Le président du Parlement somalien, Cheikh Aden Mohamed Madobe, s'est prononcé, hier, pour l'envoi immédiat de troupes en provenance des pays voisins pour aider le gouvernement de Mogadiscio attaqué par les islamistes. Ces dernières 48 heures, deux députés ont trouvé la mort dans des affrontements de plus en plus violents entre les forces gouvernementales et des radicaux islamistes qui cherchent à prendre le pouvoir. En mai, les miliciens d'al Chaabab ("Jeunesse") ont accentué leur offensive contre le gouvernement d'union nationale (Gun). Jeudi, ils ont tué le ministre de la Sécurité ainsi que 30 autres personnes dans un attentat suicide à la voiture piégée. Le lendemain, les islamistes ont tué un autre élu dans le nord de la capitale, Mogadiscio. "Nous demandons à la communauté internationale et aux pays voisins d'intervenir immédiatement en Somalie", a lancé le président de l'assemblée lors d'une réunion du Parlement convoquée de toute urgence alors que les insurgés marchent sur le palais présidentiel. "Nous voulons qu'ils arrivent dans les 24 heures", a-t-il dit. "Nous sommes contraints de faire cette demande en raison de l'escalade des violences. Ceux qui se battent contre le gouvernement sont commandés par un (ancien) général de l'armée pakistanaise, ils brûlent les drapeaux et tuent la population." Vendredi, le Kenya a prévenu qu'il ne resterait pas les bras croisés et ne permettrait pas une nouvelle détérioration de la situation en Somalie, son voisin du Nord, en raison des risques de déstabilisation de l'ensemble de la région. Nairobi, d'autres capitales d'Afrique de l'Est ainsi que les chancelleries occidentales redoutent qu'une poursuite de l'anarchie n'incite des groupes radicaux liés à la nébuleuse Al Qaïda à gagner du terrain et à menacer la stabilité des voisins de la Somalie. Selon le Kenya, l'Union africaine est prête à renforcer son contingent de 4.300 soldats censés maintenir la paix, baptisé Amisom, et à consolider l'action de la police somalienne. Un porte-parole de Chaabab a toutefois mis en garde Nairobi contre toute intervention. "Le Kenya a affirmé ces quatre derniers mois qu'il attaquerait les moudjahidine d'Al Chaabab. S'il met sa menace à exécution, nous nous retournerons contre ce pays et détruirons les gratte-ciel de Nairobi", a confié à la presse cheikh Hassan Yackoub à Kismayo, cité portuaire du sud de la Somalie limitrophe du Kenya. Les combats qui ont éclaté le 7 mai à Mogadiscio et fait quelque 300 victimes sont les plus acharnés depuis plusieurs années et les analystes estiment que les chances de règlement négocié s'éloignent de plus en plus. En 2006, Addis-Abeba était intervenu militairement en Somalie pour soutenir le gouvernement de Mogadiscio contre les islamistes. Le corps expéditionnaire éthiopien s'était retiré au début de l'année mais des habitants cités par certains médias somaliens affirment que des soldats éthiopiens ont repassé la frontière. R.I