Adolescents habillés comme leur héros de manga préféré et férus de jeux vidéo ont rendez-vous jusqu'aujourd'hui, à Japan Expo, le salon des loisirs japonais qui fête son dixième anniversaire aux portes de Paris. Quelque 150.000 visiteurs sont attendus au Parc des expositions de Villepinte (Seine-Saint-Denis) avec pour principal leitmotiv de pouvoir partager leur "passion" pour cette culture. "Je viens à Japan Expo depuis ses débuts car je suis fan des mangas depuis mon enfance. C'est le seul moment de l'année où l'on se retrouve entre personnes qui ont la même passion", affirme Grégoire Chassin, 29 ans. Vêtu d'un kimono orange et coiffé d'une perruque blonde, il explique vouloir ressembler à Sangoku, le héros de Dragon Ball. Le cosplay (contraction des mots anglais "costume" et "play"), une activité consistant à se déguiser en un personnage de manga ou de jeu vidéo, est adopté par nombre de visiteurs qui se font prendre en photo dans les allées du salon. Portant une crinière et une robe roses avec des oreilles de chat, Mélanie Grison, 19 ans, souligne que "le cosplay, c'est le plaisir de ressembler à son héros préféré et celui de se faire complimenter par d'autres personnes". "Si on ne m'arrêtait pas pour me parler de ma tenue, je serais déçue", ajoute-t-elle en prenant la pose devant un objectif. Les accoutrements vont du plus simple -un masque avec des cheveux blonds pour ressembler à Naruto- aux plus complexes, mêlant coiffure, vêtements et accessoires et nécessitant un long temps de préparation. "Dès la fin de la précédente Japan Expo, je savais déjà comment j'allais m'habiller cette année. Il m'a fallu six mois pour confectionner ma tenue", lance fière d'elle Mathilde Lefevbre, 16 ans, tunique rose, cape rouge et bâton à la main comme l'un des personnages principaux du logiciel Final Fantasy VII. Même les personnalités originaires du Japon invitées au salon confient être surprises en voyant l'ampleur de ce phénomène en France. Le producteur Ryota Niitsuma, venu présenter le jeu de combat "Tatsunoko Vs Capcom", raconte ainsi qu'il a été "stupéfait en voyant tous ces gens déguisés". "Même si je savais que c'était assez répandu en Occident, je ne pensais pas en voir autant. On se croirait presque à un salon japonais", lance-t-il dans un grand éclat de rire. Le jeu vidéo occupe d'ailleurs une large place sur le salon et plusieurs éditeurs japonais comme Capcom, Nintendo et Konami proposent d'essayer leurs prochaines productions en avant-première. "ça fait des années que je l'attends", assure Lionel Marchand, 25 ans, sans quitter des yeux l'écran projetant une bande-annonce du jeu "Tekken 6" et trépignant d'impatience avant de pouvoir accéder à une des bornes de démonstration. Des files d'attente se forment également aux stands des différents éditeurs de mangas, où les fans peuvent aussi bien patienter pour acheter le dernier numéro de leur série fétiche que pour obtenir une dédicace d'un mangaka (auteur de manga, ndlr). "Je n'ai pas réussi à avoir un autographe", se lamente Sophie Adjovi, 15 ans, après avoir échoué à approcher les quatre femmes du studio Clamp, présentes pour la première fois en Europe depuis leurs débuts il y a vingt ans. L'adolescente, les larmes aux yeux, rejoint sa mère au stand dédié à l'ikebana (art floral), émerveillée devant un bouquet tout juste composé. "Le bruit et les déguisements, très peu pour moi. Après les fleurs, j'irai voir la cérémonie du thé. Ce sont les rares endroits où je suis sûre d'être au calme", dit-elle. L.T