Accuser Belaïli a été trop gros et c'est pour ça qu'il s'est tourné vers Yahia. Quand on perd et qu'on joue mal, rien ne vaut la bonne vieille recette de la diversion pour détourner l'attention sur ses torts. Khaled Soussi l'a bien compris. Le capitaine du Club Africain a trouvé comment faire diversion pour faire oublier le naufrage de son équipe face à l'Espérance de Tunis : il accuse publiquement et successivement les joueurs espérantistes algériens Youssef Belaïli et Anthar Yahia de racisme. La manœuvre est aussi osée que maladroite, tant elle a très peu de chances d'être prise au sérieux en Tunisie. Souissi s'est vu retirer le capitanat et sanctionné pour surpoids Si Soussi va jusqu'à porter des accusations gratuites à l'encontre de Belaïli et Yahia, c'est parce que la direction du Club Africain lui a infligé une lourde sanction financière, ainsi que son coéquipier, Bilel Ifa, à cause de leur surpoids et leur nervosité le jour du match. Plus même : le brassard de capitaine a été retiré à Souissi et les deux joueurs pourraient même être envoyés quelques jours en équipe Espoirs. Pour se dédouaner, il a voulu se placer en victime de propos racistes pour justifier sa nervosité dans le match. Accuser Belaïli a été trop gros et c'est pour ça qu'il s'est tourné vers Yahia Déjà, le mode d'accusation est en lui-même suspect. Quand on est victime de racisme, on dénonce cela juste après la fin du match ou, au plus tard, le lendemain. Or, ce n'est que mercredi passé, soit trois jours après le match, qu'il en a parlé. Au début, Soussi avait accusé Belaïli, affirmant que ce dernier l'a traité d'esclave. Se rendant sans doute compte que le mensonge était trop gros (on voit mal Belaïli, auteur d'un but et d'une passe décisive dans le match et désigné meilleur joueur de la partie, proférer des propos racistes dans un match où il est à son avantage), il a «rectifié» quelques jours plus tard en ciblant cette fois Yahia, estimant sans doute que l'accusation serait plus facile à avaler puisque l'ancien capitaine des Verts était particulièrement neveux sur le terrain à tel point que son entraineur l'avait fait replacer à la 55' afin de lui faire éviter d'écoper d'un carton rouge. Yahia a écumé les terrains d'Afrique sans jamais avoir été accusé de racisme Or, ceux qui connaissent bien Yahia savent qu'il est incapable de proférer une insulte raciste. Lui qui a écumé les terrains d'Afrique avec la sélection nationale, et parfois dans des conditions difficiles comme cela avait été le cas en 2007 avec une bagarre générale sur le terrain de Banjul à l'occasion d'un mémorable Gambie-Algérie, jamais un joueur noir adverse n'a signalé un propos raciste du défenseur algérien. Pourtant, Yahia est polyglotte et, s'il avait réellement l'âme d'un raciste, il aurait pu insulter des noirs dans les langues qu'ils parlent. Malgré un duel chaud avec Idrissou, il n'y a eu aucun dépassement Une anecdote à ce sujet : lors du match barrage qui avait opposé Bochum au Borussia Mönchengladbach en mai 2011 (Anthar Yahia contre Karim Matmour), le défenseur central algérien avait comme vis-à-vis l'attaquant international camerounais Mahamadou Idrissou. Compte tenu de l'enjeu du match, le duel a été âpre et tous les coups étaient permis, y compris la provocation verbale avec notamment un «Tu ne sers vraiment à rien !», qu'a lancé l'ancien international algérien à Idrissou, mais ce dernier ne s'est jamais plaint d'un quelque propos raciste. A la fin du match, les deux hommes s'étaient même salués. C'est dire que les allégations de Soussi ne tromperont personne, surtout pas ses dirigeants du Club Africain.