Un marché illégal de transport du courrier postal inter wilayas s'est instauré ces derniers temps à partir de la gare routière d'Alger, un phénomène considéré comme "déloyal" par les professionnels du secteur, mais jugé "très efficace" par des citoyens. En effet, des réseaux illégaux de transport du courrier postal, composés de chauffeurs de taxis et bus inter wilayas, se sont organisés au niveau de la gare routière d'Alger, faisant ainsi concurrence aux transporteurs et distributeurs autorisés comme EMS, filiale de l'opérateur historique Algérie Poste. Face à cette situation, plusieurs opérateurs du courrier postal activant légalement se sont plaints auprès de l'Autorité de régulation de la Poste et des télécommunications (ARPT) de certains chauffeurs de taxis et de bus inter wilayas qui font la collecte, l'acheminement et la distribution du courrier et colis, moyennant des sommes d'argent, au profit de personnes physiques et morales. Approché par l'APS au niveau de la gare routière du Caroubier, Tahar, un chauffeur de taxi raconte qu'auparavant il acceptait à titre gracieux d'acheminer vers des régions reculées des lettres ou documents administratifs que des citoyens lui ont confiés, mais cela a changé, dit-il, depuis que des représentants d'entreprises s'adressent de plus en plus aux taxis pour transporter leurs courriers vers d'autres wilayas. Un citoyen ayant l'habitude d'envoyer périodiquement des colis à sa famille résidant dans la région de Biskra explique avoir choisi ce type de transport pour sa rapidité et son efficacité. Néanmoins, déplore-t-il, les transporteurs exigent environ 200 DA pour une simple lettre et jusqu'à 1.000 Da pour un colis. Son ami attend, quant à lui depuis une demi-heure, un taxi en provenance de Laghouat pour récupérer un document essentiel et important pour compléter son dossier de recrutement dans une entreprise. Satisfaction "Si on me l'avait envoyé par voie postale régulière, je devrais attendre au moins une semaine ou plus", estime-t-il, sans toutefois cacher sa satisfaction de recevoir le jour même ses documents, en contrepartie d'une somme d'argent et d'une attente, de l'arrivée du taxi, qui pourrait durer longtemps. Selon un autre utilisateur de ce réseau d'acheminement, jugé "illégal", les gens sollicitent de plus en plus les transporteurs inter wilayas, qui se sont révélés, à leurs yeux, "plus efficace et instantanés" en matière de remise de courrier et tous autres objets à envoyer. "Il existe des réseaux d'opérateurs agréés mais l'habitude à fait en sorte de confier le courrier beaucoup plus aux chauffeurs de taxis et bus qui rendaient ce service à titre amical ou par solidarité sociale. La demande s'est tellement accrue qu'on exige aujourd'hui une contrepartie financière", estime de son côté, Mustapha, dont la famille réside à Constantine. L'ARPT souligne pour sa part la nécessité de sensibiliser les citoyens quant au sort qui sera réservé à leur courrier confié à des distributeurs illégaux. Elle a invité les citoyens à passer par les canaux réglementés tout en les mettant en garde contre la perte et/ou la destruction de leur courrier, étant donné qu'aucune voie de recours ne leur est garantie, contrairement à celle offerte par les professionnels certifiés activant dans le transport du courrier postal. Toutefois, afin d'enrayer ce fléau, l'Autorité de régulation envisage, en concertation avec le ministère des Transports, d'organiser ce marché, en permettant à certains taxis et bus à transporter dans un cadre légal le courrier postal.