Malek Benhacine Un Fonds d'investissement espagnol, appelé «Fonds Mediterrania», a été présenté, hier à Alger, en présence d'opérateurs économiques, investisseurs et représentants d'établissements spécialisés. Mediterrania, ce n'est pas la dernière entreprise de transport devant relier les deux rives de la «Mare nostrum», non, c'est un des instruments né du processus de Barcelone qui a pour vocation et pour mission de jeter sur nos rivages les fondements d'une zone de coprospérité. Il faut rappeler que le processus de Barcelone, né en 1995, a enregistré un certain nombre de réalisations dans divers domaines, jusqu'en 2005, et à propos desquelles les spécialistes des questions européennes ont des avis divers. Il est, aujourd'hui, une réalisation de ce processus sur laquelle les opérateurs économiques ne demandent qu'à voir. Il s'agit justement de «Mediterrania», ce fonds d'investissement qui se présente avec une devise encourageante «Capital Travail Constance» qui entend créer de la richesse au Maghreb (Algérie, Maroc et Tunisie), les autres membres de l'UMA ne sont pas concernés. Comment? En travaillant à la promotion des PME/PMI éligibles à la croissance. Beaucoup d'exclusion au départ. Seul le secteur privé est concerné. La privatisation des entreprises publiques ne semble pas intéressée à première vue. Le secteur de l'immobilier est exclu de même que le secteur des finances. Le secteur de l'agriculture n'est pas, non plus, concerné. Les entreprises «en difficulté» ne seront pas considérées comme prioritaires… Ce qui, finalement, doit créer de la richesse, ce sont les entreprises déjà riches mais qui pourraient l'être un peu plus. Comment intervenir? En accompagnant et en renforçant la croissance. Une injection d'argent, entre 1 et 7 millions d'euros est consentie. Des experts sont affectés sur les secteurs demandeurs de croissance et en mesure de la gérer. Le coût de l'opération, c'est une participation au capital de l'entreprise qui peut aller jusqu'à 49%. Le fonds ne tient pas à demeurer, indéfiniment, dans l'entreprise. A la fin de ce qu'il estime être sa mission, il vend ses parts au prix du marché à un tiers tout en tenant compte du droit de préemption du propriétaire de l'entreprise. Le projet a été présenté hier, à Alger, au siège de l'Algex en présence de représentants de la CACI, Chambre algérienne de commerce et d'industrie, et du FCE. Des explications ont été données, le débat qui a suivi les différents exposés a, semble-t-il, laissé beaucoup de chefs d'entreprises sur leur réserve. A première vue, et quelque soit la générosité du projet, des explications supplémentaires seront probablement nécessaires. D'ailleurs, des demandes en ce sens ont déjà été exprimées, notamment par la Chambre de commerce de Bejaïa, qui ne doit probablement pas être la seule. Mediterrania a vu le jour 3 ans après le processus de Barcelone. Dans notre pays, une seule entreprise, à Blida, est engagée avec ce fonds depuis 8 mois. C'est dire l'extrême prudence avec laquelle on s'engage dans ce genre d'opération qui demande, peut-être, plus qu'ailleurs, un temps de maturation encore plus long. Accompagner l'implantation En effet, créé dans le cadre du processus euro-méditerranéen de Barcelone, ce Fonds possède déjà un placement en Algérie à travers le financement d'une entreprise industrielle privée activant dans la wilaya de Blida dont il détient 49% du capital, a expliqué son directeur général, Albert Alsina Gonzalez. Précisant que ce Fonds propose de financer, pour des durées allant entre 5 et 7 ans, tous types de projets et d'entreprises à part ceux activant dans les secteurs de l'immobilier et des finances, M. Gonzalez a indiqué que son établissement s'engage également à financer les entreprises algériennes désirant se déployer en Europe et les européennes à s'implanter en Algérie. «Notre Fonds n'exige un financement contre des hypothèques et tolère la perte en cas d'échec du projet», a soutenu M. Gonzalez qui a exprimé un intérêt particulier à l'égard des secteurs de la santé et des énergies renouvelables en Algérie. Le «Fonds Mediterrania» a financé depuis sa création une trentaine de projets dans des pays tels que la Tunisie (agroalimentaire), le Maroc (distribution de télécommunications), l'Egypte ainsi que dans des pays d'Europe. Pour sa part, le représentant de la Chambre algérienne du commerce et de l'industrie (CACI), Mustapha Korichi a indiqué que la stratégie de ce «Fonds» est basée sur la coopération et le partenariat entre les pays et les hommes d'affaires des deux rives. De son côté, le représentant du Forum des chefs d'entreprises (FCE), Elhouari Attar, a mis en exergue la qualité des relations entre les entreprises et les hommes d'affaires algériens et espagnols, citant, dans ce contexte, le projet de réalisation d'un «pont logistique» entre le port d'Oran et celui de la ville espagnole Alicante dans le but d'encourager, notamment les échanges commerciaux entre les deux parties. M.B.