Le phénomène des branchements illicites, piquages sur le réseau d'alimentation en eau potable, prend des proportions alarmantes à Oran. Cette pratique, qui concernait dans un temps récent les bidonvilles et les localités périphériques, s'est étendue aux quartiers résidentiels de la ville à l'exemple de Gambetta et de l'USTO. Ainsi, les services techniques de la société de l'eau et de l'assainissement d'Oran (SEOR) ont découvert quelques 200 raccordements illicites pratiqués sur le réseau d'alimentation en eau potable dans les quartiers d'Oran Est (Gambetta, USTO, HLM, etc.). Ces branchements illicites ont été découverts au cours des opérations de rénovation du réseau effectuées par les services de la SEOR. Ils ont été détectés au fur et à mesure avec l'avancement des travaux de rénovation. Les dossiers des mis en cause ont été transmis à la justice par la SEOR. Les pirates de l'eau seront poursuivis pour fraude et détérioration des canalisations d'AEP. Le plus surprenant est que les branchements illicites ont été même recensés au centre-ville, notamment au niveau de la rue Larbi Ben M'hidi, où la dernière opération de rénovation entreprise au niveau des canalisations d'AEP du centre-ville a permis de déceler des dizaines de piquages. Après la mise hors service des anciennes conduites d'eau potable de cette zone aux fins d'améliorer la qualité de distribution de l'eau, de nombreux auteurs de branchements illicites se sont présentés aux services techniques de la SEOR pour régulariser leur situation. Le basculement de l'alimentation en eau potable vers les nouvelles conduites a permis à la SEOR d'éradiquer de nombreux piquages. Les auteurs de branchements illicites se sont en fait retrouvés sans alimentation en eau potable après la mise hors service des anciennes conduites. L'année dernière la SEOR a recensé, rien que dans la ville d'Oran, plus de 3.000 branchements illicites au réseau d'AEP sur un ensemble de 90.000 abonnés. Les branchements illicites sont à l'origine de la détérioration du réseau de distribution publique de l'eau potable et des maladies à transmission hydrique (MTH). Ils sont également responsables de la hausse du taux des déperditions de l'eau estimé actuellement à 40%. Sur un apport journalier de 260.000 m3 d'eau, le taux des déperditions à Oran est de 40%, soit quelque 110.000 m3 d'eau/j. Ce taux élevé est provoqué par de nombreux facteurs est en particulier les piquages et la vétusté des canalisations ayant une moyenne d'âge de 50 ans. La SEOR a hérité respectivement de l'ADE et de l'ONA un réseau d'AEP de 2.446 km et un réseau d'assainissement de 1.345 km. Les deux réseaux datent du début du 20ème siècle et leur état est très en deçà des normes actuelles de distribution d'eau et de gestion de l'assainissement.