Hamid Karzaï recueille 41% des voix à la présidentielle en Afghanistan, deux points de plus que son principal rival, l'ancien ministre des Affaires étrangères Abdullah Abdullah, après dépouillement d'un dixième des suffrages exprimés, a annoncé le président de la commission électorale. Dès la fin de la semaine dernière, les partisans du président sortant et ceux d'Abdullah Abdullah avaient revendiqué la victoire dès le premier tour. L'ancien ministre des Affaires étrangères a ensuite accusé le camp Karzaï de fraudes massives avant et après le scrutin de jeudi. L'envoyé spécial du président américain en Afghanistan et au Pakistan, Richard Holbrooke, a lancé un appel à la prudence à l'annonce des premiers résultats, jugeant qu'ils pouvaient être "trompeurs". "Cela ne porte que sur 10% des suffrages, il est trop tôt pour se prononcer", a-t-il souligné alors qu'il rentrait d'une visite dans la région. Le décompte donne pour l'instant 10.000 voix d'avance à Karzaï sur Abdullah, après dépouillement de 524.000 suffrages. Ramazan Bashardost, membre de la minorité hazara, arrive troisième avec 11% des voix, et l'ancien ministre des Finances Ashraf Ghani recueille 3% des suffrages. La participation serait décevante, avec seulement cinq millions de votants sur 15 millions d'électeurs potentiels, les insurgés islamistes ayant menacé de s'en prendre à tous ceux qui se rendraient dans les bureaux de vote. "Nous ne permettrons pas à la fraude de décider qui est le vainqueur. Il ne fait aucun doute que nous avons affaire à une fraude à grande échelle, à l'initiative des autorités", a déclaré Abdullah à des journalistes avant même la publication des premiers résultats. Il a ajouté qu'il n'avait nullement l'intention de conclure un accord avec Karzaï et de se retirer de la compétition. "Je ne conclurai pas d'accord avec qui que ce soit (...) Je défendrai votre voix", a-t-il dit. Le décompte final ne devrait pas être disponible avant le 3 septembre, date à laquelle sont prévus les résultats préliminaires complets. Les Nations unies ont appelé les candidats et les électeurs à se montrer patients pendant que la commission électorale vérifie les résultats. Les enquêtes d'opinion effectuées avant le vote donnaient un avantage à Karzai mais pas une majorité suffisante pour éviter un second tour face à Abdullah, probablement en octobre. Le scrutin s'est déroulé dans un climat de tension en raison des menaces proférées par les taliban. Des attaques sporadiques se sont produites dans le pays le jour de l'élection et la campagne d'intimidation des islamistes a produit ses effets, en particulier dans les régions du sud. Le taux de participation a été réduit dans ces régions où vivent des Pachtounes favorables à Hamid Karzaï. Toutefois, c'est également dans ces régions que les allégations de fraude sont les plus nombreuses. Une commission chargée du contentieux électoral a indiqué avoir enregistré au moins 250 plaintes pour irrégularités, dont 35 qu'elle considère comme prioritaires. Cette élection constitue un test pour la stratégie du président Barack Obama qui a renforcé la présence militaire américaine en Afghanistan. Sur le terrain, les violences se sont poursuivies. Quatre soldats américains ont été tués mardi par une bombe dans le sud du pays, ce qui fait de 2009 l'année la plus meurtrière pour les troupes de l'Otan depuis la chute des taliban en 2001. Au total, 295 membres de la Force internationale d'assistance à la sécurité (Isaf) ont trouvé la mort en Afghanistan cette année, selon le site internet icasualties.org, qui tient un décompte des victimes. En 2008, 294 soldats de l'Isaf ont été tués en Afghanistan.