La crise financière, déclenchée par l'effondrement du marché immobilier américain, continue d'emporter sur son chemin les Bourses des pays d'Europe et d'Asie. Les marchés européens et asiatiques ont enregistré hier une importante baisse. La Bourse de New York a connu jeudi une séance cauchemardesque, la pire depuis le krach de 1987, alors que la crise financière persiste et se propage au reste de l'économie. Entraînées par les dégringolades de Wall Street, qui a chuté de 8%, les Bourses européennes, notamment celles de Londres, de Paris et de Francfort, ont frôlé les 10% de baisse, après une chute de 15% depuis lundi dernier. L'indice boursier japonais, le Nikkei, a cédé quant à lui de près de 10%. La première victime de la crise financière mondiale, dans ce pays, a pris forme à travers la faillite annoncée hier d'une compagnie d'assurances Yamato Life Insurance, qui laisse derrière elle 2 milliards d'euros de dettes. Plus grave encore, la contagion de la crise financière est passée à l'économie réelle. Selon les experts, la paralysie du marché interbancaire met aujourd'hui des établissements en faillite potentielle, dans la mesure où « les banques ne sont plus en mesure de prêter aux particuliers et aux entreprises, déprimant consommation, marché immobilier et investissement ». A titre d'exemple, l'Islande, dont les trois plus grandes banques ont été nationalisées la semaine dernière, attend une intervention du Fonds monétaire international (FMI) ou un prêt massif de la Russie. Alors que de plus en plus de banques se retrouvent au bord de la faillite, des tentatives de sauvetage sont lancées ici et là. Il y a quelques jours, l'Allemagne, l'Autriche et le Danemark ont tenté de rassurer leurs épargnants en annonçant des garanties exceptionnelles pour les dépôts des particuliers. Le plan Paulson, du nom du secrétaire américain au Trésor Henry Paulson, concepteur du programme de soutien au secteur financier adopté la semaine dernière, n'a pour l'instant pas réussi à ramener la confiance des investisseurs, à l'image des nationalisations partielles décidées par Londres et des baisses de taux lancées par six grandes banques centrales. Confrontée à d'urgents besoins de liquidités, la Banque centrale européenne s'est vu ainsi contrainte d'intervenir avec des opérations de soutien au marché pour drainer des liquidités d'une valeur de 220 milliards d'euros. Mais pour les experts, la crise est mondiale et ses effets seront dévastateurs à la fois sur les systèmes financiers, mais aussi sur le reste de l'économie. La plupart mis sur une récession mondiale en 2009 et un effondrement des profits des entreprises. Pour tenter de trouver une issue à cette crise, ou du moins limiter son impact, les ministres de l'Economie et des Finances ainsi que les gouverneurs des banques centrales des pays du G7, soit l'Allemagne, le Canada, les Etats-Unis, la France, la Grande-Bretagne, l'Italie et le Japon, devaient se retrouver hier en fin de journée à Washington afin de « parler de toutes les démarches pour faire face à cette crise et des moyens pour renforcer les efforts collectifs ». En attendant, beaucoup de pays du reste du monde s'inquiètent et s'interrogent sur l'impact que pourrait avoir cette crise sur leurs économies. L'Afrique et l'Algérie, plus particulièrement, sont-elles épargnées ? Selon un groupe d'experts financiers, « la crise financière qui frappe les pays occidentaux pourrait affecter la croissance économique africaine, si les pays du continent ne trouvaient pas rapidement des marchés alternatifs ». Et d'expliquer que « les exportations africaines vers les Etats-Unis et l'Europe pourraient être affectées par la baisse du pouvoir d'achat des Américains et des Européens ». En Algérie, des équipes de recherche, de travail et d'évaluation d'éventuels risques ont été installées, comme l'a rappelé, il y a quelques jours, le gouverneur de la Banque d'Algérie. Ce dernier a mis en garde contre trois éventualités qui risqueraient d'entraîner le système algérien dans la tourmente des chocs extérieurs de la crise, entre autres l'éventualité de la persistance de l'inflation importée en raison des importations des biens et services. La deuxième éventualité à prendre en considération, selon lui, est de voir le niveau de rendement de l'économie algérienne se ralentir. La troisième consiste à surveiller la volatilité des marchés énergétiques, car un retournement de situation dans le prix du baril de pétrole peut laisser penser à des impacts sur notre système. Hier, les cours du pétrole sont passés sous les 80 dollars, alors que les perspectives de demande s'annoncent en recul. Depuis ses records historiques du 11 juillet à plus de 147 dollars, le pétrole a cédé près de la moitié (47%) de sa valeur.