Le remplacement de la notion du patrimoine culturel amazigh par celui du patrimoine culturel algérien est désormais souhaitable. Le Café littéraire, un espace culturel organisé en marge du Salon du livre, poursuit son programme conférence-débat, lancé depuis l'ouverture du Salon. Le patrimoine culturel amazigh a été en débat, samedi dernier. Invité à cet espace, l'écrivain universitaire, le Dr Mohamed Akli Haddadou, s'est longuement exprimé sur le patrimoine culturel amazigh. En début de conférence, le Dr Haddadou a souligné que l'utilisation de la terminologie et des concepts liés à la culture et au patrimoine en Algérie est récente. «Avant les années 90, on parlait soit de la culture arabe, soit de la culture arabo-musulmane. Or, actuellement, on parle du patrimoine culturel amazigh», a déclaré le conférencier. Cette évolution terminologique reflète, selon le conférencier, la volonté des autorités publiques de jeter un regard dans le rétroviseur de l'histoire ancestrale. Donner aujourd'hui à la notion du patrimoine culturel amazigh une dimension nationale, reste très possible et même souhaitable en remplaçant cette notion par celle du patrimoine culturel algérien. Ce chercheur linguiste a précisé, sur ce point, que «le fait de parler de patrimoine algérien, on rassemble toutes les autres dimensions qui le forment en tant que patrimoine.» C'est-à-dire tout le legs laissé par nos ancêtres aux quatre coins du pays, s'inscrit dans le patrimoine culturel algérien. Dans le même contexte, il a insisté pour que l'on ne se focalise pas uniquement sur une langue et les régions berbérophones où l'on parle la langue amazighe mais parler plutôt de patrimoine culturel algérien. «Cette notion reconnaît une dimension nationale, car être Amazigh ne signifie pas uniquement parler la langue amazighe». Soulevant encore d'autres exemples et précisions inhérentes à cette vision, le linguiste a souligné que tous les aspects matériels tels que l'art, les noms de lieux et de personnes, l'art culinaire, les coutumes et les traditions ainsi que le mode vestimentaire, s'inscrivent tous dans le patrimoine amazigh. Sur la même voie, il ajoute que la langue seule n'exprime pas toute la dimension de cette notion. «On trouve des régions arabisées qui possèdent plus de noms berbères que les régions où l'on parle la langue. Il y a des wilayas dans l'ouest du pays qui utilisent plus de 80% de noms berbères. Donc, ces régions et leurs populations expriment leur patrimoine par des choses immatérielles». Concernant la langue amazighe, qu'il a qualifiée de réalité sociologique, M.Haddadou, a relevé qu'elle «est en train de vivre en Algérie, un important développement». Par ailleurs, la société targuie a été au centre des débats dans le même espace, et ce avec la participation de plusieurs figures de la culture nationale. Le sociologue Lahcène Marmouri, qui est venu spécialement d'illizi, a souligné que l'autorité traditionnelle dans la société targuie ne peut être appréhendée en dehors de son contexte socio-historique. Le professeur a présenté, à cette occasion, son étude intitulée: «Les Touareg entre l'autorité traditionnelle et l'autorité française au début du 20e siècle». Il a rappelé le système d'autorité dans la société targuie qui, selon lui, est conférée à un Amenokal, assisté dans sa mission par un conseil de chefs de tribus, dans ce qui s'assimile à une confédération, dans la terminologie politique moderne.