«J'ai conclu ce match avec lui il y a trois semaines.» Dans la sélection de l'ex-Yougoslavie, deux joueurs bosniaques émergeaient : Vahid Halilhodzic et Safet Susic. Ils avaient joué plusieurs années dans le même pays, la France, et avaient même été coéquipiers durant la saison 1986-1987 au Paris Saint-Germain. Aujourd'hui, ils sont tous deux sélectionneurs, l'un en Algérie, l'autre en Bosnie-Herzégovine. Liés par une profonde amitié, ils seront opposés, le 14 novembre prochain, au stade du 5-Juillet à l'occasion d'un match amical qui opposera les deux sélections. Susic nous parle de ce match et aussi de ses souvenirs avec le football algérien. Qu'est-ce que cela vous fait de retrouver Vahid Halilhodzic, votre compatriote qui jouait en même temps que vous en France dans les années 80 ? Ça fait toujours plaisir de retrouver Vahid. Nous nous appelons souvent au téléphone. Cela fait quelque temps que nous ne nous sommes pas vus, mais je suis content de le retrouver la semaine prochaine, à l'occasion du match amical qui nous opposera à la sélection d'Algérie. Est-ce qu'il vous a consulté, avant de conclure ce match ? Ah, oui ! Ça fait quelque temps que nous évoquions la possibilité de disputer un tel match. Cela avait commencé il y a 6 ou 7 mois où il m'avait demandé si j'étais intéressé par un tel match. A ce moment-là, il était plutôt question d'un tournoi pour célébrer la fête d'Indépendance de l'Algérie. Je lui avais répondu que pour un match, c'était OK, mais pas pour un tournoi, car nous ne pouvions pas faire une tournée dans un pays avec la rareté des dates FIFA. Nous ne pouvions pas réunir les joueurs pour un tournoi. Il m'a rappelé il y a trois semaines pour me demander si j'étais toujours intéressé par un match amical unique contre l'Algérie, et j'ai accepté. Quelle a été votre principale motivation en acceptant ce match ? Est-ce votre amitié pour Vahid Halilhodzic ou bien l'intérêt d'affronter la sélection algérienne ? Nous avions tout intérêt à accepter ce match parce que le 14 novembre est une date FIFA pour les matchs amicaux et nous n'avions pas d'adversaire pour cette date. Nous cherchions un adversaire intéressant, une bonne équipe et je sais que l'Algérie a de tout temps eu une bonne équipe. De plus, ce sera à l'occasion de la fête d'Indépendance de l'Algérie. Il y aura donc beaucoup de monde dans un grand stade et c'est motivant de jouer de tels matches. C'est pour ça que j'ai demandé à tous les joueurs de la sélection de Bosnie-Herzégovine de venir. Je veux aligner la meilleure équipe possible. Vous gardez certainement de bons souvenirs du football algérien puisque vous avez joué avec Mustapha Dahleb et Salah Assad au Paris Saint-Germain... Ah, oui ! Bien sûr ! Il y a également un troisième Algérien avec qui j'avais joué au PSG : Lyazid Sandjak. Ce sont des joueurs que j'appréciais beaucoup, surtout Dahleb qui était vraiment un très, très grand joueur. Lorsque j'étais arrivé au PSG, il était pratiquement à la fin de sa carrière, ce qui fait que nous n'avions pas beaucoup joué ensemble. Mais il n'y a pas à dire : c'était vraiment un grand joueur. Vous auriez pu constituer un très beau duo au milieu du terrain et même un très beau trio avec Halilhodzic, s'il était resté trois ans de plus au PSG... Oui, cela aurait été certainement intéressant. Malheureusement, je n'ai pu jouer souvent avec Dahleb qui était en fin de carrière et qui, de plus, était souvent blessé. Nous n'avons pas fait beaucoup de matches ensemble, mais lorsque c'était le cas, c'était vraiment extraordinaire de jouer à ses côtés. Vous avez joué au football à une époque où le football algérien était au sommet, l'époque des Madjer, Belloumi et autres Assad, celle de la double participation à la Coupe du monde... Que retenez-vous de cette période faste du football algérien ? Je retiens surtout la victoire en Coupe du monde contre l'Allemagne. C'était un moment fort. Je sais que l'Algérie a toujours eu de bons joueurs. Il y en avait dont le passage en France était marquant, comme Madjer au Matra Racing de Paris. Il y en avait d'autres, mais je ne me souviens pas de tous leurs noms. Vous souvenez-vous de Djamel Tlemçani qui évoluait au FC Rouen et au SC Toulon ? Oui, oui ! Un très bon milieu de terrain. A cette époque, vous jouiez dans la sélection de la Yougoslavie* dont on disait qu'elle était le Brésil de l'Europe, alors que celle de l'Algérie était considérée comme le Brésil de l'Afrique. On suppose que vous avez toujours été fan du jeu technique... Oui, beaucoup, mais il est malheureux de constater que la Yougoslavie et l'Algérie ne s'étaient pas souvent affrontées à l'époque, ce qui aurait certainement donné lieu à de très beaux matches. Personnellement, je n'ai jamais joué contre une équipe algérienne. Cela sera la première fois que j'irai en Algérie. Vous auriez aimé y aller depuis longtemps ? Oui, ça m'aurait fait plaisir de découvrir l'Algérie et d'y jouer. La Yougoslavie et l'Algérie s'étaient affrontées aux Jeux méditerranéens de Split, en 1979. Vous n'y étiez pas ? Non, je n'y étais pas. Je ne me rappelle pas exactement du motif de mon absence, mais je sais que je n'avais pas participé à ce match-là. Quels sont les joueurs algériens actuels que vous connaissez ? A vrai dire, je ne connais pas la composante de la sélection nationale algérienne. Il s'agit d'un match amical et on ne prépare pas un match amical de la même manière qu'un match de qualification. Avant une rencontre à enjeu, je prends le soin de me renseigner sur l'équipe adverse et sur tous ses joueurs. Pour ce qui est de la sélection algérienne, je vais m'atteler cette semaine à m'informer sur les clubs dans lesquels évoluent ses joueurs. Je sais que c'est une très bonne équipe. De notre côté, nous ne viendrons pas juste pour jouer. Nous tenterons de montrer un très beau visage du football bosniaque. Cela dit, il y a bien des joueurs algériens que vous devez connaître, notamment ceux qui ont joué ou jouent encore en France, à l'exemple de Ryad Boudebouz et Karim Ziani, et aussi Sofiane Feghouli qui évolue à Valence... Je connais Ziani qui a joué à Marseille, à Wolfsburg et même à Sochaux, si ma mémoire est bonne. A Wolfsburg, il avait deux de vos joueurs comme coéquipiers : Misimovic et Dzeko... Ah, oui ! Je le suivais dans ses prestations. C'est un très bon joueur. Techniquement, il est très bon. Joue-t-il toujours en sélection ? Non. Vahid Halilhodzic ne le convoque plus, justifiant son choix par le fait qu'il y a actuellement meilleur que lui à son poste. Faites-vous confiance à son jugement ? Vahid a été un grand joueur et il est aujourd'hui un grand entraîneur. S'il a dit ça, c'est qu'il a certainement raison. C'est un entraîneur qui aime les joueurs qui se donnent à fond, qui courent beaucoup dans un match. Il donne aussi leur chance aux jeunes joueurs. Il faut lui faire confiance. On dit de vous que vous êtes un grand connaisseur en football. On dit de Halilhodzic la même chose. Cela promet-il un beau duel entre vous deux ? Il s'agira d'un match amical. Quel que soit le vainqueur, ce n'est pas important. C'est vrai que nos joueurs ne sont pas connus en Algérie, mais nous avons une belle équipe que nous ferons découvrir au public algérien. Je suis persuadé qu'il y aura un très beau match. Il y aura des buts et beaucoup d'occasions de part et d'autre. Les Algériens connaissent quand même certains joueurs bosniaques, notamment Dzeko et Misimovic qui avaient joué avec Ziani à Wolfsburg, le capitaine Spahic qui est passé par Montpellier, Pjanic qui avait évolué à Lyon... Oui, mais les Algériens ne connaissent pas très bien notre équipe. En tout cas, ce sera un beau match. Nous sommes motivés par la perspective de montrer nos qualités au public algérien. Un mot à l'adresse de Vahid Halilhodzic, avant le match ? Depuis que nous avons pris notre retraite de footballeurs, nous jouons des parties de tennis et c'est moi qui gagne le plus souvent. Vahid va certainement tenter de prendre sa revanche sur moi en tant qu'entraîneur de football, puisqu'il ne peut pas me battre en tennis (rires).