portes aux supporters de l'USMH. Dépassée, la police n'avait pas d'autres alternatives pour assurer la sécurité des supporters harrachis que de les évacuer vers l'endroit le plus sécurisant, à savoir le terrain. Donc, le mot ou plutôt l'expression «envahissement de terrain» n'est pas le qualificatif qui sied le mieux pour interpréter ce qui s'est passé. Sous l'effet de la pression, Abid Charef, l'arbitre, devait rédiger son rapport sans rentrer dans le détail. Les conditions dans lesquelles il y était ne peuvent lui permettre de raconter en détail ce qui s'est réellement passé. Un arbitre est un être humain et donc, il pense plus à sauver sa vie, c'est compréhensible. --------------- Chronologie d'un guet-apens annoncé Si l'on tient compte de certains détails par lesquels se sont manifestés les responsables de l'équipe adverse dans les heures qui ont précédé le match, et dont nous étions témoins, on peut dire que les incidents qui se sont déroulés étaient apparemment programmés bien à l'avance. Le scenario ressemble beaucoup à celui du match Egypte-Algérie. Jugeons-enL'histoire du bus Dès l'arrivée à l'hôtel de la délégation harrachi, les responsables de l'USMH ont demandé à leurs homologues de la JSS de mettre à leur disposition un bus pour les transporter au stade pour une séance de décrassage comme ils ont pris l'habitude de le faire dans tous leurs déplacements. L'accord verbal a été donné. Mais le bus n'est jamais arrivé à l'hôtel. Doukha et ses camarades ont dû attendre plus dune heure, vainement. Les responsables de l'USMH se sont débrouillés seuls pour avoir le bus. Les Espoirs ont été mis au courant de ce qui allait se passer Le lendemain matin, les Espoirs de l'USMH devaient rencontrer leurs homologues de la JSS. Là, les supporters de la JSS ont donné un aperçu de ce qui allait se passer quelques heures après. Des provocations suivies d'intimidations de la part des supporters et responsables de l'équipe adverse, à l'adresse des joueurs de l'USMH et envers le trio arbitral. Les jeunes Harrachis s'inclinent par 1-0 sur un but inscrit de la main. A la fin du match, un agent de l'ordre, envahi par un sentiment de peine envers les jeunes de l'USMH, leur a demandé de ne pas assister à la rencontre des seniors pour éviter d'être la proie des supporters de la JSS. Les joueurs harrachis sont intimidés par des proches de la JSS devant les vestiaires Dès leur sortie des vestiaires pour aller s'échauffer, les joueurs de l'USMH subissent déjà la pression de certains proches de la JSS qui tentent d'intimider Amada et ses camarades en leur proférant toutes sortes de menaces. Quelques minutes après sur le terrain, les Jaune et Noir sont insultés par les supporters de la JSS. Trois supporters de la JSS pénètrent sur le terrain Pendant le match en première mi-temps, trois supporters de la JSS pénètrent sur le terrain et pour intimider les joueurs de l'USMH et ce, sous les yeux du trio arbitral et du délégué. Un fumigène lancé en direction de Doukha L e match commence et Doukha le gardien harrachi qui réalise un début de match sans faute, subit la pression de l'équipe adverse et celle de ses supporters. Il a failli être touché par un fumigène lancé à partir des tribunes. A la mi-temps le directeur du stade fait pression sur l'arbitre A la mi-temps du match, le directeur du stade, un ancien arbitre, fait pression sur Abid Charef. Il lui affirme que la ville de Béchar bouillonne après ce premier but de l'USMH, et lui fait part des conséquences graves si jamais la JSS perd sur son terrain. Après le 2e but de l'USMH, les supporters de la JSS bouillonnent Au retour des vestiaires, les Jaune et Noir marquent un deuxième but par Belkaroui qui provoque un bouillonnement parmi la galerie de la JSS. Ces derniers n'en peuvent plus. Ils foncent en direction des fans harrachis en traversant l'extension d'une tribune toujours en chantier. Les fans sont bombardés de projectiles. Les supporters de l'USMH pris en sandwich N'ayant pu résister au bombardement, les supporters de l'USMH tentent de s'échapper et là, ils sont à nouveau bombardés par d'autres supporters de la JSS venus en sens inverse. Ils sont pris en sandwich. Ils veulent escalader le grillage pour sauver leur peau, mais n'arrivent pas. La clôture est assez haute. C'est là que les agents de l'ordre décident de leur ouvrir la porte pour les évacuer. --------------- Après les incidents de Béchar L'USMH exige une commission d'enquête Après s'être remis des dépassements graves qu'ils ont endurés à Béchar samedi soir, les responsables, les joueurs ainsi que les supporters de l'USMH sont tous préoccupés par les décisions que la Ligue nationale de football prendra, après l'étude du dossier de ce match JSS-USMH, arrêté à la 68' sur décision de l'arbitre Abid Charef. Ce dernier, appliquant strictement les dernières instructions du président de la FAF, Mohamed Raouraoua, a tout mentionné dans son rapport. Par ailleurs, si les dirigeants de la JSS ne doutent pas d'avoir gain de cause dans cette affaire, les Algérois de l'USMH sont, pour leur part, certains et rassurés quant à une issue favorable à leur team puisqu'ils considèrent que l'arbitre Abid Charef a bel et bien mentionné sur sa feuille de match qu'il n'y avait pas assez d'éléments du service d'ordre pour assurer une bonne organisation et une meilleure sécurité dans les gradins. D'autre part, nous apprenons que des dirigeants de l'USMH ont déjà sollicité le président de la Ligue nationale, pour désigner une commission d'enquête à même de pouvoir situer les responsabilités de toutes les parties sur ces graves incidents vécus à Béchar. Le verdict attendu demain Les supporters de l'USMH et ceux de la JSS attendent avec un grand intérêt le verdict que devrait rendre la LNF, demain, au sujet de l'affaire JSS-USMH. Ainsi, cette instance, qui siégeait d'habitude les dimanches pour étudier les dossiers des rencontres du championnat, a décalé d'une journée sa réunion. De lourdes sanctions sont attendues, eu égard à la gravité des incidents enregistrés dans ce match. --------------- Doukha : «J'ai frôlé la mort» D'abord, un commentaire sur ce qui s'est passé... Que puis-je vous dire, puisque vous avez assisté à tout. C'est regrettable qu'un match de football se termine par de tels incidents. Je n'arrive pas à comprendre les raisons de cette violence déclarée des supporters de la JSS. Nous sommes venus jouer un match et non pour être agressés de la sorte. Moi-même, j'ai frôlé la mort au moment où on a lancé sur moi un fumigène tombé juste à 30 centimètres de l'endroit ou j'étais. Après cette victoire face à un adversaire qui a raté quelques bonnes occasions, peut-on dire que l'USMH a eu de la réussite ? C'est certain qu'en football, la chance occupe une large place, mais ce que nous sommes en train de réaliser n'est que le fruit du travail. Avec mes coéquipiers, cette victoire nous la voulions. Il nous fallait prendre des risques devant une équipe qui est de grande qualité, et d'ailleurs elle nous a causé beaucoup de problèmes. Dieu merci, nos efforts ont été récompensés car notre victoire est méritée. Encore une fois, vous avez contribué au succès de votre équipe. Qu'est-ce que cela vous fait ? Cela fait toujours plaisir à un joueur de contribuer au succès de son équipe. Au fond, je me sens très fier. Mais pour moi, le plus important est cette victoire qui nous permet de rester en tête du classement. Heureux, donc, après tout cela... Je suis très heureux, comme tous mes coéquipiers. Pour ce qui est de ce match, le plus important est que nous l'ayons gagné. Il ne faut pas croire que cela a été facile devant une équipe qui renferme de très bons éléments. Nous avons varié nos attaques, et c'est surtout un manque de chance qui nous a empêchés de marquer d'autres buts. Je pense que nous avons accompli notre mission et qu'il nous faut continuer dans cette voie. --------------- Les blessés ont quitté l'hôpital Les supporters de l'USMH blessés, qui ont été évacués à l'hôpital de Béchar, ont tous quitté cet établissement hospitalier le soir et le lendemain des incidents. Certains d'entre eux ont aussitôt regagné Alger. Le bus des joueurs pris pour cible Le retour à Alger n'a pas été une sinécure pour les joueurs de l'USMH qui ont dû attendre longtemps à l'hôtel avant de pouvoir prendre la direction de l'aéroport. Il faut dire que le bus qui les a transportés du stade jusqu'à l'hôtel a été pris pour cible par des fans de la JSS, surexcités. Bombardé de projectiles, il a été fortement endommagé. Belkaroui : «Sur le terrain on les battus, les trois points nous reviennent de droit» Belkaroui était très daéçu en fin de rencontre, à cause de tout ce qu'il a vécu à Béchar. Interrogé à propos du déroulement de cette empoignade, il nous dira : «Je crois que tout le monde a vu que nous avons dominé outrageusement cette rencontre. On a été bien meilleurs que notre adversaire. Il faudra attendre la décision de la ligue, tout en espérant qu'elle nous sera favorable. En toute sincérité, on mérite les trois points parce que nous les avons acquis sur le terrain.»