«Si le Portugal envisage un match face à l'Algérie, c'est qu'il juge qu'il lui sera utile.» «Ils ont entamé leur préparation dès l'été en jouant déjà une dizaine de matchs.» Ancien adjoint de Sir Alex Ferguson à Manchester United, le Portugais Carlos Queiroz vole désormais de ses propres ailes. Cet ancien sélectionneur des jeunes, qui a été plusieurs fois champion du monde, a entraîné le Real Madrid et le Portugal, avant de se voir confier, depuis deux ans et demi, la sélection de l'Iran. Il sera présent à la Coupe du monde à la tête de la sélection iranienne après avoir terminé en tête de sa poule dans les qualifications de la zone asiatique en dominant notamment la Corée du Sud, futur adversaire de l'Algérie au Mondial, qu'il a battue en aller-retour. Rencontré à Rio de Janeiro, il nous donne quelques tuyaux sur la sélection coréenne. Alors, satisfait du tirage au sort qui a mis l'Iran dans la poule de l'Argentine, de la Bosnie-Herzégovine et du Nigeria... On doit accepter tout tirage tel qu'il vient. Cela aurait été dur dans tous les cas de figure. L'Iran n'est donné favori par personne et c'est peut-être mieux ainsi. Je sais que toutes les sélections auraient aimé nous avoir dans leur poule. Ce sera à nous de démontrer que nous avons le niveau pour être dans cette Coupe du monde. L'Algérie aura un adversaire asiatique dans son groupe, la Corée du Sud, alors que l'Iran croisera une sélection africaine, le Nigeria. Pourrait-on, dès lors, envisager un match amical entre l'Algérie et l'Iran au mois de mai pour permettre à chacune de s'adapter au style de jeu de l'autre continent ? Peut-être bien, pourquoi pas ? Nous n'avons pas encore planifié notre programme de préparation. Je ne peux donc rien dire à ce propos pour l'instant. L'Algérie sera confrontée, dans sa poule, à la Belgique, la Corée du Sud et la Russie, pourra-t-elle s'en extraire pour passer au deuxième tour ? Très honnêtement, je ne la placerai pas parmi les favoris. Logiquement, la Belgique et la Russie sont les plus forts de la poule. Du moins, sur le papier. Cela ne veut pas dire que c'est ce qui arrivera, mais il est difficile de citer l'Algérie comme favori. Je préfère dire que ce sera un outsider qui pourra bousculer la hiérarchie. Vous connaissez la sélection de Corée du Sud puisqu'elle a évolué dans la même poule que l'Iran. Vous l'aviez battue à l'aller comme au retour. Pensez-vous qu'elle peut être à la portée des Algériens ? Au risque de vous refroidir, les Coréens sont loin d'être une équipe quelconque. Je parle en connaissance de cause : ils sont à prendre très au sérieux. Dites-vous bien qu'ils ont entamé leur préparation pour la Coupe du monde dès qu'ils se sont qualifiés à la compétition, l'été dernier. Ils ont déjà disputé une dizaine de matchs amicaux ! De plus, cette équipe joue très bien collectivement. Ça ne sera pas facile pour vous face à eux, croyez-moi. Allez-vous jusqu'à placer la Corée du Sud comme favori de la poule ? Je n'ai pas dit ça. Je dis seulement que c'est une équipe qui prend cette Coupe du monde très au sérieux puisqu'elle a commencé à s'y préparer avant tout le monde. Du fait que la plupart de ses joueurs évoluent en Corée du Sud, leur sélectionneur peut les regrouper quand il veut et c'est ce qui explique qu'ils aient joué autant de matchs amicaux, sans compter plusieurs autres qu'ils ont programmé avant le début de ce tournoi. Les Coréens veulent aller loin dans cette compétition et ils s'en donnent les moyens. Savez-vous qu'il y a, en ce moment, des discussions entre les fédérations algérienne et portugaise pour l'organisation d'un match amical entre l'Algérie et le Portugal le mois de mars ? Non, je ne suis pas au courant. C'est sérieux ? Oui, très sérieux. Pensez-vous qu'un tel match sera bénéfique pour la sélection de votre pays, le Portugal ? Tout match peut être utile. On apprend de chaque adversaire. Si les Portugais envisagent un tel match, c'est qu'ils jugent qu'il peut être utile pour leur équipe. Connaissez-vous le sélectionneur de l'Algérie, Vahid Halilhodzic ? Je le connais de réputation, mais je ne le connais pas personnellement. Et la sélection d'Algérie, vous la connaissez ? Je vous avoue que je ne connais pas très bien la sélection actuelle. Cela fait longtemps que je n'ai pas regardé un match de l'Algérie. Cela dit, je connais les caractéristiques du jeu algérien, basé sur la technique, l'inspiration et la vitesse. L'un des internationaux algériens, Islam Slimani, joue quand même dans l'un des plus grands clubs portugais, le Sporting. Vous devez le connaître, non ? J'ai effectivement entendu parler de lui, sans plus. De par mes fonctions à la tête de la sélection d'Iran, je ne peux suivre tout le temps l'actualité du football portugais. Comme je vous l'ai dit, je ne connais pas bien la composante actuelle de la sélection algérienne. C'est étonnant, car le Portugal et l'Algérie ont un lien très fort sur le plan footballistique depuis le passage de Madjer dans votre pays... (Rires) Oui, c'est vrai. Madjer est une référence au Portugal et c'est pour ça que le football algérien est très respecté là-bas. J'ai été un de ses admirateurs lorsqu'il était joueur. Je l'adore vraiment