Feghouli moins que rien à Grenoble, mais star en Espagne. Des émigrés des années 80 avaient souffert, Mansouri et Maroc ont dû quitter Montpellier. Bienvenue au club ! C'est ce qu'on serait tentés de dire à Faouzi Ghoulam, qui a officialisé son choix de défendre les couleurs algériennes en envoyant sa lettre d'engagement à la FIFA. Par «club», on peut comprendre celui des Verts, lesquels ne manqueront certainement pas de lui souhaiter la bienvenue et de lui faciliter son intégration, comme cela a été le cas pour ceux qui l'ont précédé en sélection. On peut aussi comprendre celui des footballeurs algériens frappés d'ostracisme en France pour avoir choisi l'Algérie aux dépens de leur pays d'accueil. Des émigrés des années 80 avaient souffert, Mansouri et Maroc ont dû quitter Montpellier Ce «club» s'est agrandi depuis les années 80 pour devenir de plus en plus fourni. Cela avait commencé par les Dahleb, Kourichi, Djadaoui et autres Tlemçani que leurs clubs de l'époque, faute d'une loi protégeant les internationaux, rechignaient à les autoriser à rejoindre la sélection nationale. Les cas les plus édifiants ont été ceux de Faouzi Mansouri et Karim Maroc que leur club, Montpellier, refusait de libérer au profit de la sélection pour la CAN-86 et les matches de préparation au Mondial-86, ce qui avait amené la FAF à racheter carrément leurs contrats pour qu'ils puissent jouer pour leur pays sans chantage ni contrainte. Ces deux joueurs l'avaient durement payé en se retrouvant sans club après la Coupe du monde, si bien que Maroc avait dû venir jouer au MC Oran. Bougherra, Amri, Matmour, Yahia et Ghilas ont dû quitter la France pour réussir Depuis, la FIFA a promulgué des règlements obligeant les clubs professionnels à libérer leurs joueurs internationaux deux jours avant un match amical, cinq jours avant un match officiel et deux semaines avant un tournoi continental ou une Coupe du monde. Cela n'empêche pas certains clubs français (pas tous, heureusement) de tricher autrement en marginalisant les joueurs concernés. Plusieurs joueurs algériens ont vécu cette forme d'ostracisme : Madjid Bougherra à Grenoble, Chadli Amri à Metz, Karim Matmour à Strasbourg, Anthar Yahia à Nice, Kamel Ghilas à Cannes... Le tableau n'est pas si sombre puisqu'il y a des Algériens qui ont pu s'imposer en France tels Karim Ziani, Rafik Saïfi, Nadir Belhadj, Foued Kadir, Carl Medjani ou Ryad Boudebouz, mais il reste certain qu'il y a eu marginalisation pour les premiers nommés. Pour preuve, après avoir quitté la France, ils ont joué en première division et se sont imposés dans leurs nouveaux clubs, qui en Ecosse, qui en Allemagne, qui au Portugal... Feghouli moins que rien à Grenoble, mais star en Espagne Et ne voilà-t-il pas que l'on se retrouve avec une nouvelle «fournée» de joueurs algériens voués aux gémonies pour avoir seulement réfléchi à jouer pour l'Algérie ! L'exemple le plus marquant est celui de Sofiane Feghouli, traité presque comme un moins que rien lors de sa dernière saison à Grenoble –pourtant club modeste qu'il a contribué à faire hisser en Ligue 1 –, mais qui fait la une de la presse espagnole à présent qu'il est à Valence, l'un des grands d'Europe. D'ailleurs, ce n'est probablement pas par hasard que ce n'est qu'une fois à Valence que l'international algérien a pu rejoindre les Verts. Même chose pour Yacine Brahimi, qui a eu des problèmes avec Frédéric Antonetti, entraîneur de Rennes, et qui fait son possible cette saison au Granada CF afin de s'imposer et convaincre la direction du club à lever son option d'achat, juste pour ne pas retourner en France. Brahimi, Belfodil et Mandi ont choisi l'Algérie, mais sont bloqués par la CAN C'est un peu pour cela que lui, Ishak Belfodil et Aïssa Mandi sont réticents à annoncer publiquement une décision qu'ils ont déjà prise : ils joueront pour l'Algérie. Il n'y a aucun doute là-dessus, comme l'a clairement laissé entendre Mandi dans l'entretien qu'il vient de nous accorder. Comme leurs clubs n'ont pas été informés, au début de saison, de leur choix, ils ne peuvent pas en parler actuellement au risque de se voir convoqués pour la CAN-2013 et, conséquemment, perdre peut-être leur place au sein de leurs équipes respectives et même, pour certains, se faire ponctionner sur leurs salaires pour une absence qui n'avait pas été prévue. En plus clair, c'est la CAN qui constitue l'unique obstacle à rejoindre les rangs des Verts, car cela menacerait leurs carrières. Pour eux, plutôt rater une CAN que de se mettre en difficulté et compromettre même leur avenir international. Galtier ne peut pas retenir Ghoulam, mais... A présent qu'il a officialisé son choix de l'Algérie, Ghoulam peut être, à son tour, le nouveau «paria» du football français. Son entraîneur à l'AS Saint-Etienne, Christophe Galtier, nous a bien déclaré qu'il ne pouvait pas s'opposer à une éventuelle participation de son latéral gauche à la CAN, mais il n'est pas dit que cette affirmation ne cache pas, en soubassement, une «condamnation» du joueur. Rien ne le dit officiellement, mais c'est un risque. Pour l'instant, trêve de spéculations et souhaitons plutôt la bienvenue à Ghoulam au club des Verts.