Le directeur général de l'Organisation des Nations uies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), Jacques Diouf, a appelé une nouvelle fois,mercredi,les leaders de la planète à organiser un Sommet mondial sur la sécurité alimentaire au cours du premier semestre de 2009 pour jeter les bases d'un nouvel ordre agricole mondial et trouver 30 milliards de dollars par an pour éradiquer rapidement et définitivement la faim. Prenant la parole devant les représentants de 191 pays membres réunis dans le cadre d'une session extraordinaire de la Conférence de la FAO à Rome, M. Diouf a jugé " indispensable, plus de 60 ans après (la création de la FAO), de créer un nouveau système de sécurité alimentaire dans le monde." "Il faut corriger le système actuel qui génère une insécurité alimentaire mondiale à cause des distorsions d'un marché international provoquées par les soutiens à l'agriculture, les droits de douane, les barrières techniques au commerce, mais aussi par une allocation déséquilibrée des ressources de l'aide publique au développement et des budgets nationaux des pays en développement", a-t-il ajouté. Le Sommet proposé par M. Diouf, devrait, selon lui, "assurer une plus grande cohérence dans la gouvernance de la sécurité alimentaire mondiale et jeter les bases d'un nouveau système d'échanges agricoles offrant aux agriculteurs des pays développés comme à ceux des pays en développement la possibilité de gagner dignement leur vie". "Ce Sommet, a ajouté M. Diouf, devrait en outre trouver 30 milliards de dollars par an pour créer des infrastructures rurales et accroître la productivité agricole du monde en développement". Engager une telle somme pour sauver l'humanité de la faim n'est pas déraisonnable quand on sait qu'il n'a fallu que quelques semaines pour réunir plus de 100 fois ce montant pour tenter de juguler la crise financière mondiale. Ce montant est modeste comparé aux 365 milliards de dollars consacrés en 2007 au soutien de l'agriculture dans les pays de l'OCDE et aux 1.340 milliards de dollars pour les dépenses militaires mondiales au cours de la même année dans les pays développés et en développement. Vers la fin octobre, lors de la célébration de la Journée mondiale de l'alimentation à New York en présence du président Bill Clinton et du Secrétaire général de l'ONU, et début novembre, dans son message de félicitations au président élu Barack Obama, M. Diouf avait proposé que les Etats-Unis jouent le rôle de chef de file pour la convocation du Sommet. Au cours du Sommet, les vefs d'Etat et de gouvernement devraient tomber d'accord sur la création d'un "Fonds d'intervention d'urgence" pour avoir une capacité de relance de la production dans les pays à faible revenu et fortement importateurs d'aliments, a indiqué M. Diouf. Pour atteindre cet objectif, M. Diouf a proposé de renforcer le Comité de la sécurité alimentaire mondiale (CSA) qui avait été créé après la Conférence mondiale de l'alimentation de 1974 pour l'examen et le suivi de la situation alimentaire internationale. "Mécanisme intergouvernemental, le CSA a un caractère universel. Il est ouvert à tous les Etats membres de la FAO et des Nations unies, et aux représentants d'autres institutions internationales, d'ONG, de la société civile et du secteur privé", a fait observer le directeur général de la FAO. Plus précisément, le rôle du CSA consisterait à empêcher les crises alimentaires internationales et à contribuer au développement et à la mise en œuvre des politiques nécessaires aux plans national, régional et international pour assurer la sécurité alimentaire dans le monde. Le CSA pourrait également servir de forum pour les débats sur les principes de sécurité qui devraient régir le système agricole international. Une de ses tâches serait l'analyse des risques et besoins futurs et la formulation de recommandations politiques appropriées. Pour sa part, l'Union européenne a débloqué le milliard d'euros promis par la Commission européenne en juillet aux fermiers des pays les plus pauvres. Cette somme sera débloquée en trois étapes: 260 millions avant la fin de l'année, 570 en 2009 et le solde en 2010. Ces fonds, surtout destinés à l'Afrique, serviront en priorité à des achats de semences et d'engrais, et au soutien des agriculteurs vivriers. L'UE, premier bailleur de fonds mondial pour l'aide humanitaire, avait fait de ce "milliard" un symbole. Sa décision intervient quelques jours après un appel record pour 7 milliards de dollars lancé par l'ONU afin de faire face aux situations d'urgence à travers le monde l'an prochain.