L'entrée en scène de la légende vivante du football mondial... ...Et le vainqueur est ... La 12e édition du Ballon d'Or algérien qu'organisent chaque année les deux publications spécialisées Le buteur et El Heddaf, tenue avant-hier soir à la coupole du complexe olympique Mohamed-Boudiaf, a été, de l'avis de tous les présents et de nombreux observateurs, un grand succès. Une cérémonie grandiose, chargée d'émotions, où ont été récompensés les meilleurs footballeurs de la saison 2011-2012. Et comme le veut la tradition, le Ballon d'Or algérien n'oublie pas les autres sportifs qui ont brillé sur la scène internationale et qui ont hissé très haut l'emblème national, à l'image du champion olympique des Jeux de Londres Taoufik Makhloufi, honoré à l'occasion. Devenu une référence en la matière, l'évènement a suscité une large couverture médiatique, autant sur le plan national qu'international. L'entrée en scène de la légende vivante du football mondial Des moments forts, il y en avait, et les présents en ont eu plein les yeux. A commencer par l'invité d'honneur de cette 12e édition, un monument du football, un des meilleurs joueurs du monde de tous les temps, si ce n'est le meilleur pour certains. Il était 21h lorsque le coup d'envoi de la cérémonie fut donné, avec l'entrée en scène d'une légende vivante du football mondial, tenant dans ses mains le trophée du Ballon d'Or pour aller le poser sur le pupitre, en attendant son heureux élu. Il a fallu quelques secondes seulement pour que les présents, et les millions de téléspectateurs devant leur petit écran, reconnaissent celui pour qui, à un moment, on hésitait entre lui et Pelé pour désigner le meilleur joueur de tous les temps. Johan Cruyjff, le père spirituel du grand Barça d'aujourd'hui, était notre invité d'honneur. Avant d'aller prendre humblement sa place au premier rang à côté de Rabah Madjer, une autre grande star du football mondial, le capitaine du grand Ajax des années 1970 a lancé en direction des présents «Salam alikoum». C'était notre surprise, un grand moment inoubliable et qui en dit long sur la crédibilité qu'acquiert aujourd'hui le Ballon d'Or algérien. L'hommage à Kermali L'autre moment fort de la soirée, c'est incontestablement l'hommage rendu à Abdelhamid Kermali, une des gloires de la prestigieuse Equipe du FLN et champion d'Afrique des nations en tant qu'entraîneur de l'Equipe nationale en 1990. Un grand moment d'émotion s'est emparé de la salle lorsque le VTR diffusé rappelait l'exploit du cheikh, tenant dans ses bras le seul et unique grand trophée remporté par l'Algérie, la Coupe d'Afrique des nations. «Pourquoi sommes-nous là si ce n'est pour ce peuple», déclarait-il au moment du sacre. Le Buteur et El Heddaf, en reconnaissance à cette grande figure du football national, se sont fait un devoir d'honorer l'homme qui, pour des raisons de santé, s'est excusé de ne pouvoir partager ce grand moment avec les siens. En son absence, c'est sa fille qui a reçu le trophée symbolique des mains d'un de ses anciens joueurs avec lesquels il a gagné la Coupe d'Afrique des nations, Rabah Madjer, et de ceux d'un de ses anciens collaborateurs de l'époque, Ali Fergani. Les larmes de Antar Yahia On ne pouvait pas passer cette soirée à côté d'un évènement qui nous a fait vibrer des nuits durant, celui qui a remis la sélection algérienne sur le diapason du football mondial, la victoire d'Oum Dourmane. Une victoire historique réalisée par tout un groupe, poussé par tout un peuple, mais concrétisée par un but splendide comme on en voit rarement, signé Antar Yahia. Ce n'est pas l'évènement qu'on voulait célébrer, ni le but d'ailleurs. La Ballon d'Or algérien a voulu tout simplement honorer celui qui a fait sortir le peuple algérien dans la rue pour célébrer la qualification au Mondial 2010, celui qui, aujourd'hui, vient de mettre un terme à sa carrière internationale. Antar Yahia, un exemple de fidélité et de nationalisme, n'a pu retenir ses larmes au moment où l'on rediffusait son but contre Issam El Hadary, c'était aussi un des moments forts lors de cette 12e édition où l'ex-capitaine des Verts a été récompensé pour l'ensemble de sa carrière et pour les services rendus. L'annonce de la naissance de l'association d'Oum Dourmane Le match d'Oum Dourmane est loin d'être un simple match. Ceux qui y avaient pris part, ceux qui ont vécu ces moments savaient qu'ils avaient rendez-vous avec l'histoire. De cette conquête d'Oum Dourmane est née une association à caractère caritatif constituée par tous les joueurs ayant pris part à ce match historique. L'idée revient à Samir Zaoui, l'initiateur. Lui et ses coéquipiers, Achiou, Lemouchia, Ousserir, Gaouaoui, Yahia et Saïfi ont choisi la cérémonie du Ballon d'Or, devenue un grand support médiatique, pour annoncer la naissance de cette association à caractère caritatif. Ils sont montés sur scène, et c'est Zaoui qui a pris la parole pour expliquer le but de la création de cette association. «Nous n'allons pas vivre uniquement sur ce souvenir pour que, dans quelques années, on dira toujours : on était, on a fait, il était une fois... avec des verbes qui se conjuguent au passé. Nous, nous voulons parler au présent et au futur. Nous voulons profiter de la notoriété de ce groupe pour servir le football algérien et pour venir en aide aux personnes nécessiteuses en organisant, entre autres, des matches de gala. Et à long terme, l'association a pour objectif de créer une école de football. C'est un projet qui nous tient à cœur et nous comptons sur les instances concernées pour nous aider à le réaliser», a déclaré l'actuel capitaine de l'ASO sous les applaudissements des présents. En guise d'encouragement, le Buteur et El Heddaf ont profité de cette occasion pour honorer cette génération qui nous a procuré tant de joie. Les révélations L'autre moment fort de cette soirée, c'est la montée sur scène de Vahid Halilhodzic, élu meilleur entraîneur. Sa photo avec Noureddine Korichi lorsqu'ils jouaient l'un contre l'autre avait ému le sélectionneur national qui recevait son trophée. VH était prié par la suite de rester sur scène, car le moment était un peu particulier pour lui dans la mesure où on allait récompenser juste après les révélations de l'Equipe nationale, Islam Slimani et Essaïd Belkalem. Vahid avait compris, ce sont ses poulains, c'est lui qui leur avait fait confiance en les lançant dans le bain, en étant derrière leur émergence et leur réussite en sélection, alors qu'on ne regardait jamais en leur direction, avant son arrivée. La manière avec laquelle il les a accueillis et les gestes affectifs qu'il leur adressait comme s'ils étaient ses enfants témoignent de la forte relation entre le sélectionneur national et ses joueurs, qui constituent, aujourd'hui, une des forces de l'Equipe nationale. Vahid s'adresse en direct au peuple algérien Jamais, depuis qu'il a pris ses fonctions à la tête des Verts, Vahid Halilhodzic ne s'est exprimé en direct, ni à la télévision ni à la radio. On rapportait toujours ses interventions lors des différentes conférences de presse qu'il organisait de temps à autre ou quand il accordait des interviews aux différents organes de la presse écrite. Mais avant-hier, c'était une occasion unique. Le Ballon d'Or algérien lui a offert l'opportunité de s'adresser en direct, à travers la télévision nationale, à des millions d'Algériens, ce qui n'arrivera pas tous les jours. «J'ai quelques soucis avec les joueurs. Pas avec les joueurs eux-mêmes, mais avec leurs blessures. Mais bon, sachez qu'on n'ira pas en Afrique du Sud en touristes. Nous allons faire une grande préparation et je vous promets qu'on fera tout pour faire quelque chose», s'est-il exprimé avec son accent si particulier, mais compris de tout le monde. L'Equipe du FLN Comme à chaque édition, la glorieuse Equipe du FLN était à l'honneur, avant-hier soir. On n'oubliera jamais ce que cette génération douée et militante a donné à l'Algérie. Des joueurs qui ont sacrifié leur carrière en Europe pour la cause de leur pays, lesquels étaient le symbole de la guerre de libération en répondant présent à l'appel de la nation au détriment de leurs intérêts personnels. Eux, ce sont les Maouche, Makhloufi, Soukhane, Kerroum, Amara et autre Zouba, pour ne citer que ceux-là, sans oublier ceux qui nous ont quittés. L'émotion était palpable quand ces hommes sont montés sur scène pour être honorés par le ministre de la Jeunesse et de Sports, Mohamed Tahmi. Nous étions face à des héros, un grand moment de cette soirée qu'on n'est pas près d'oublier. Et le vainqueur est ... Enfin, le clou de la soirée, le moment tant attendu, c'est la remise du Ballon d'Or. Johan Cruyjff, qui avait ouvert le bal en apportant le trophée, est remonté sur scène en fin de cérémonie pour le remettre au lauréat 2012. Et l'honneur lui est revenu d'ouvrir l'enveloppe qui contenait le nom du vainqueur de cette nouvelle édition pour l'annoncer aux présents. «Sofiane Feghouli», révélait-il. C'est presque sans surprise que le milieu de terrain de Valence, totalisant 689 points, a été élu Ballon d'Or 2012, devançant Abdelmoumen Djabou, 228 points et Hilal Soudani, 227 points. Feghouli a eu l'honneur de recevoir le trophée des mains du triple Ballon d'Or européen, un grand moment pour la carrière du prodige du football algérien, mais aussi dans l'histoire de la cérémonie du Ballon d'Or, devenue aujourd'hui une institution. A l'année prochaine, avec d'autres grands moments d'émotion.