«Le parcours de l'Algérie montre qu'elle revient au sommet» «Algérie-Ethiopie, c'est le meilleur tirage» «Le Cameroun, ce n'est plus comme avant, même si les conditions sont difficiles là-bas» Henri Michel est l'un des techniciens européens à avoir acquis une très grande expérience en Afrique, en dirigeant les sélections du Cameroun, de la Côte d'Ivoire, de la Tunisie, du Kenya, de la Guinée Equatoriale et du Maroc, sans parler de son passage en Afrique du Sud et en Egypte. L'ancien sélectionneur des Bleus, entre 1984 et 1988, classés quatrième de la Coupe du monde 1986 au Mexique, parle du tirage au sort des barrages et donne son avis sur les cinq éventuels adversaires des Verts. Voici l'entretien qu'il nous a accordé hier au téléphone. Tout d'abord coach, comment vous avez suivi les éliminatoires de la Coupe du monde en Afrique ? Oui, j'ai suivi les éliminatoires de la zone Afrique, mais pas comme avant. J'ai suivi surtout l'excellent parcours de l'équipe du Cap Vert qui a réalisé un très bon chemin, mais à la dernière minute, elle a été éliminée suite à des réserves de la Tunisie. Je pense que cela démontre qu'il y a encore des choses qui ne marchent pas bien en Afrique. Surtout qu'il n'y a pas d'équipe qui a remporté des points sur tapis vert, cette fois-ci... Exactement, cela ne se produisait pas par le passé, mais je pense que cette fois-ci, on est moins fermes par rapport à ce qu'on était. Comment vous avez trouvé le niveau ? Je pense qu'il y a un très bon niveau. En Afrique, il y a d'excellents joueurs qui ont un très bon niveau, notamment sur le plan technique. Je pense, par contre, qu'il y a les conditions difficiles qu'il faut prendre en considération. Il y a aussi les conditions climatiques où c'est très difficile d'y jouer, sans oublier l'état des terrains qui est parfois lamentable. Parlons de l'équipe algérienne, elle a réalisé cinq victoires en six matchs, comment trouvez- vous ces chiffres ? Tout d'abord, je salue mon ami Vahid Halilhodzic et je lui souhaite un bon parcours pour la suite des éliminatoires. Je pense que c'est un excellent cheminement, dans la mesure où l'équipe algérienne démontre qu'elle revient au très haut niveau depuis un bon moment. Il s'agit d'une confirmation. Pensez-vous que c'est exceptionnel ? Oui, parce qu'il faut le faire tout d'abord. Réalisé cinq victoires en six matchs reste tout de même une bonne performance, qui a d'ailleurs permis à l'Algérie de se qualifier à l'ultime tour des qualifications. Surtout qu'il y avait le Mali dans le même groupe... Oui, le Mali reste une très bonne équipe en Afrique, avec tous les joueurs qu'elle possède. En plus, elle a réalisé un très bon parcours lors des deux dernières phases finales de Coupe d'Afrique. Par contre, elle a traversé une période très difficile, après le départ de Alain Giresse et Patrice Carteron. Cela a joué un vilain tour aux Aigles du Mali, car l'équipe était complètement déstabilisée. Le parcours de l'EN algérienne est meilleur que celui de 2010, quel est votre avis ? Tant mieux. Je pense qu'en 2010, l'équipe algérienne avait trouvé des difficultés pour se qualifier. Vous aviez eu l'Egypte aux barrages et tout le monde s'en souvient de ce qui s'est passé. Je pense que c'est important d'arriver sur le fauteuil. Vous êtes très attaché au football africain et sans doute vous attendez avec impatience le tirage au sort des barrages prévu demain (Ndlr : entretien réalisé hier)... Oui, bien sûr, j'attends avec impatience ce tirage au sort pour connaître les rencontres qui vont avoir lieu. Comme vous l'avez si bien dit, le football africain est une patience pour moi. Mais, j'attends le tirage (rire). A ce stade de la compétition, est-ce que toutes les équipes se valent, ce que pensent beaucoup d'ailleurs ? Non, je ne suis pas du tout d'accord. Tout dépendra des conditions climatiques et de l'état du terrain. En plus de ça, chaque équipe a son point fort et son point faible. Parmi les éventuels adversaires de l'EN, il y a le Cameroun, peut-on le redouter, par exemple ? Le Cameroun, ce n'est plus comme avant. Cette équipe traverse une période très difficile. Il y a des perturbations chez les Lions, ce qui donne du Cameroun un bon tirage pour l'Algérie. Mais au Cameroun, il y a les conditions difficiles... Oui, je sais qu'il y a des conditions difficiles. J'étais sélectionneur des Lions et j'ai constaté cela. Ce n'est toujours pas facile d'aller les défier chez eux avec la pression qui règne là-bas, mais il faut être plus fort pour surpasser cela et prendre le dessus. La présence de Samuel Etoo va-t-elle donner un plus aux Lions ? Je ne sais pas, dans la mesure où je ne suis pas sûr si Etoo jouera encore avec l'équipe du Cameroun ou non. Certes, il a joué le dernier match des éliminatoires, mais à mon avis, il y a eu des problèmes par la suite. On doit attendre pour voir s'il sera là aux barrages ou non. Par contre, beaucoup d'Algériens, dont le président de la fédération, souhaitent éviter l'Egypte... Réellement, l'Egypte traverse en ce moment une période très difficile. Il y a de l'instabilité dans ce pays, ce qui a interrompu le championnat, et tous les matchs sont délocalisés. Seulement, il ne faut pas oublier que l'Egypte reste l'Egypte, c'est une nation de football. Et l'Ethiopie constituera-t-elle un bon tirage ? Ecoutez, vous allez jouer en Afrique et c'est toujours difficile. Ce ne sera pas facile, il y aura des conditions exceptionnelles, mais a priori, l'Ethiopie est l'équipe la plus faible du deuxième chapeau. Vous évoquez des conditions exceptionnelles, que voulez-vous dire par là ? Les conditions climatiques, l'état des terrains et peut-être aussi de la pression. C'est l'Afrique. Tout ça rend la tâche difficile et fait le charme du continent. Vu qu'elle n'a pas de tradition dans ce genre de compétition, pensez-vous que l'équipe éthiopienne créera la surprise ? Oui, tout est possible. Au football, on est habitués à ce genre de surprise. Sachant que le match aura lieu en aller-retour, donc tout reste possible. Il y a aussi le Sénégal, l'une des équipes les plus fortes d'Afrique, mais qui ne joue pas à Dakar pour cause de suspension. Est-il un avantage pour l'équipe adverse ? Ah oui, c'est un grand désavantage pour les Sénégalais et un avantage pour l'équipe adverse, car on connaît déjà l'ambiance qui règne généralement lors des matchs à Dakar. Ce sera un sérieux handicap. Puisque c'est ainsi, si vous étiez sélectionneur, quelle équipe préférez-vous, le Sénégal ou l'Ethiopie ? (Rire) Ah non. Je préfère l'Ethiopie au Sénégal et de loin. Avez-vous une idée sur l'Ethiopie ? Oui, je l'ai vue jouer, au cours de la Coupe de la CECAFA. Elle a montré un bon visage, mais je pense que c'est une équipe qui pourra être à la portée. Selon les échos qui nous sont parvenus, l'équipe éthiopienne a un jeu très rapide, notamment en attaque... J'ai vu le jeu de l'Ethiopie. Certes, elle a des joueurs rapides, mais le jeu lui-même ne fait pas exception. Enfin, il y a un autre adversaire que les Verts pourront croiser, le Burkina Faso... Le Burkina Faso est le finaliste de la dernière Coupe d'Afrique des nations, en Afrique du Sud. C'est une équipe très solide dans le jeu et elle est en nette progression, je peux vous le confirmer. En plus, avec les joueurs professionnels, il y aura du plus, c'est clair. C'est une équipe à prendre très au sérieux. A votre avis, qu'elle est l'équipe à éviter lors de ces barrages ? Assurément l'Egypte. Cette équipe va créer des problèmes à l'Algérie. Elle est technique et recèle surtout de l'expérience. Surtout que ce sera un match de revanche pour eux, après l'élimination en 2010... Je ne vous cache pas, je ne souhaite pas m'exprimer sur ce sujet pour éviter toute polémique, notamment après tout ce qui s'est passé la dernière fois, c'est très compliqué. Un pronostic pour le tirage au sort... (Rire), je ne peux pas donner de pronostic, ce n'est pas de mes habitudes. Je préfère attendre le tirage pour donner mon avis.