En visite hier en Algérie pour la troisième fois en tant que membre de l'exécutif français, la Garde des Sceaux, ministre française de la Justice, Michèle Alliot-Marie a estimé que « la relation entre la France et l'Algérie était sur le point d'entrer dans un nouveau rythme ». Dans un entretien paru hier dans le quotidien El Watan, l'ancienne ministre de l'Intérieur et de la Défense et probable successeur de François Fillon au poste de Premier ministre du gouvernement français a assuré que « la venue du président Bouteflika au sommet Afrique-France de Nice était un geste d'amitié qui a été très apprécié », du côté français. La ministre a également rappelé à ce propos les deux visites, cette année en Algérie, du secrétaire général de l'Elysée, et les contacts entre ministres français et algériens qui, d'après elle, « ont aussi permis d'établir un haut niveau d'ambition pour notre relation ». Mme Alliot-Marie s'est déclaré, dans le même entretien, « très attachée à la coopération franco-algérienne ». « Ce sera, précise-t-elle, d'ailleurs ma troisième visite sur ce thème à Alger, où je suis, en effet, venue comme ministre de la Défense, puis comme ministre de l'Intérieur ». Interrogée sur la question récurrente de la circulation des personnes entre les deux pays, la ministre française a assuré que « la France est prête à des avancées sur la législation sur la circulation des personnes », car, argue-elle, « celle-ci n'est plus avantageuse pour les Algériens ». Elle a noté, à ce propos, que l'accord de 1968 sur cette question a « déjà été amendé à trois reprises ». « Le droit commun a tellement progressé, que, sur certains points, le droit applicable aux Algériens qui devait être plus avantageux, est en réalité moins favorable », a-t-elle estimé. « Nous souhaitons que l'Algérie continue à bénéficier d'un régime spécial, plus favorable », a-t-elle ajouté, assurant que « la France est prête à ces avancées ». Dans le domaine judiciaire dont elle est chargée depuis 2005, « la coopération est dense et active » dans ses deux volets juridique et judiciaire, a-t-elle déclaré. Mme Alliot-Marie a évoqué des jumelages de cours d'appels françaises et algériennes « d'une ampleur unique au monde ». Et pour ce qui est de l'entraide judiciaire aux particuliers et aux entreprises, « je souhaite encore l'accentuer », a-t-elle promis. Mais, elle a aussitôt, indiqué que son pays avait « aussi des attentes, par exemple en matière de lutte contre l'immigration illégale ». Mme Alliot-Marie a également demandé « une véritable réciprocité entre le régime applicable aux citoyens algériens en France et celui applicable aux citoyens français en Algérie ». Interrogée sur les problèmes de gardes d'enfants dans des couples mixtes séparés, la ministre a fait état d' « une quarantaine de cas ». « Le cadre conventionnel en vigueur n'est manifestement pas satisfaisant », a-t-elle estimé. En ce qui concerne le non-lieu prononcé le 31 août pour le diplomate Mohamed Ziane Hasseni dans l'affaire de l'assassinat de l'opposant Ali Mecili, Mme Alliot-Marie a déclaré que « l'enquête se poursuivait sur d'autres pistes ». Et sur l'affaire des sept moines de Tibhirine, la ministre s'est contentée de dire que « les autorités algériennes coopéraient avec les magistrats français dans le cadre de commissions rogatoires internationales ».