La rencontre autour de "la portée spirituelle dans le patrimoine national amazigh" a focalisé, lundi à Béjaïa, sur la sociologie de l'expansion culturelle musulmane, notamment dans la région du Maghreb. Les intervenants ont souligné la réaction "positive" des populations locales qui ont "d'emblée adhéré à la nouvelle religion, à ses principes, ses fondements et globalement à sa philosophie". Cette adhésion, ont-ils relevé, est intervenue dans un contexte caractérisé, sur un plan spirituel, par une prééminence des croyance païennes et accessoirement de la religion chrétienne, selon Seddouk Seti, de l'université Stambouli de Mascara. L'avènement de l'Islam, a-t-on ajouté, a conforté les Amazighs en guerre permanente avec les occupants successifs de la Numidie (byzantins, vandales, romains, etc) dans leur résistance. Le ministre des Affaires religieuses et des wakfs, Bouabdallah Ghlamallah, a affirmé que "l'islam ne s'est pas répandu pour gouverner mais pour montrer le vrai chemin de la piété", d'où cette adhésion volontaire à l'islam, mettant en relief le façonnage progressif "d'une culture propre qui s'est exprimée dans la langue du saint Coran". Allaoua Amara de l'université de Constantine, a évoqué, pour sa part, la "naissance d'une nouvelle vocation locale nourrie à la religion musulmane". Ces approches autant que leur argumentaire ont été développés pour battre en brèche certaines théories orientalistes reposant sur l'idée de l'invasion militariste du Maghreb à partir du V eme siècle, accompagnée, de leur point de vue, d'une résistance farouche de prés de 70 ans de ses populations. Les autres conférences ont mis en évidence le caractère délibéré de l'intégration du Maghreb d'abord à la civilisation arabo-musulmane et universelle ensuite, et dont l'articulation n'a pu se produire que par l'engagement du peuple amazigh et de ses élites pour la cause. Dans un souci pédagogique et en guise d'argumentaire, les intervenants ont fait revisiter les années lumières et de rayonnement qui ont marqué l'Andalousie ou Bejaia au moyen âge. Une vingtaine de conférence sont au menu de ces rencontres, qui se déroule en présence d'une pléiade de chercheurs en sciences sociales (histoire, sciences politiques, etc..), et d'hommes de culte ainsi que du ministre des affaires religieuses. M. Ghlamallah a mis à profit cette rencontre pour s'enquérir de l'état d'avancement de chantiers relevant de son secteur, notamment la construction d'un nouveau siège pour la direction de wilaya des affaires religieuses, et d'un centre culturel islamique à Béjaïa. Il s'est rendu également dans la localité de Seddouk où il s'est enquis des travaux d'achèvement de la zaouïa de Sidi-Ahmed-Ouyahia, situé dans le village d'Amallou. R.R