Le dernier rapport du cabinet de consulting britannique, Oxford Business Group, s'est penché sur le projet cher au président Sarkozy, l'Union pour la Méditerranée. Le document estime qu'à un mois du lancement officiel de l'UPM, l'Algérie ne s'engage à rien et attend des précisions sur la finalité de cette Union avant de se prononcer sur son adhésion au projet, s'appuyant ainsi sur les résultats du Forum méditerranéen (Formed) qui réunissait, à Alger les 5 et 6 juin, les ministres des Affaires étrangères de la région. Les dirigeants des pays arabes concernés se sont par la suite retrouvés le 10 juin à Tripoli pour tenter de dégager une position commune sur cette Union, qui doit donner un nouvel élan à la politique de coopération entre l'Europe et les pays du sud de la Méditerranée. Néanmoins, le projet suscite de vifs débats au sein des pays du Nord comme du Sud, l'Algérie en tête.L'Algérie a réservé sa réponse et ne s'engage à rien, estime le rapport. Le 6 juin dernier, au cours du Formed qui s'est tenu à Alger, Mourad Medelci, chef de la diplomatie algérienne, a demandé des "clarifications" sur le projet et notamment sur les conséquences de l'entrée d'Israël dans le processus. Mourad Medelci a estimé que ce n'était pas à l'UPM de "faire la normalisation" des relations entre Israël et les pays arabes. Mais le même jour, le président Sarkozy affirmait que la présence d'Israël ne posait "pas de problème" à des pays arabes comme l'Egypte, la Tunisie et le Maroc. Autre point d'achoppement : la gouvernance et la structure de la future Union. M. Medelci a exprimé ses craintes sur le processus de prise de décision dans la future Union, l'objectif de consensus et de consultation des pays du Sud. A cet égard, le projet suscite l'inquiétude de plusieurs pays arabes dans la mesure où l'UPM accorderait la priorité aux intérêts européens et à ses préoccupations relatives à l'émigration et à la sécurité. "La majeure partie des pays membres partage des interrogations communes et davantage d'efforts doivent être fournis afin d'arriver à une vision complémentaire et unifiée sur ce projet d'union", a dit Medelci à OBG. Le Nord et le Sud décideront ensemble des conditions de réussite de ce projet, a-t-il ajouté. Enfin, M. Medelci a fait part à OBG de son scepticisme à propos de la question de la libre circulation des personnes ainsi que la question des visas. Medelci répète que le projet n'a pas de raison d'être sans l'incorporation d'une dimension humaine de concert entre les parties. "Pour un nombre croissant de candidats à la migration vers le continent européen, l'Algérie est en voie de devenir non seulement un pays de transit, mais aussi une terre d'accueil. Cette nouvelle situation est assurément une source nouvelle de préoccupations pour les autorités algériennes, notamment en termes de sécurité, de santé et de pression sur le marché de l'emploi", a-t-il indiqué à OBG. Il a, par ailleurs, démontré l'intérêt de faire de l'UPM un relais entre l'Europe et l'Afrique : "La Méditerranée appartient à tous ceux qui, grâce à elle, peuvent rapprocher les distances. Celle-ci ne s'arrête pas à Alger, Tanger et Tunis, mais peut réaliser d'autres passerelles pour devenir un lien direct entre l'Europe et l'Afrique subsaharienne." "Pour l'Algérie, cette nouvelle initiative doit s'inspirer des expériences antérieures et s'inscrire dans une approche plus substantielle en termes de co-développement, de partenariat, de diversification des échanges comme elle se doit d'accorder une attention plus soutenue à la circulation des personnes qui sont en dernier ressort les véritables agents de cette coopération et les garants de sa pérennité", a conclu Medelci lors de son entretien avec OBG. Il a affirmé que c'est en fonction des réponses apportées que son pays déciderait de son adhésion au projet.