Les forces armées pakistanaises ont poursuivi vendredi leur offensive dans la vallée de Swat suscitant l'inquiétude de l'Onu qui évoque un "déplacement massif" de populations civiles. Les forces gouvernementales, agissant sur ordre du Premier ministre Yusuf Raza Gilani, ont annoncé avoir tué 143 insurgés au cours des dernières 24 heures dans ce bastion des islamistes. "Quelque 143 rebelles ont été tués dans la vallée de Swat", a déclaré le général Athar Abbas, sans que ce bilan puisse être confirmé par une source indépendante. "Sur ordre du gouvernement, l'armée est maintenant engagée dans une opération de grande envergure pour éliminer les rebelles", a-t-il ajouté. "Ils sont en déroute et ils tentent d'empêcher les populations civiles de fuir la région", a-t-il poursuivi. Des chasseurs et des hélicoptères de combat pakistanais ont de nouveau bombardé vendredi des positions tenues par les taliban dans la vallée tandis que les troupes au sol affrontent environ 4.000 à 5.000 combattants islamistes. Quelque 15.000 soldats pakistanais sont engagés dans cette opération, a précisé Abbas, reconnaissant que celle-ci se révélait difficile. Le général n'a pas fourni de date pour une éventuelle reprise du contrôle de la région "Ils (les taliban) connaissent la zone, le terrain est idéal pour une guérilla ou une insurrection, ils ont donc un grand avantage", a expliqué Abbas, ajoutant que les objectifs de l'armée restaient "le rétablissement de l'ordre étatique". Alors que les combats se sont intensifiés, des milliers de civils ont fui leurs habitations et les ONG ont mis en garde contre le risque d'une crise humanitaire. Citant des chiffres fournis par les autorités de la province, l'agence de l'Onu pour les réfugiés a annoncé que 200.000 personnes ont fui les violences et que 300.000 sont sur le point de faire de même. Ces réfugiés viennent s'ajouter aux quelque 550.000 personnes déplacées dans d'autres régions en raison des affrontements qui se poursuivent depuis le mois d'août. Jeudi, le Premier ministre Gilani avait jeté les bases d'une offensive d'envergure contre les islamistes en assignant à l'armée la mission d'éliminer tous les combattants rebelles de cette vallée située à 130 kilomètres au nord-ouest de la capitale, Islamabad. Lors de son intervention télévisée, tard jeudi soir, le chef du gouvernement pakistanais n'a pas formellement annoncé le lancement d'une offensive, mais a répété qu'Islamabad ne fléchirait pas devant les terroristes. "Afin de rétablir l'honneur et la dignité de notre patrie et de protéger notre peuple, les forces armées ont reçu l'ordre d'éliminer les insurgés et les terroristes", a dit Yusuf Raza Gilani. Cette décision fait suite aux entretiens qu'a eus le président Asif Ali Zardari à Washington avec Barack Obama, qu'il a assuré mercredi de sa détermination à réduire l'influence d'Al Qaïda et de ses alliés au Pakistan. Ce ton ferme, accompagné d'un renforcement des opérations militaires, suscite la satisfaction des Américains. Le secrétaire à la Défense, Robert Gates, a estimé que les taliban avaient trop présumé de leurs forces en attaquant la région de Buner, en plein Pakistan, et qu'ils s'étaient heurtés à une riposte vigoureuse de la part de l'armée pakistanaise. Des milliers d'habitants de la vallée de Swat avaient profité jeudi de la levée temporaire du couvre-feu pour fuir les combats.