Boudebouz «Si on ne veut plus de moi en sélection, je ne peux rien y faire» En clôture de la 25e journée de Ligue 1 française, la formation de Sochaux a créé une véritable sensation en s'imposant face au leader du championnat, le Paris Saint-Germain, sur le score de 3-2, au bout d'un match de très haut niveau. Loin d'être impressionnés par les nombreuses stars qu'ils y avaient en face, les joueurs sochaliens ont abordé cette rencontre avec beaucoup de détermination et d'abnégation, menant à mal cette équipe parisienne qui paraissait quelque peu perdue sur cette pelouse de Bonal. Cette victoire du FC SM n'aurait sans doute pas eu lieu, n'était l'excellente prestation du milieu de terrain algérien, Ryad Boudebouz, qui a été tout simplement époustouflant durant cette partie. Menés contre le cours du jeu, suite au but d'Alex, les locaux parviendront à égaliser par l'intermédiaire de Roudet qui a su profiter de la superbe ouverture de Boudebouz qui l'a lancé seul face au gardien Sirigu. Le festival de Ryad ne s'est pas arrêté là, puisque à la 84', alors que le score était de deux buts partout, le numéro 10 montbéliard adresse une transversale majestueuse à Privat, au second poteau, qui remet intelligemment à Bakambu qui ne trouve aucune difficulté à ajouter le 3e et dernier but de cette rencontre. Cette victoire du FC Sochaux demeure très importante dans l'optique du maintien, puisqu'elle permet au club de s'éloigner de la zone de relégation et d'occuper la 14e place au classement. La Ligue 1 retrouve enfin son génie Au-delà de sa passe décisive sur le premier but et de sa grande implication sur le troisième, Ryad Boudebouz a surtout émerveillé les présents par ses gestes techniques et son aisance à distiller d'excellentes passes à ses attaquants. Loin d'être intimidé par la force défensive du club parisien, l'international algérien a donné à plusieurs reprises le tournis à ses adversaires, par ses dribles déroutants et son excellente vision de jeu. Pour cette rencontre, le joueur a été repositionné par son entraîneur, Eric Hély, sur le côté droit, lui qui a longtemps occupé cette saison un poste plus axial dans l'entre jeu. L'excellente performance de Ryad n'est évidemment pas passée inaperçue, puisque tous les observateurs et autres spécialistes du football français qui ont suivi cette partie ont été unanimes à dire, au terme du match, que l'Algérien a été excellent si ce n'est le meilleur joueur sur la pelouse. On peut dire que la Ligue 1 a retrouvé enfin son génie. Boudebouz a pourtant surfé durant plusieurs semaines sur une vague de nonchalance et de prestations tout juste moyennes, en raison notamment de son transfert avorté l'été dernier et les problèmes qu'il a eus avec ses supporters. Notons que Boudebouz a quitté le terrain sous un tonnerre d'applaudissements, à la 85'. Boudebouz «Si on ne veut plus de moi en sélection, je ne peux rien y faire» Une grosse performance face au PSG, et si on revenait sur cette belle copie que vous avez rendue ? J'étais à l'aise. Et puis, on n'avait aucune pression, on avait tout à gagner dans ce match. Après avoir vu le match du PSG face à Valence, tout le monde a compris qu'il fallait se lâcher, et ça a payé. Maintenant, on doit continuer sur cette lancée et aller confirmer à Rennes, parce que ça ne sert à rien de battre Paris et perdre quatre matchs derrière. Certains disent que face aux grandes équipes comme Lyon, Marseille ou le PSG, vous tirez votre épingle du jeu, ce n'est pas le cas contre les petites équipes, est-ce vrai ? C'est plutôt une impression. Je vais vous dire pourquoi. Une semaine avant ce match face à Paris, j'ai réalisé une bonne prestation contre Troyes, mais c'est passé inaperçu, pour la simple raison que cette rencontre n'était pas trop médiatisée. Après, quand tout le monde regarde les matchs sur Canal +, c'est facile de conclure que je ne suis bon que lorsque je joue face à Lyon, l'OM ou le PSG. Ces équipes sont souvent télévisées sur Canal+ donc voilà, je ne choisi pas mes matchs. On vous a vu tantôt à droite, tantôt à gauche et même en axial, vous vous comportez en véritable leader, est-ce le statut qu'il vous faut pour être aussi bon ? Je dois dire que lorsqu'on m'offre cette responsabilité de leader sur le terrain, je l'assume pleinement. Je sais ce que je dois faire. Je sais que ce n'est pas toujours facile d'être un leader technique assez tôt et assez jeune. D'ailleurs, j'en prends souvent dans ma gueule. Sincèrement, après avoir épinglé les milieux de terrain parisiens, d'aucuns pensent que vous auriez pu aider l'EN lors de la dernière CAN et même assumer un rôle plus important qu'un simple remplaçant ? Comme je l'ai dit, j'étais prêt sur tous les plans à faire une bonne CAN. Quand je joue, je suis quelqu'un qui aime parler et faire de mon mieux pour donner un plus sur le terrain. Maintenant, le coach a fait ses choix, il faut les respecter. Après, c'est sûr je regrette beaucoup de n'avoir pas joué cette Coupe d'Afrique, mais bon, ce n'est pas la fin du monde. J'espère que j'ai prouvé à tout le monde que j'avais ma place dans cette Equipe nationale. Vous avez vécu l'enfer au début de la saison, après qu'une poignée de supporteurs vous ait traité de sale Arabe, qu'avez-vous à leur dire aujourd'hui, après ce gros match ? Cette histoire est oubliée, ça fait partie de mon passé. J'ai pardonné à ces gens. Maintenant ce qui me préoccupe, c'est le maintien de Sochaux en Ligue 1. Sale Arabe, ce sont des propos qui m'ont touché mais aujourd'hui, je ne veux pas revenir sur ça. Depuis la dernière CAN, beaucoup de choses ont été dites à votre sujet, des choses extra- sportives, qu'avez-vous à dire ? Franchement, je n'avais pas envie de commenter ça mais bon, pour tout vous dire, les gens sont libres de dire ce qu'ils veulent. Si cela les amuse à citer Boudebouz à chaque fois que ça va mal en sélection, qu'ils le fassent. De toutes les façons, c'est toujours la même chose, dès qu'il y a un problème, on sait qui viser. On parle aussi de votre probable éviction de la sélection ? Certaines personnes s'amusent à s'attaquer à des joueurs comme ça, gratuitement, et pour des raisons pas du tout sportives. On est prêt à vous abattre juste parce que vous refusez de parler ou quelque chose dans ce sens. Qu'ils continuent à le faire. Moi en tout cas, je reste serein. La preuve, tout ce qu'ils ont dit à mon sujet ne m'a pas empêché de rester concentré sur mon club. Ma meilleure réponse, c'est sur le terrain que je la donne. Maintenant quoi qu'il arrive, si on fait appel à moi en Equipe d'Algérie, je serai toujours là à 200%. Franchement, avez-vous senti une volonté du coach de se passer de vos services, comme rapporté par certains ? Ecoutez, qu'est-ce que vous voulez que je vous dise ? Si on ne veut pas de moi en sélection, je ne peux rien y faire. Maintenant par rapport aux personnes que j'aime et au public algérien qui m'a toujours soutenu, si on me fait appel, je défendrai toujours dignement les couleurs de l'Algérie. Si le coach trouve que je ne suis plus utile à l'Equipe nationale, je respecterai encore ses choix. Certains pensent que c'est une perte de ne pouvoir compter sur la paire Feghouli-Boudebouz, êtes-vous réellement capable de réaliser de belles choses avec Sofiane ? C'est sûr, Soso (Feghouli) est un énorme joueur. Jouer avec lui, c'est agréable. On l'a prouvé face au Rwanda où on s'est retrouvés les yeux fermés sur le terrain. Maintenant, il va y avoir Belfodil et Brahimi en renfort, c'est des joueurs que j'apprécie. Pour un mec comme moi, jouer avec des joueurs aussi techniques, c'est plus facile, c'est un plaisir même. J'espère avoir l'honneur, un jour, d'évoluer à leurs côtés. Justement, vous avez joué aux côtés de Brahimi en équipe de France en jeunes, ne risquez-vous pas de prendre votre place, comme le disent certains, à présent qu'il est acquis pout les Verts ? Au contraire, on est complémentaires. Yacine est un joueur très technique. En plus, il est très rapide. J'espère qu'il sera aussi bon en sélection algérienne. Avant de clore cet entretien, dites-nous comment le coach Eric Hély a su vous motiver pour être aussi bon face au PSG ? Il est venu me parler, en fin d'une séance d'entraînement, il m'a aussi montré mes images du match face à Troyes pour me motiver. Il m'a demandé de jouer de la même façon face à Paris et ça a très bien marché. Il m'a désigné comme le leader technique de l'équipe et je tiens à le remercier pour sa confiance. Un mot pour le public algérien qui vous attend aussi performant contre le Bénin ? Je tiens d'abord à remercier tous les fans de l'EN qui m'ont envoyé des messages d'encouragement et cela m'a franchement touché. Qu'ils sachent, comme d'habitude, que l'Algérie est dans mon cœur. C'est pour eux que je fais ça sur le terrain. J'espère être là contre Bénin, inch'Allah. Les éloges pleuvent sur le joueur Pierre Ménès (journaliste à Canal +) : «Si tous les joueurs de L1 avaient le talent de Ryad, ... » Tout de suite après la fin de ce match Sochaux-PSG, la parole a été donnée aux spécialistes et autres chroniqueurs présents sur le plateau de Canal Football Club sur Canal +, pour décortiquer et analyser la partie. Fin polémiste, Ménès est connu pour être un journaliste très critique qui n'a pas vraiment sa langue dans sa poche. Il est très rare de le voir faire les éloges d'un joueur, alors quand il le fait, évidemment on le retient. C'est à quoi on a eu droit avant-hier sur Boudebouz qui, pour l'ancien journaliste de M6, est sans doute le joueur le plus doué de la Ligue 1 française. «Boudebouz a réalisé un match magnifique ce soir», a-t-il dit, avant d'ajouter : «Si tous les joueurs de Ligue 1 avaient le talent de Ryad, on assistera chaque week-end à de très grands matchs.» Des propos qui ont certainement fait plaisir à notre jeune international. Christophe Dugarry : «Il a prouvé qu'il est aussi très fort mentalement» Il n'y a pas que Pierre Ménès à s'être montré élogieux envers Ryad Boudebouz. En effet, le champion du monde en 1998 et d'Europe en 2000 avec l'Equipe de France, en l'occurrence Christophe Dugarry, a tenu lui aussi à rendre hommage au joueur qui, selon lui, est fort non seulement sur le plan technique mais aussi au niveau mental. «Ce qu'a fait ce soir Boudebouz, c'est vraiment du costaud. Techniquement et psychologiquement surtout, il a démontré qu'il était très fort. On se souvient tous de ce qu'il a vécu lors des premières journées du championnat au cours desquelles il avait été conspué par son propre public, mais on a vu ce soir que mentalement, il a su répondre présent et démontrer sa réelle valeur. Bravo à lui !»