La sortie du Premier ministre, hier, devant l'Assemblée populaire nationale dans une séance plénière consacrée à la présentation du plan d'action du gouvernement, portant poursuite de la mise en œuvre du programme du Président durant les quatre mois qui restent à l'actuel mandat, était l'occasion de présenter un mini bilan sur les différentes réalisations au niveau de plusieurs secteurs, notamment, la sécurité, le logement, le développement humain et quelques indices macro économiques. Quant au bilan de la mise en oeuvre du programme du président de la République, il sera rendu public fin janvier prochain. Toutefois, la crise financière mondiale et ses effets sur l'Algérie a été l'axe le plus important de ladite présentation. A ce titre , M. Ahmed Ouyahia a tenu à assurer qu'avec un baril à 30 dollars et des réserves de change à 50 milliards de dollars , l'Algérie sera à l'abri de la crise financière durant 5 ans , ce qui veut dire que l'Algérie pourra subvenir à ses besoins jusqu'à 2014. Dans son allocution devant les députés, le Premier ministre a souligné que la crise financière actuelle qui secoue le monde est à la fois sévère et brutale, et même si elle sera durable, l'Algérie a les moyens d'y faire face et de contrer cette crise grâce aux mesures et décisions prises par le président de la République, ces dernières années. A ce titre, il a cité le système financier algérien qui est à l'abri du fait de la révision en 2003 de la loi sur la monnaie et le crédit, ayant débouché sur "l'assainissement" de la place financière et la sanction par la législation de "toutes les institutions financières fragiles ou douteuses". Parmi ces mesures également, l'Algérie a décidé, en 2007, de surseoir à la privatisation de ses banques publiques, les mettant ainsi à l'abri d'une contagion par la crise du système financier dans le monde, ajoutant que l'Algérie a refusé "l'aventure des fonds souverains et décliné les appels à la convertibilité totale du dinar". Il a rappelé également la décision de remboursement anticipée de la dette extérieure en 2005, l'interdiction depuis 2004 de recourir à l'emprunt extérieur, la "prudence permanente" adoptée par la Banque d'Algérie dans le placement des réserves de change et la limitation des transferts des bénéfices par les sociétés étrangères. Dans ce contexte, Ouyahia n'a pas manqué de souligner que le gouvernement a été critiqué sur ces mesures par certaines parties et "quelques lobbies", sans donner de précisions.Revenant à la chute des prix des hydrocarbures qui affecte sensiblement les recettes du budget de l'Etat, il a rappelé les mesures décidées pour faire face à cette situation, notamment le création dès l'an 2000, du fonds de régulation des recettes, le financement du déficit budgétaire généré par les dépenses d'équipement et le remboursement anticipé de la dette publique interne. "La croissance hors hydrocarbures sera maintenue à 6% en 2009" Evoquant la situation économique du pays, le Premier ministre a affirmé que la croissance économique a été constante et appréciable depuis le début de cette décennie, malgré les difficultés passagères du secteur des hydrocarbures. Hors des hydrocarbures, la croissance a été de 6,3% en 2007. Elle sera de 6% en 2008 et se maintiendra à 6% également en 2009. Concernant l'investissement, il a fait remarquer qu'entre 2004 et 2007 seulement, l'investissement a atteint plus de 8 000 milliards de DA dans le pays, soit plus de 123 milliards de dollars, relevant aussi que les engagements du budget public ont atteint 5.300 milliards de DA soit plus de 80 milliards de dollars consommés. Pour ce qui est de la part de l'investissement des opérateurs économiques, il a souligné que ce dernier a atteint près de 2 700 milliards de DA soit 41 milliards de dollars, dont 18 milliards de dollars pour le secteur privé national dans des projets achevés ou en cours de réalisation. C'est ainsi que l'année 2008 a vu la mobilisation de près de 25% du PIB au titre du budget de l'économie.S'agissant de la stratégie industrielle, il a indiqué qu'elle a été parachevée et sera mise en oeuvre à un rythme soutenu, notamment à travers la mise à niveau des entreprises publiques disposant d'un plan de charge, et à travers la négociation de partenariats à même de renforcer les capacités en place y compris dans le domaine des services, de sorte que l'industrie locale puisse contribuer davantage à la croissance sur la base de la productivité et de la compétitivité. Au plan du développement humain, il a noté que les indicateurs se sont bien améliorés depuis 1999, citant à titre d'exemple l'espérance de vie qui est passée de 72,5 années à 75,7 années alors que la mortalité infantile a baissé de 36,9 pour 1000 à 25,8 pour 1000 tandis que la mortalité maternelle a baissé de 117,4 pour 100 000 à 86,9. Pour ce qui est du chômage, il a indiqué que ce taux a été réduit de 29% en 1999 à 11,8% en 2007, rappelant que pour la période 2004-2009 un engagement a été pris pour la création de 2 millions d'emplois. A la fin de l'année 2007 plus de 3 millions d'emplois ont déjà été créés. Concernant le secteur de l'habitat, M. Ouyahia a indiqué que la période allant de janvier 1999 à septembre 2008 a vu la livraison de 1.440.000 logements, précisant que pour le quinquennat en cours, l'objectif fixé était la réalisation de 1 million de logements et que de janvier 2004 à septembre 2008, près de 750.000 logements ont déjà été livrés alors que plus de 530.000 autres sont en chantier. "Le gouvernement a préparé un dossier relatif à la réduction de la dépendance alimentaire" S'agissant de la promotion de l'économie nationale, il a estimé que le secteur agricole qui a reçu près de 300 milliards de DA d'aides et les mesures prises dans le sens de l'encouragement de la réduction de la dépendance alimentaire seront consolidées à travers le dossier qui sera présenté lors de la conférence sur l'agriculture prévue dans les prochaines semaines.Quant au secteur de la PME, il fera l'objet d'incitations rationnelles y compris pour sa mise à niveau, a affirmé M. Ouyahia, qui a annoncé qu'un dossier "sera également finalisé" au début de l'année 2009 en vue de "dynamiser le secteur de l'habitat, notamment la promotion immobilière et le respect des règles d'urbanisme". Concernant le secteur économique public en général, notamment l'industrie, il a indiqué qu'"il verra la mise en oeuvre des mesures découlant de la stratégie industrielle".Le secteur du tourisme, pour sa part, a enregistré, selon Ouyahia, une renaissance préalable, avec plus de 230 projets réalisés par des privés nationaux, alors qu'une dizaine d'autres sont en voie de lancement avec des capitaux algériens ou étrangers.Pour ce qui est de la jeunesse, il a souligné qu'un programme a été élaboré "pour renforcer la synergie" des efforts publics en direction de la jeunesse, a réitéré que le gouvernement poursuivra ses efforts pour "l'encadrement de la jeunesse dans le but de la prémunir des fléaux sociaux". Ces efforts seront menés en y associant le système éducatif, la famille et la société, à travers notamment les associations de jeunes, selon lui.Globalement, 118 maisons de jeunes ont été réalisées entre 2004 et 2008 au profit de la jeunesse et les activités de jeunes, alors que 120 autres centres de la jeunesse sont en construction, dont 100 seront livrés avant le mois de mars 2009.En outre, il a affirmé que le gouvernement poursuivra les réformes destinées à améliorer l'environnement autant pour les citoyens que pour une activité économique saine, ainsi que la promotion de l'économie nationale, les réformes de la justice, l'amélioration de l'efficacité de l'administration locale, la modernisation des services de contrôle commercial, de l'inspection du travail, des impôts et des douanes tout comme le renforcement des services de police et de gendarmerie.La poursuite de ces réformes "tend à assurer le respect de la loi par chacun, à garantir l'ordre public au bénéfice de chaque citoyen et à combattre l'activité parasitaire et les différentes formes de fraude qui entravent l'économie productive", Il a également indiqué que le gouvernement poursuivra la finalisation des projets de révision des codes communal et de wilaya, de la fiscalité locale des lois relatives au contrôle de l'exécution du budget public ainsi que la mise en place de la contractualisation des soins dans les hôpitaux. Cela constituera des "mutations destinées à rationaliser davantage la dépense publique et à lutter plus efficacement contre le gaspillage et les détournements".Par ailleurs, le gouvernement s'engage à rassurer la transparence durant les présidentielles d'avril 2009 et réunir les conditions d'une campagne électorale sereine, avec notamment la mobilisation de 600 000 agents administratifs. Selon le Premier ministre, le président qui sera élu pourra élaborer un nouveau programme de relance économique s'il le souhaite.