Fort de son immense richesse pétrolière, l'émirat d'Abou Dhabi, qui a acheté cette semaine un grand club anglais de football et annoncé un investissement d'un milliard de dollars dans le cinéma, fait feu de tout bois pour s'imposer sur la scène mondiale. Dopé par des recettes pétrolières record du fait de la flambée des cours du brut, Abou Dhabi, le plus riche des sept membres de la fédération des Emirats arabes unis, multiplie aussi les investissements sur le plan local au point de se poser en rival de Dubaï, engagé dans des projets monumentaux comme la plus haute tour du monde et trois îles artificielles en forme de palmiers. Longtemps dans l'ombre de cet émirat voisin, Abou Dhabi s'est lancé dans des investissements tous azimuts après la mort en novembre 2004 de son souverain, cheikh Zayed ben Sultan Al-Nahyane, également fondateur et premier président des Emirats. Abou Dhabi a d'abord misé sur la culture et le tourisme haut de gamme en attirant, moyennant finance, la prestigieuse université française de La Sorbonne --qui a ouvert en 2006 une branche à Abou Dhabi-- puis le musée du Louvre. L'ouverture du "Louvre Abou Dhabi" est prévue en 2012. Un parc à thèmes, dédié aux studios Warner Brothers, a aussi été annoncé et l'émirat prépare un "Ferrari World" qui comportera dès 2009 un circuit de Formule 1. Abou Dhabi organisera ainsi à partir de l'an prochain un Grand Prix. Les responsables d'Abou Dhabi ne lésinent pas sur les moyens pour faire parler de leur émirat: une nouvelle compagnie, Imagenation Abu Dhabi, a ainsi été lancée mercredi avec pour mission d'investir un milliard de dollars pour la production de 40 films sur les cinq prochaines années, en partenariat avec les plus grandes firmes d'Hollywood et Bollywood, afin de faire d'Abou Dhabi une place forte de l'industrie du film. Cette initiative a été révélée deux jours après l'entrée remarquée de l'émirat dans le monde du football, avec l'annonce lundi de l'acquisition de Manchester City, club qui a engagé le même jour le Brésilien Robinho, 24 ans, en provenance du Real Madrid, pour 42 millions d'euros (près de 61 M USD). L'acquisition a été faite par l'"Abu Dhabi United Group for Development and Investment", un groupe d'investisseurs privés dirigé par cheikh Mansour ben Zayed Al-Nahyane, ministre des Affaires présidentielles et frère du chef de l'Etat des Emirats. Le nouveau patron de Manchester City, le milliardaire émirati Sulaiman Al-Fahim, qui veut de faire du club le plus grand du monde, a même affirmé mardi qu'il était prêt à débourser jusqu'à 165 millions d'euros pour s'assurer les services du Portugais Cristiano Ronaldo, qui joue pour Manchester United, le principal club de la ville. L'ambition semble désormais sans limite dans cet émirat dont le souverain, cheikh Khalifa ben Zayed Al-Nahyane, également président de la fédération, figure, avec une fortune estimée à 23 milliards de dollars, au deuxième rang des têtes couronnées les plus riches du monde, selon un récent classement du magazine américain Forbes. Le principal fonds souverain de l'émirat, l'"Abu Dhabi Investment Authority" (ADIA), doté de quelque 875 milliards de dollars, est aussi le premier au monde. Il est devenu en novembre 2007 l'un des principaux actionnaires de la banque américaine Citigroup en injectant 7,5 milliards USD dans cet établissement affaibli par la crise des "subprime" (crédits hypothécaires à risque). Fin septembre 2007, il avait acquis 7,5% de Carlyle, l'un des plus gros fonds d'investissement américains, pour 1,35 milliard de dollars, et aussi investi 500 millions dans un fonds détenu par Carlyle, qui, comme Citigroup, a été gravement touché par la crise des crédits hypothécaires. Mais Abou Dhabi investit aussi dans l'électronique. L'émirat a acquis en novembre 8,1% d'AMD (Advanced Micro Devices), le numéro deux mondial des microprocesseurs.