«Aboutrika m'a réconforté et demandé d'être fort et patient» Finalement, le Ahly du Caire a consenti à laisser partir son jeune joueur d'origine algérienne, Amir Saâyoud. En effet, la section football du club égyptien, qui s'est réunie hier, a finalement décidé de se séparer de son joueur sur demande de celui-ci après les menaces de mort dont il avait fait l'objet ces derniers jours. Il faut dire que cette issue était inévitable dès lors que la situation est devenue insupportable pour l'Algérien qui s'est recroquevillé dans son domicile depuis la qualification de l'Algérie par peur de représailles. Nous avons, à cet effet, fait état des menaces de mort proférées à l'égard de Amir Saâyoud au sortir d'un entraînement avec Al Ahly au lendemain du match Algérie-Egypte. Depuis, des voix se sont levées pour exiger du Ahly la résiliation du contrat de son joueur algérien, recruté cet été, et son extradition en Algérie. Et il semble bien que l'offre du club belge du FC Lierse tombe à point nommé pour les deux parties qui n'ont pas hésité longtemps avant de convenir d'un transfert. Tout est donc fait pour que Amir Saâyoud rejoigne dans les jours à venir le club belge. Tout est aussi fini entre l'Algérien et son club avec qui il a fait une petite apparition lors du match face à Haras Al Houdoud. Les deux parties ne pouvant plus faire bon ménage. A.A. A. «Je ne pouvais accepter qu'on touche à ma dignité» * Où vous êtes en ce moment ? Je suis à l'Académie, du côté d'Al Ismaïlia. Je me suis réfugié chez des amis en attendant de trouver une solution à mon cas. * Pourquoi avoir choisi d'aller à l'Académie au lieu de rester au Caire ? Au Caire, j'habitais un appartement au centre-ville, du côté de la Cité des ingénieurs. Je ne me sentais pas en sécurité là-bas, d'autant plus qu'il y en a ceux qui connaissent mon adresse. J'ai donc préféré me réfugier à l'Académie avec l'accord du président de section, Hadi Khashaba, bien entendu. * Vous êtes-vous senti réellement en danger ? Oui ! Tout le temps. Après tout ce qu'on m'avait fait entendre, que ce soit de face ou au téléphone, il était clair qu'on n'allait pas me laisser tranquille. La seule chose à faire était de me faire tout petit et de disparaître pendant quelque temps dans l'espoir de me faire oublier. * Quand est-ce que les menaces ont commencé ? Juste après la qualification de l'Equipe nationale. Le lendemain, jeudi, je me suis dirigé à l'entraînement comme d'habitude. Ce jour-là, je me suis contenté d'une légère séance de renforcement musculaire, car j'étais blessé. A la fin de la séance, j'ai été surpris par un groupe de jeunes qui m'attendait à la sortie du stade. L'un d'eux qui s'était approché de moi m'avait dit texto : «Si tu n'avais pas été un joueur du Ahly, je t'aurais descendu sur-le-champ.» J'ai essayé de les éviter en rebroussant chemin. J'ai été voir Hadi Khashaba qui avait donné instruction à des d'agents de sécurité pour m'accompagner jusqu'à mon domicile. Il m'avait demandé de rester chez moi en attendant que les choses se calment, mais c'était pire ! On m'était carrément tombés dessus. Je recevais des dizaines de messages haineux sur mon portable. A partir de là, il ne me restait qu'une chose à faire : résilier mon contrat avec le Ahly et rentrer le plus tôt possible au bled. * Avez-vous reconnu les personnes qui vous ont menacé ? Non, je ne les ai pas reconnues. Il ne s'agit pas de supporters du club que j'ai l'habitude de croiser de temps en temps au stade. Je ne sais, sincèrement, pas s'ils sont du club ou pas. Je n'en sais plus… * Vous avez dit que vous avez reçu d'autres menaces de mort par téléphone… Il y en avait une dizaine. On m'avait traité de tous les noms. J'en ai reconnu un. Il s'agit du correspondant d'Abou Dhabi. C'est un Egyptien que j'avais reçu au siège du club quelques jours avant le match du 14 pour un entretien sur le match. Il m'a tenu un langage ordurier. Il m'a traité de tous les noms. Venant de lui, ça m'a vraiment étonné. * Sur le site du Ahly, les avis sont partagés entre ceux qui revendiquent votre départ et ceux qui s'y opposent ; quel était réellement celui des supporters du Ahly ? Il faut dire les choses telles qu'elles sont. Autant j'ai reçu des insultes et des menaces, autant j'ai reçu des messages de sympathie et de soutien de la part de supporters du Ahly qui m'ont confié leur désolation à cause de tout ce qui est arrive. Seulement, je sais que leur soutien, quand bien même me ferait plaisir, n'arrêtera jamais cette haine qu'on me voue depuis une semaine. * Quelle a été la réaction de vos coéquipiers au club ? Ça n'a jamais été un problème. Il m'ont soutenu depuis le début. La preuve, Aboutrika m'a appelé avant-hier pour me réconforter. Il m'a demandé de me montrer fort et patient, en attendant que les choses se calment. * Les dernières informations font état de l'accord du Ahly de vous transférer au FC Lierse, qu'en est-il au juste ? A l'heure où je vous parle, je ne suis pas au courant. On ne m'a encore rien dit à ce sujet. Cela étant dit, cette issue est inévitable. Je ne peux continuer à supporter cette situation. Je ne peux accepter qu'on touche à ma dignité et celle de mon pays. Des footballeurs, tels que Ibrahim Hassan, Al Ghandour et Midou, ont demandé à ce qu'on vous renvoie du Ahly et de l'Egypte, qu'avez-vous à répondre ? Je n'ai rien à dire. Ils sont libres de dire ce qu'ils veulent. * Etes-vous prêt à rejoindre le club belge du FC Lierse ? On m'a déjà parlé de l'intérêt d'un club belge, mais on ne m'en a pas dit davantage. Pour le moment, rien n'est encore décidé. Je dois d'abord voir avec les dirigeants du Ahly pour décider ensuite des suites à donner à mon cas. Je ne sais plus quoi faire. La pression est insupportable. Entretien réalisé par Choueib K.