En plus de la coopération judiciaire, plusieurs autres dossiers seront également abordés. La ministre d'Etat, garde des Sceaux, ministre de la Justice et des Libertés de la République française, Mme Michèle Alliot-Marie, effectuera à partir d'aujourd'hui, sur invitation du ministre de la Justice, garde des Sceaux, Tayeb Belaïz, une visite de travail de deux jours en Algérie. Officiellement, cette visite de Michèle Alliot-Marie sera axée sur la coopération juridique et judiciaire, précise un communiqué du ministère de la Justice. Accompagnée d'une importante délégation, Michèle Alliot-Marie s'entretiendra avec son homologue Tayeb Belaïz «sur l'évaluation de la coopération juridique et judiciaire et les possibilités de son développement et de son élargissement ainsi que sur le renforcement des relations entre les deux pays». Dans une déclaration à l'Assemblée nationale algérienne jeudi, Tayeb Belaïz avait souligné que «la coopération judiciaire et juridique entre Alger et Paris a donné des résultats probants». En plus de la coopération judiciaire, Michèle Alliot-Marie tentera de faire sortir de la grisaille les relations algéro-françaises, après de longs mois de tension en raison de l'accumulation d'un certain nombre de différends. D'ailleurs, il n'est pas exclu qu'elle ramène dans son escarcelle plusieurs dossiers lourds, notamment l'affaire des moines de Tibhirine, l'inscription par Paris de l'Algérie sur la liste des pays à haut risque terroriste, la révision des accords de 1968 sur l'immigration et la polémique ayant entouré l'affaire du diplomate Mohamed-Ziane Hasseni même si le non-lieu prononcé le 31 août a très certainement participé à vite ouvrir les portes d'Alger à la garde des Sceaux française. A ce sujet, la visite du Président Abdelaziz Bouteflika, plusieurs fois reportée, devrait être abordée comme l'avait souligné l'ambassadeur de France à Alger, Xavier Driencourt, qui avait indiqué qu'«il n'est pas exclu que les entretiens aboutissent à l'élimination des tensions dans les relations entre les deux pays, et de surmonter ce qui empêche une visite officielle reportée du Président Abdelaziz Bouteflika à Paris». Connue pour sa maîtrise du «dossier Algérie», pour s'être rendue à plusieurs reprises à Alger, en tant que ministre de l'Intérieur, et en tant que ministre de la Défense, la visite de Michèle Alliot-Marie à Alger devrait permettre à l'Algérie et la France d'aller de l'avant, soulignent certains observateurs qui révèlent que Michèle Alliot-Marie semble bien placée pour renouer le dialogue avec les responsables algériens sur nombre de questions, notamment celle de la lutte contre le terrorisme. D'autant que cette visite intervient après celles du secrétaire général de l'Elysée, Claude Guéant, en juin dernier, et de celle de Anne-Marie Idrac, secrétaire d'Etat française chargée du Commerce extérieur, en septembre dernier, en attendant la visite, prévue fin novembre prochain, de l'ancien Premier ministre, Jean-Pierre Raffarin, chargé de faciliter et de développer les investissements bilatéraux. Néanmoins, les mêmes observateurs ajoutent que Michèle Alliot-Marie tenterait d'arracher l'appui d'Alger pour son éventuelle nomination au poste de Premier ministre. «C'est un devoir d'être prête, si c'était la décision du Président», déclarait récemment Michèle Alliot-Marie dans un entretien accordé au journal Le Figaro. «Quand on arrive à un certain niveau de responsabilité politique, il faut se tenir informé de tous les grands dossiers et être prêt à répondre à toute demande», ajoute celle qui ne cache plus ses ambitions d'autant que le départ de Bernard Kouchner du Quai d'Orsay serait imminent. Un départ qui ne ferait que remettre au beau fixe les relations algéro-françaises. Un retour à la normale dont profiterait en premier lieu le président Nicolas Sarkozy à moins de deux ans de l'élection présidentielle.