«Je suis restée 5 jours dans la ville à me cacher, avant de rentrer au pays» La chasse à nos ressortissants vivant en Egypte continue. Depuis le dernier match d'appui disputé à Khartoum et qui s'est terminé par la victoire de l'Algérie, synonyme de qualification au Mondial, les Egyptiens ont déclaré la guerre à nos compatriotes qui vivent au pays des Pharaons. Alors qu'on pensait que la tension allait baisser au fil des jours et que les relations entre les deux peuples allaient se normaliser, c'est le contraire qui est en train de se produire. Mercredi dernier, environ 200 ressortissants algériens, dont des étudiants, sont rentrés au pays, après s'être sentis en danger de mort en Egypte. Plusieurs d'entre eux sont revenus en Algérie avec des blessures, alors que d'autres ont échappé au lynchage. Terrorisés, tous jurent de ne plus remettre les pieds au pays de Hosni Moubarak. Voici quelques témoignages publiés dans le quotidien El Watan d'hier dont nous vous en reproduisons quelques-uns. «Je suis restée 5 jours dans la ville à me cacher, avant de rentrer au pays» Prévu à 19h, l'Airbus d'Air Algérie transportant 200 passagers est arrivé deux heures et demie plus tard, c'est-à-dire à 21h30. Parmi les premiers arrivés, une femme avec son bébé. En sanglots, elle raconte à la journaliste d'El Watan le calvaire qu'elle a vécu au Caire. «Vendredi après le match, j'étais à la clinique. J'avais accouché la veille. Subitement, les médecins me parlaient avec haine, après avoir su que j'étais de nationalité algérienne. J'avais très peur et je ne comprenais même pas pourquoi cette animosité à mon égard. J'ai été obligée de quitter la clinique, en dépit du fait que je n'étais pas encore rétablie. Ils ont voulu entrer de force dans ma maison, heureusement qu'un des voisins m'a secourue. J'étais terrorisée.» Une autre femme raconte, avec le même ton, son cauchemar. «Ils ont tenté d'entrer chez moi. N'ayant pas réussi, ils ont brûlé tout le linge qu'ils ont trouvé étendus au balcon. Ils m'ont menacé avec des couteaux. L'occasion de pouvoir leur échapper m'étant offerte, j'ai pris mes trois filles et je suis sortie. Je suis restée 5 jours dans la ville à me cacher, avant de rentrer au pays. Je ne veux plus retourner dans ce pays. Je vais inscrire mes filles ici pour qu'elles puissent poursuivre leur scolarité.» «Ils sont rentrés dans ma chambre armés de couteaux» Ce sont les étudiants, qui sont en train de payer le plus lourd tribut. Blessés à coups de couteau, deux d'entre eux, arrivés sur des chaises roulantes, racontent le cauchemar qu'ils ont vécu. «Il était 3h30 du matin lorsqu'ils ont investi ma chambre, armés de couteaux. Ils ont mis à sac ma chambre et voulu me mettre dehors. Je me suis battu avec eux et lorsque les gardes sont arrivés, ils ont pris la fuite. J'ai reçu des coups à une main. Une fois évacué à l'hôpital, les médecins, ayant appris que j'étais algérien, ont complètement changé de discours vis-à-vis de moi. «Tfilik» (meurs !), me disaient-ils. Un autre Algérien, Mourad, raconte : «J'ai vécu une véritable terreur. En dépit de ma blessure et de mon traumatisme, ils m'ont laissé attendre des heures debout, me refusant même de me rendre aux toilettes. J'étais considéré comme un délinquant, alors que j'étais la victime. Ils étaient comme heureux de me voir dans cet état.» «Un de nos camarades a été agressé mercredi matin à coups de couteau» Les mêmes propos sont tenus par son camarade, lui aussi blessé à la jambe, alors qu'il se trouvait dans sa chambre d'étudiant. C'est en voulant se défendre contre une bande d'une trentaine d'assaillants qui faisait la chasse à l'Algérien qu'il a reçu deux coups de couteau. Il a perdu beaucoup de sang, avant d'être transporté à l'hôpital où les médecins lui ont fait subir le pire, tout simplement parce qu'il est algérien. «Jamais je n'ai été intéressé par le football. Je ne savais même pas qu'il y avait un match. J'entendais les étudiants parler de foot, mais à aucun moment je ne pensais que j'allais vivre autant de haine et d'humiliation. Une bonne partie des magasins ne vendent plus aux Algériens, et les cafés sont interdits à nos compatriotes. Nous n'avons plus le droit d'exhiber notre identité, au risque d'être lynchés par la foule. Aucun Algérien n'est à l'abri. Nous avons appris qu'un de nos camarades a été agressé mercredi matin à coups de couteau, alors qu'il se trouvait à la rue des Pyramides au Caire. Nous avons informé l'ambassade qui a tenté de prendre attache avec lui, mais son téléphone était éteint. Nous ignorons ce qu'il est devenu.»