Les bourses asiatiques et européennes ont plongé hier alors que la crise financière se propageait en Europe, forçant les gouvernements à intervenir pour rassurer les épargnants, et que le plan de sauvetage des banques aux Etats-Unis ne rassurait personne.EvènementToutes les Bourses européennes chutaient à l'ouverture, dans le sillage des places asiatiques, avec -4,49% pour le CAC 40 à Paris, -4,15% pour le Dax à Francfort et -5,02% pour le Footsie à Londres. L'adoption du plan Paulson vendredi par la Chambre des représentants américaine n'a visiblement pas suffi à calmer les investisseurs. "On ne répétera jamais assez que, si la mise en place effective de l'ensemble des mesures du plan Paulson marquera très probablement une inflexion dans la crise actuelle, elle n'en signifiera pas la fin", commentait lundi matin Eric Vergnaud, économiste de BNP Paribas, en évoquant "de nouvelles dépréciations". Les opérateurs s'alarmaient notamment de la situation en Allemagne où Hypo Real Estate (HRE), la quatrième banque du pays, est au bord de la faillite et a fait l'objet d'un plan de sauvetage gouvernemental. Durant le week-end, l'Allemagne, l'Autriche et le Danemark ont tenté de rassurer leurs épargnants en annonçant des garanties exceptionnelles pour les dépôts des particuliers, dans la foulée de mesures similaires adoptées en cavalier seul le 30 septembre par l'Irlande. A Francfort, le Dax souffrait de la débâcle des titres bancaires, avec Hypo Real Estate en baisse de plus de 36,62% à 07H30 GMT --après avoir abandonné plus de 50% à l'ouverture, et Commerzbank de plus de 20%. Deutsche Bank perdait 6,43%, et Postbank 6,93%. Le ministre allemand des Finances Peer Steinbrück a déclaré lundi avoir "un plan B dans les tiroirs" pour venir à la rescousse du secteur bancaire allemand dans la tourmente, mais a refusé de dévoiler plus de détails. Ailleurs en Europe, les deux Bourses de Moscou, le RTS et le Micex, enregistraient des baisses respectives de 7,60% et 9,60% au bout d'une vingtaine de minutes d'échanges, le RTS chutant sous la barre psychologique des 1.000 points. La Bourse de Milan a ouvert en baisse de 3,45%, avec un plongeon de 13,4% pour Unicredit, Oslo cédait près de 7% quelques minutes après le début des cotations, et l'Ibex-35 madrilène abandonnait 4,1%. La Banque centrale européenne (BCE) a continué lundi ses opérations de soutien au marché, en annonçant coup sur coup dans la matinée un nouvel appel d'offre de maximum 50 milliards de dollars, et une nouvelle opération de drainage de liquidités portant sur un maximum de 220 milliards d'euros. De leur côté, les bourses d'Asie-Pacifique ont connu une nouvelle journée sombre lundi, affectées par la propagation de la crise financière en Europe et peu rassurés par le plan de sauvetage aux Etats-Unis. L'indice Nikkei de la Bourse de Tokyo a chuté de 4,25% en clôture, atteignant son plus bas niveau en plus de quatre ans et demi, les investisseurs japonais étant pessimistes quant à la santé de l'économie américaine et s'inquiétant de la remontée du yen face au dollar qui pénalise les exportations nippones. Les titres des grandes banques japonaises ont été fortement malmenés. "Avec du recul, l'adoption du plan (Paulson) est considérée comme l'étape la plus facile du processus", commentaient les analystes de RBC Capital Markets lundi, en ajoutant: "ce plan n'empêchera pas un ralentissement ou une récession aux Etats-Unis". "Maintenant que le plan de sauvetage financier est passé, l'attention se porte sur l'état réel de l'économie" américaine, a renchéri Akira Ishida, courtier chez Chuo Securities à Tokyo. La Bourse de Shanghai --fermée toute la semaine passée, en raison de la fête nationale du 1er octobre-- a clôturé en baisse de 5,23%, et la place de Hong Kong affichait une baisse de 3,4% à la mi-séance. Dans ce contexte, la Chine et le Japon vont discuter des moyens d'accélérer la création d'un fonds monétaire asiatique doté de 80 milliards de dollars permettant de protéger l'Asie de la crise financière, ont indiqué lundi des responsables sud-coréens. Après avoir réagi en ordre dispersé face à la crise financière, les ministres européens des Finances devaient tenter d'afficher un front commun lundi et mardi, dans le sillage du sommet des quatre pays de l'UE membres du G8 (France, Italie, Allemagne, Royaume-Uni) tenu samedi à Paris. La réunion mensuelle des 15 ministres des Finances de la zone euro lundi à Luxembourg, puis celle des 27 ministres de l'UE mardi, sera l'occasion de concrétiser l'engagement proclamé par les quatre grands de l'UE d'agir avec plus de cohérence face à la crise.