Le ministre de la Communication, Mohamed Saïd, a estimé jeudi à Sidi Bel-Abbès, que l'invasion des chaînes radiophoniques étrangères était une situation «anormale» à laquelle il y a lieu de «mettre un terme». Présidant une séance de travail qui a regroupé des responsables locaux et des élus de la wilaya de Sidi Bel-Abbès, ainsi que le directeur général de l'entreprise TDA, le ministre a relevé que «les stations de radio étrangères envahissent les ondes et perturbent la réception au niveau des différentes wilayas et sur le littoral» (…). Cette situation est «anormale» et «il y a lieu d'y mettre un terme», a-t-il estimé. Dans ce contexte, M. Mohamed Saïd a constaté que «des lenteurs et des retards ont été enregistrés dans la recherche de solutions pour faire face à cette situation qui prend une ampleur de plus en grande, au moment où la couverture de la radio nationale reste encore insuffisante». Il a rappelé que les services de son ministère avaient reçu dernièrement des lettres de citoyens dans lesquelles ils se plaignaient des difficultés rencontrées en matière de réception des programmes radiophoniques nationaux et locaux en raison de cette invasion des ondes étrangères. «La gravité de la situation m'a poussé à programmer cette visite dans la wilaya de Sidi Bel-Abbès qui assure la diffusion des programmes radiophoniques à travers 13 wilayas de l'ouest et du sud-ouest du pays», a-t-il souligné. «La sécurisation de la diffusion des programmes nationaux contre cette invasion étrangère et la garantie de la bonne qualité de la diffusion sont des questions relevant de la souveraineté nationale», a ajouté le ministre, tout en réaffirmant que «l'Etat est déterminé à régler ce problème, comme il l'est pour lutter contre l'agression contre le pays représentée par l'introduction sur son territoire de tonnes de drogue». M. Mohamed Saïd a instruit l'entreprise de télédiffusion nationale (TDA) à redoubler d'effort pour éliminer toutes les zones d'ombre et de non couverture. Concernant la télévision TNT, lancée en été 2010, le ministre a annoncé que le taux de réception de ses chaînes atteindra les 85% à la fin du mois de décembre prochain. Dans ce contexte, il a estimé que des campagnes doivent être menées en direction des citoyens pour les informer de ce mode de réception qui «met le pays à l'abri de toute dépendance sur le plan de la diffusion satellitaire». Le ministre a également souligné la nécessité de revoir la carte d'implantation des émetteurs pour régler le problème de réception des programmes radiophoniques et télévisuels nationaux. Auparavant, M. Mohamed Saïd a suivi un exposé, sur le plan de développement des installations de TDA, présenté par le directeur de cette entreprise, M.Abdelmalek Houyou. Celui-ci a expliqué que les retards rencontrés dans la mise en œuvre de ces projets sont dues «aux difficultés de faire aboutir les avis d'appels d'offres, trop souvent infructueux». De son côté, le responsable du développement auprès du ministère de la Communication, Ahmed Bensalem, a rappelé que d'importants budgets sont consentis au profit de l'entreprise TDA pour développer et moderniser ses installations et ses services. «Ces sommes représentent entre 55 et 60 % du budget du ministère de la Communication», a-t-il ajouté. Auparavant, M. Mohamed Saïd a visité le centre TDA de la commune de Sidi Hamadouche qui couvre la zone allant de Blida jusqu'à la région frontalière ouest et le centre TDA de Tessala, où il a constaté des défaillances en matière d'entretien et de maintenance de certains équipements et installations. Carte de presse: l'avant-projet sera soumis demain aux organes de presse Mohamed Said a par ailleurs annoncé que l'avant-projet portant sur la carte nationale professionnelle des journalistes sera soumis dimanche prochain aux organes de presse. Dans une déclaration à la presse au terme de sa visite dans la wilaya, le ministre a indiqué que la commission consultative indépendante installée depuis plus d'un mois a achevé son travail préliminaire en élaborant une mouture de l'avant-projet qui sera envoyé dimanche aux entreprises de presse pour enrichissement par les journalistes. Dans ce contexte, il a ajouté que l'avant-projet qui sera transmis aux entreprises d'information publiques et privées n'est autre qu'une plateforme ouverte au débat, annonçant l'ouverture d'une page web sur le site du ministère comportant un espace pour enrichir cet avant-projet par des opinions et propositions de journalistes. M. Mohamed Said a indiqué que cette commission se réunira une nouvelle fois pour réélaborer l'avant-projet conformément aux propositions et avis recueillis pour faire l'objet d'un second débat à travers des rencontres régionales qui se tiennent directement avec les journalistes, ajoutant que celles-ci seront ponctuées par la formulation définitive du projet qui sera soumis au gouvernement. Dans ce cadre, le ministre a réaffirmé que le gouvernement ne fait aucune distinction entre la presse publique et privée. M. Mohamed Said a ajouté que la carte nationale professionnelle déterminera qui est journaliste professionnel en lui ouvrant l'accès à l'information et constituera une protection pour lui à condition qu'il respecte l'éthique et la déontologie de la profession. Le nombre de personnes exerçant dans le domaine de la presse a atteint 5.500 en Algérie, a encore indiqué le ministre, faisant remarquer cependant que rien n'atteste que ce sont tous de vrais journalistes, d'où la nécessité de mettre en place des conditions et des critères qui seront soumis à débat en vue d'organiser la profession de journaliste. Il a au passage affirmé qu'il n'y a «aucun préjugé là dessus». «Nous pourrons déterminer qui est journaliste professionnel par l'installation du conseil de déontologie puis l'autorité de régulation de la presse écrite où seront élus sept journalistes professionnels par d'autres journalistes professionnels», a également déclaré M. Mohamed Said. La presse publique ne bénéficie que de 22 % de la publicité de l'ANEP En outre, le ministre a annoncé que la presse publique ne bénéficie que de 22% du marché publicitaire de l'Agence nationale d'édition et de publicité (ANEP). «Seulement 22 % du marché publicitaire de l'ANEP vont à la presse publique, alors que 78 % vont au secteur privé», a affirmé le ministre Mohamed Saïd qui a ajouté que le journal public El Moudjahid vient en 6e position des journaux qui bénéficient du marché publicitaire de cette agence publique, après 5 journaux privés, a-t-il indiqué signalant que l'ANEP couvre simplement 66 % du marché publicitaire national. La régulation et l'organisation du marché publicitaire figure dans le plan d'action du développement du secteur de la communication en Algérie, a ajouté le ministre. La promotion de la communication institutionnelle est un «grand objectif» de ce plan d'action du développement du secteur qui sera présenté au gouvernement en septembre ou octobre prochain, a-t-il encore annoncé. Le plan de formation au profit des journalistes des secteurs public et privé sera finalisé également au mois de septembre prochain, a souligné M.Mohamed Saïd.