Les nouvelles mesures prises dans le cadre de la loi de finances complémentaire pour 2009 expriment le souhait du gouvernement algérien d'asseoir la compétitivité de l'économie nationale. Selon le cabinet de consulting britannique Oxford Business Group, la mise en œuvre de ces nouvelles mesures règlementaires met en évidence le souhait du pays de profiter davantage des activités des sociétés étrangères. "Il est évident, depuis un moment déjà, que le niveau de la production locale devrait être augmenté et l'Algérie cherche depuis longtemps à augmenter l'entrée de capitaux et de connaissances dans le pays", est-il noté dans un rapport publié hier. Selon ce même rapport, bien que la mise en œuvre rapide de ces nouvelles mesures ait soulevé des questions concernant leur opportunité pour le climat d'investissement local, elle montre aussi le souhait du gouvernement de consolider la compétitivité de son économie. Le cabinet britannique rappelle, dans ce sens, qu'au cours des dernières années, les recettes découlant des hydrocarbures ont permis d'obtenir d'importants excédents courants. Cependant, étant donné la baisse des prix du pétrole et la hausse des importations, la balance commerciale est sous haute surveillance. Ainsi, durant le premier semestre de 2008, la valeur des exportations a dépassé celle des importations de non moins de 22.21 milliards de dollars, alors que la valeur totale des importations s'élevait à 21.95 milliards de dollars pendant la même période. Cependant, à cause des fluctuations du prix du pétrole, les recettes d'exportations ont continué de baisser presque tout au long de 2009, alors que le niveau des importations, lui, continuait de monter. Par conséquent, le surplus commercial du pays était à 1.44 milliard de dollars après les sept premiers mois de l'année. D'où l'urgence de prendre des mesures. OBG précise, dans ce sens, que selon la nouvelle réglementation les entreprises étrangères d'importations doivent avoir un minimum de 30% de participations locales dans leur capital. Bien que l'incertitude concernant la date de mise en œuvre de cette mesure, notamment à savoir si cette dernière serait rétroactive ou non, ait duré plusieurs mois au début 2009, en juin dernier, le ministère des Finances a confirmé que la série de lois ne s'appliquerait qu'aux sociétés établies après le 28 juillet 2009. Oxford Business Group rappelle aussi que dans le cadre de la LFC 2009 les paiements liés aux importations doivent être garantis par une lettre de crédit. Cependant, en réaction à de lourdes critiques provenant de l'intérieur comme de l'extérieur du pays concernant l'alourdissement inutile de la bureaucratie et la hausse des coûts, l'Association des banques et des établissements financiers a indiqué, à la fin du mois d'août, que cette règle ne s'appliquerait ni aux produits semi- transformés ni à ceux qui sont "nécessaires à la production nationale ". De nouvelles précisions sont à venir. Aussi, OBG estime que malgré les amendements apportés dans les mois suivant la mise en œuvre de ces nouvelles réglementations, comme la révision de la rétroactivité et les exemptions liées aux exigences en matière de lettres de crédit, l'objectif de ces mesures est clair : augmenter l'importance du rôle des sociétés nationales dans le développement économique du pays tout en réduisant les importations au profit du développement industriel local. La cabinet de consulting britannique rappelle également que l'Union européenne (UE) a critiqué les mesures mises en place. Ainsi, à la fin juin, la commissaire européenne au commerce, Catherine Ashton, a exprimé son désaccord avec la décision des 30% dans une lettre adressée au gouvernement algérien, où elle a fait valoir qu'il s'agissait d'une violation de l'Accord d'association conclu, en 2008, entre l'UE et l'Algérie. En réaction à la critique de Mme Ashton, Hachemi Djaâboub, ministre du Commerce, a déclaré que l'Algérie "prenait ses décisions en toute souveraineté et que nul ne pouvait s'arroger le droit de lui dicter ce qu'elle devait faire. " "Toutefois, la décision prise en juillet, selon laquelle les mesures ne seront pas appliquées de façon rétroactive, a apaisé les préoccupations européennes ", note le rapport d'OBG, qui ajoute que la décision relative aux 51% a également provoqué beaucoup d'émoi dans la mesure où les sociétés nationales capables d'assumer ce type de poids financier sont très peu nombreuses et qu'elles sont majoritairement publiques. Ainsi et ayant prévu ces problèmes, le ministère des Finances a établi un Fonds national d'investissement de 2,1 milliards de dollars. Au cours de son lancement officiel en mars dernier, Karim Djoudi, ministre des Finances, a déclaré que cette entité avait pour mandat la "gestion des financements de projets d'investissements publics et du secteur productif, ainsi que la promotion du financement bancaire local au détriment de l'endettement extérieur".