Ferguson : «Le titre pour United ou City.» Mancini : «United a un petit avantage cette saison.» L'Angleterre, particulièrement la ville de Manchester, tourne au ralenti cette après-midi, à partir de 14h30. Manchester City (2e) accueillera son voisin de United, leader, pour le match au sommet de la seizième journée. Les deux clubs se disputent une place de leader mais tout en prenant déjà une option pour le titre de champion. Le choc entre les deux grands clubs de Manchester sera l'apogée d'une rivalité vieille de plus de 130 ans, dont l'intensité s'est renforcée de manière spectaculaire ces trois dernières années. «Le plus grand de tous les derbys», a tranché l'entraîneur de United, Alex Ferguson, reconnaissant que la lutte ancestrale avec Liverpool était désormais passée au second plan sportif, après avoir longtemps rechigné à l'admettre. Une véritable guerre entre les vrais Manucuniens et les Banlieusards Le dauphin contre le leader, les nouveaux riches «bleus» propriété du cheikh d'Abou Dhabi contre les «Diables Rouges» au CV bardé de titres, le club des vrais Mancuniens, les «Citizens», contre celui des Banlieusards. Une rivalité née en 1881. Alors que les amoureux de United adorent le surnom de Diables Rouges, ceux de City sont appelés les Citizens. Le clivage n'est pas confessionnel, ni politique, ni social. Il est souvent familial, mais pas toujours, et géographique, selon les partisans de City uniquement. Ces derniers se sont toujours présentés comme les vrais Mancuniens. Ceux d'United, fondé par des cheminots à Newton Heath et désormais installé à Old Trafford, deux localités situées à l'écart du centre, seraient des Banlieusards. C'est pourquoi Carlos Tevez avait été accueilli par des banderoles «Bienvenue à Manchester» après son transfert d'United. Mais cet a priori n'est pas visible dans la ville, pavoisée de rouge autant que de bleu ciel. Les «Citizens» soulignent à l'appui de leur thèse le fait que la grande majorité des fans d'United n'ont qu'un lointain rapport avec la ville, ce qui est inévitable pour un club dont les supporteurs ont récemment été évalués à plus de 350 millions dans le monde entier par le cabinet allemand Sport Markt. Les bleus ciel ont longtemps pu s'enorgueillir de leur modestie face à l'arrogance du puissant voisin, mais la situation a complètement changé depuis 2008 et le rachat de City par le cheikh Mansour d'Abu Dhabi, qui a dépensé plus d'un milliard de livres pour faire de son acquisition un grand d'Europe. Ce sont désormais les «Citizens» qui passent pour les nouveaux riches, pas forcément à juste titre car, selon le magazine américain Forbes, c'est United le club le plus cher du monde. Propriété d'un milliardaire, l'Américain Malcolm Glazer, il vaudrait 2,24 milliards de dollars. City veut se racheter après le fiasco en C1 City espère un résultat favorable lors du derby mancunien pour effacer une bien triste campagne en Ligue des champions. Deuxième de Premier League, le club des Eastlands réalise un parcours sans faute. Après quinze journées de championnat, les Citizens sont toujours invaincus (neuf victoires et six nuls). Aucune équipe anglaise n'est parvenue à mettre à mal les Skyblues. D'ailleurs, les joueurs de Roberto Mancini ne comptent que trois points de retard sur Manchester United. Sorti par la plus petite des portes en C1, le derby mancunien apparaît comme une opportunité de rédemption expresse, une manière de se recentrer et de redéfinir immédiatement les priorités de la saison. Même si c'est United qui est en tête de trois points, City a plutôt les faveurs du pronostic dans le grand derby mancunien entre les deux premiers du classement. Seule équipe toujours invaincue en Premier League, les champions en titre sont presque intouchables dans leur stade, où ils n'ont pas perdu en championnat depuis deux ans. Les «Citizens» restent sur deux succès dans leur face-à-face avec leurs voisins, le fameux 6-1 à Old Trafford puis le 1-0 au retour, décisif dans la course au titre. Même s'ils n'ont pas su se sortir du «groupe de la mort» en C1 face à Madrid et à Dortmund, ils se sont montrés solides ces derniers temps à l'intérieur de leurs frontières, particulièrement en défense. Le gardien Joe Hart n'a encaissé que deux buts en sept matches. United, des certitudes mais aussi des doutes United, au contraire, est apparu parfois fragile et a souvent été mené, comme le week-end dernier à Reading, avant de s'imposer (4-3 dans ce cas), alors que Alex Ferguson ne disposera pas de toutes ses forces. Le derby de Manchester ne tombe pas au meilleur des moments pour United. Alors qu'ils affrontent leurs ennemis jurés et principaux concurrents dans la course au titre, Manchester City, les Red Devils doivent faire face à une cascade de blessures. Les quatre titulaires plus ou moins habituels que sont Shinji Kagawa, Nemanja Vidic, Antonio Valencia et Nani sont à l'infirmerie, en compagnie du jeune Cleverley et manqueront le choc de cette 16e journée. Ferguson : «Le titre pour United ou City» De son côté, l'entraîneur de Manchester United, Sir Alex Ferguson, a déjà sa petite idée sur le futur champion : «Je pense que nos deux équipes (United et City, ndlr) ont fait le trou par rapport à Chelsea, Arsenal et Tottenham. C'est difficile de croire que l'un de nous deux va s'effondrer. Du coup, je pense que cela se jouera entre nous». Cependant, le célèbre technicien écossais est conscient que même en cas de victoire sur les Citizens, qui lui vaudrait une confortable avance de 6 points, rien n'est joué pour son équipe : «Ça ne voudra pas dire grand-chose car la saison est encore longue. On ne peut jamais être vraiment sûrs et on peut perdre contre n'importe qui. La Premier League est comme ça, c'est un championnat difficile». Mancini : «United a un petit avantage cette saison» Deuxièmes de Premier League, les Citizens auront une grosse pression sur les épaules lors de ce derby. Un choc que les Sky Blues abordent en outsiders, selon Roberto Mancini. «En ce moment, ils (les Red Devils) sont favoris mais la saison est longue..., estime l'entraîneur italien. On ne peut pas refaire l'histoire. On n'est là que depuis deux ans, à jouer ensemble, alors qu'eux, ils disputent le titre depuis vingt ans. C'est normal (de ne pas être favori) quand vous affrontez une équipe qui a tout gagné ces quinze dernières années. On ne peut pas changer ça en deux ou trois ans, ça nécessite plus de temps. Et cette saison, ils ont un petit avantage.» Fletcher : «On va devoir être au top» Le milieu de terrain écossais Darren Fletcher pense que United sera extrêmement concentré à défendre les coups de pied arrêtés contre Manchester City dans le derby d'aujourd'hui. Les Red Devils se sont montrés vulnérables en défense cette saison en encaissant notamment trois buts en première mi-temps contre Reading le week-end dernier. Heureusement, l'équipe de Sir Alex a réussi à se défaire de ces situations difficiles en enregistrant des victoires, mais Fletcher sait bien que les champions d'Angleterre pourraient être difficiles à faire plier s'ils marquaient les premiers. «Ça commence à nous inquiéter mais étant donné qu'on a encaissé des buts sur coups de pied arrêtés, on sait qu'il s'agit d'erreurs individuelles que nous pouvons essayer d'éliminer», a déclaré Fletcher au programme Red Wednesday de BBC Radio Manchester. «On ne peut plus encaisser de buts. Et là, on affronte Manchester City, qui saura forcément punir toute léthargie défensive de notre part. On va devoir être au top mais je pense que tout le monde en est conscient. Et parfois, vous pouvez vraiment vous concentrer sur les plus gros matches et vous assurer que cela ne se produit pas. On aimerait régler nos problèmes, mais le principal c'est qu'on revient toujours dans le match. Je sais qu'on n'arrête pas de dire que ce serait plus catastrophique si on ne gagnait pas. On continue à réagir et c'est une caractéristique importante à avoir. On sait que si on est mené au score, on a la capacité de revenir.» Pour City et United, le favori c'est l'autre Roberto Mancini et Alex Ferguson ont tous les deux pris soin de coller l'étiquette de favori sur le dos de l'autre avant le derby du Championnat d'Angleterre entre Manchester City et Manchester United, sur le terrain des bleus ciel. «Le favori pour le titre ? C'est United», a dit l'Italien. «Si nous gagnons, ce sera l'un de nos meilleurs résultats de tous les temps», lui a répondu l'Ecossais au cours de l'habituel ping-pong verbal qui précède les grands chocs. Il faut dire que les deux entraîneurs ont de quoi ne pas avoir totalement confiance dans leur équipe car leurs performances n'ont pas toujours été éblouissantes depuis le début de la saison. A noter que Roberto Mancini risque vraiment d'êtres éjecté de son fauteuil confortable de manager de City, en cas d'un sévère revers lors de ce derby. Cette perspective semblait ubuesque il y a six mois, lorsque le technicien italien venait de décrocher un titre de champion attendu par Manchester City depuis 1968. Mais l'élimination en Ligue des Champions est passée par là et l'ancien Intériste semble n'avoir d'autre choix dorénavant que de remporter à nouveau la Premier League s'il ne veut pas laisser sa place à Pep Guardiola durant les semaines ou les mois à venir.