Les travaux d'aménagement et de restauration du camp colonial de sinistre mémoire dans la localité de Ksar Ettir, commune connue actuellement sous le nom de Ksar El Abtal, situé au sud de Sétif, seront réceptionnés dans les prochains jours. Cette opération, inscrite dans le cadre de la conservation du patrimoine culturel et historique de la Révolution, est destinée, selon ce responsable, à protéger les symboles de la Révolution pour vaincre l'oubli et pour que les générations montantes puissent connaître l'atrocité des crimes colonialistes. Les travaux d'aménagement de ce camp ont été lancés en 2008 avec une enveloppe financière de 40 millions de DA. Pour lui faire conserver l'aspect qui était le sien à sa construction en 1956, le site a été élargi pour atteindre une superficie de 6.500 m2, dont 121,5 m2 abritent les cellules de la prison. Les travaux devaient également permettre la réalisation d'une salle de conférences, un hall d'exposition, un salon d'honneur, une salle des archives et une bibliothèque, a précisé le P/APC. Selon les responsables de la direction des Moudjahidine de la wilaya de Sétif, le camp de Ksar Ettir était "l'un des plus grands sites de détention construits par l'armée coloniale". C'était un centre de détention et de torture où les geôliers pratiquaient toute sorte de sévices, d'humiliations, de lavages de cerveau et de travaux forcés. Pendant six ans, des détenus étaient contraints de piocher la terre à l'intérieur du camp, de la pétrir de leurs pieds nus, de concasser les mottes de terres, puis de refaire indéfiniment la même opération, indiquent les témoignages conservés par la direction des Moudjahidine.Souvent, des détenus étaient réveillés au milieu de la nuit pour se tenir debout, pieds nus, sur des tessons de bouteilles, ou se voir plongés, tous nus, dans de l'eau glacée, au milieu des insectes et des reptiles, en plein hiver, selon ces témoignages. Des Moudjahidine, les Moussebiline et des militants civils de la cause nationale, arrêtés parfois de façon arbitraire dans toutes les régions du pays, étaient conduits de force au centre de la grande place de ce centre pour saluer le drapeau français et "glorifier la France", racontent des survivants. Jusqu'à sa fermeture en 1961, le camp de Ksar Ettir "accueillait plus de 3.000 détenus enfermés derrière trois lignes de barbelés parallèles de six mètres de hauteur, jalonnées de projecteurs et continuellement parcourues de chiens de garde, indiquent les rescapés. En 1973, Ksar Ettir, désormais commune prospère relevant de la daïra de Ain Oulmène, a été baptisé Ksar el Abtal en reconnaissance de l'héroïsme du peuple algérien.