Une forte explosion a secoué la wilaya de Relizane, dans la nuit de dimanche à lundi, vers 03h00. l'explosin, qui a effrayé la population, a eu lieu à Rouachdia dans la commune de Zemmoura, et a été entendu 20 km à la ronde. Selon des sources proches, le bilan provisoire fait état de 30 blessés, dont six ont subi des brûlures et leur état est jugé grave. Par ailleurs, l'explosion est la deuxième en l'espace de dix jours dans la même région et touche le même pipeline. Les causes de l'accident, cette fois sont dues, selon un communiqué de la Sonatrach, à la corrosion du gazoduc GZ3 42 reliant Hassi R'mel à Arzew. Il faut savoir qu'un pipeline a une durée de vie. Ce qui veut dire que si la corrosion est à l'origine de l'accident c'est que le pipeline a dépassé sa durée de validité. En outre, il faut noter que l'explosion de dimanche s'est produite à quelques centaines de mètres de l'incident qui s'est produit la semaine dernière. Une situation qui inquiète et traumatise la population de Relizane. Une catastrophe a été évitée de justesse. Du côté des autorités une autre cellule de crise a été mise en place pour déterminer les causes réelles de ces explosions. Selon les responsables de la Sonatrach, les dispositions ont été prises pour prendre en charge les victimes de l'accident et procéder au rétablissement des conditions de sécurité pour l'exploration du gazoduc. Cependant, la prise de ce genre de décisions après chaque explosion est-elle suffisante pour protéger la population de ce genre de catastrophe ? Qu'attendons-nous pour évacuer les milliers de familles algériennes qui dorment au-dessus de véritables bombes à retardement. La situation est alarmante. Plusieurs séminaires ont été organisés, d'importantes sommes ont été allouées à la sécurisation des zones industrielles mais cela n'a rien changé. Juste pour mémoire, sur les 60 établissements industriels à haut risque en Algérie, 43% de ces installations présentent des risques d'explosion, 42% des risques d'incendie et 16% des risques toxiques. Pire que cela, la majorité des habitations en Algérie ont été édifiées sur des pipelines. Cette situation fait état d'au moins 4 000 habitations à l'échelle du territoire national construites sur des pipelines, c'est-à-dire des gazoducs ou des oléoducs, soit une population d'au moins 28 000 habitants, qui se trouve sous la menace permanente d'explosions ou d'incendies. Le cas de Hassi Messaoud, qui regroupe près de 60 000 habitants, dont une bonne partie de logements a été édifiée sur des pipelines, montre le non-respect flagrant des normes de construction, le non-respect des périmètres de sécurité, d'où l'urgence, aujourd'hui, de délocaliser les zones industrielles. Sur le plan de l'aménagement du territoire, l'Algérie présente une spécificité, du fait de la concentration de la population dans le nord du pays. 65% des habitants résident dans le Nord occupant 4% de la superficie du pays, 25% dans les Hauts-Plateaux avec 9% de la surface et 10% dans le Sud, avec 87% de la superficie. C'est pour cette raison que le risque est immense. Ajouter à cela les installations industrielles, les voies de communication, les barrages. La surcharge de la population sur un territoire limité ainsi que la concentration de l'activité économique dans le Nord accroît le risque de catastrophes. D'autant que les experts constatent que l'activité pétrolière et gazière en Algérie présente 80% des risques majeurs (incendies, explosions, risques toxiques). Les efforts ont été consentis par la Sonatrach dans la prise en charge des conditions d'hygiène, sécurité et environnement (HSE). Les investissements en hygiène, sécurité et environnement (HSE) sont de l'ordre de 1,2 milliard de dollars, dont plus de 50% concernent l'amélioration de la sécurité des unités industrielles. Cet effort est déployé pour une meilleure prise en charge car cela est devenu une préoccupation majeure de la compagnie nationale depuis l'explosion dans le complexe de liquéfaction de Skikda, survenue en janvier 2004, qui avait occasionné 27 morts et 73 blessés et dévoilé ainsi des insuffisances dans la prévention des risques. Cependant, l'accident d'hier à Relizane vient de démontrer que les efforts consentis jusqu'à présent sont loin de permettre de maîtriser les catastrophes que ses installations peuvent générer.