Le directeur général de Wataniya Télécom Algérie, Joseph Ged, n'en démord pas. A mesure qu'il multiplie les sorties médiatiques, ses discours prennent une tournure à la limite insensée. Hier encore, au cours du forum du quotidien arabophone El-Bilad, Joseph Ged a brillé par sa capacité de détourner les faits. Ses propos concernant des pratiques soi-disant "anticoncurrentielles qui minent le marché de la téléphonie mobile", ont un air de rengaine susceptible de lasser les plus obstinés. D'ailleurs, le DG de Nedjma n'y est pas allé par quatre chemins pour pointer du doigt et pour la énième fois, l'Autorité de régulation des postes et télécommunications, laquelle ne jouerait pas, selon lui, un rôle assez actif dans le marché. A l'entendre, l'"inaction" de l'ARPT serait en grande partie responsable du fait que Nedjma reste à un niveau plancher pour ce qui est des performances commerciales. On croit rêver. Pourtant, tous s'accordent à dire que l'échec n'est pas à mettre au crédit de la concurrence mais à la capacité d'une entreprise à gérer son évolution dans un environnement donné. La concurrence en soi ne peut que motiver l'innovation et l'initiative. Et plus est, un marché concurrentiel et libre ne peut qu'offrir la possibilité au consommateur de choisir les meilleurs. Ce n'est en tout cas pas la première fois. Ged a déjà avoué nourrir l'ambition de faire pression sur l'Autorité de régulation des postes et télécommunications pour la conduire à mettre en place un tarif plancher en dessous duquel aucun opérateur n'aura le droit de baisser ses prix le tout au dépend du consommateur. N'oublions pas non plus que lui qui se plaint de pratiques anticoncurrentielles, a brillé par ses actes dénués de toute déontologie. N'est-ce pas que Nedjma a recruté en tant que président du conseil d'administration, M. Ahmed Gaceb, quelques semaines à peine après qu'il ait quitté son poste de DG de l'ARPT. Quoi qu'il en soit, il a fallu 4 années à l'opérateur pour dégager un bénéfice qui reste tout de même très modeste. Cela reflète, d'ailleurs, le niveau de performance de l'entreprise. Prenons par exemple, les créations d'emplois. En quatre années, Nedjma passe à peine le cap des 1 600 emplois directs. Cela reste infime par rapport aux performances des autres opérateurs du secteur. Pour ce qui est du déploiement de l'infrastructure, il y a beaucoup de choses à dire. Si l'on interprète les propos de M. Ged, il aura fallu à Nedjma un investissement de 1 milliard de dollars pour mettre en place un réseau de 2700 sites BTS, une broutille quoi! Selon Ged, ce réseau couvre, et là tenez-vous bien, plus de 99 % de la population. Il n'est pas besoin d'être particulièrement féru de mathématiques pour se rendre compte que c'est un non sens. Il n'y a qu'à voir les investissements consentis et l'infrastructure déployée par les opérateurs du marché pour atteindre ce genre de résultats. Aussi, le fait que Joseph Ged ait avoué, hier, que Nedjma n'a pas dégagé de bénéfices est en soi un aveu d'échec. Au-delà des arguments publicitaires qui ont été avancés hier, et l'optimisme factice affiché par le premier responsable de l'entreprise, le discours tenu donnait plutôt l'impression que Joseph Ged voulait se justifier plus qu'autre chose. Celui-ci n'a eu de cesse de répéter de Nedjma est en Algérie pour le long terme. Une façon pour lui d'essayer de faire oublier le passif spéculatif de l'entreprise. Il n'y a pas si longtemps, l'opérateur appartenait à une institution spéculative, le Fonds d'investissements koweitien Kipco qui a vite fait de revendre l'opérateur à Qtel pour la bagatelle de 3,72 milliards de dollars, réalisant ainsi une plus-value exceptionnelle. Il est donc très malvenu de la part du responsable de cette entreprise de s'indigner lorsqu'on évoque les investissements spéculatifs.