Les autorités afghanes et les forces internationales présentes au pays ont dit leur satisfaction quant au bon déroulement des élections. Les observateurs faisaient, toutefois, part de leur inquiétude du fait de la faiblesse de la participation. Les camps des deux principaux candidats à la présidentielle afghane, le président sortant et favori Hamid Karzaï, et Abdullah Abdullah, affirmaient chacun être en tête, vendredi au lendemain du scrutin. La Commission électorale afghane n'a pas confirmé ces annonces, fondées sur des résultats partiels, soulignant qu'il était trop tôt pour proclamer un résultat. Adrian Edwards, porte-parole de la mission de l'ONU en Afghanistan, très impliqué dans l'organisation des élections, a également appelé à la patience. «Il n'y a aucun résultat tant que la Commission électorale n'a pas annoncé de résultat. Le reste n'est que spéculation», a-t-il renchéri. Le porte-parole de la commission électorale, Zekria Barakzaï, a annoncé dans la matinée que le dépouillement du scrutin présidentiel était «terminé», en précisant que le taux de participation pourrait tourner autour de 40 à 50%. Le chiffre définitif doit être annoncé d'ici quelques jours. La participation n'était pas la même dans le nord, le sud et le centre du pays, mais cela est toujours satisfaisant, a-t-il ajouté. La Commission n'a pas donné de chiffre de participation concernant les élections provinciales, également tenues jeudi. Au même moment ou presque, le directeur de campagne du président Karzaï affirmait que son candidat avait remporté la présidentielle dès le premier tour, selon des chiffres fournis par ses observateurs sur le terrain. «D'après les informations que nous avons obtenues jusqu'ici, nous pouvons affirmer qu'il n'y aura pas besoin de second tour, nous sommes en tête», a déclaré Din Mohammad. Quasi simultanément, l'équipe de l'ancien ministre des Affaires étrangères, Abdullah Abdullah, principal rival de Karzaï, rétorquait que son candidat était largement en tête, selon des résultats partiels. «Les résultats que nous avons reçus de nos observateurs depuis les bureaux de vote nous disent que jusqu'à maintenant, nous recueillons 63% et Hamid Karzaï 31%», a annoncé Sayed Aqa Fazil Sancharaki, porte-parole de la campagne d'Abdullah. «Ce ne sont pas des résultats finaux (...) Nous en aurons peut-être terminé demain», a-t-il ajouté. La Commission électorale a refusé de confirmer ces annonces. «Nous ne pouvons pas confirmer (...), nous allons attendre de recevoir les feuilles de résultats», a dit son porte-parole, en demandant aux équipes des candidats d'être «prudents sur leurs annonces, et patients». Selon un sondage publié avant le scrutin par un institut américain, l'International Republican Institute (IRI), Hamid Karzaï arriverait en tête au premier tour avec 44% des voix, suivi par Abdullah Abdullah à 26%. L'élection présidentielle afghane, la seconde de l'histoire mouvementée du pays, et les scrutins provinciaux avaient pris fin jeudi à 16h00 (11h30 GMT). La Commission électorale a indiqué jeudi soir que 95,5% des bureaux de vote avaient pu ouvrir leurs portes en dépit des violences. Le dépouillement avait alors immédiatement commencé dans les bureaux de vote même, et s'est poursuivi jusque tard dans la nuit. Les taliban avaient appelé au boycott du scrutin, qu'ils qualifiaient d'«imposture orchestrée par les Américains», et juré d'attaquer les bureaux de vote. Le bain de sang redouté n'a pas eu lieu, les violences restant limitées. Mais nombre d'observateurs craignent une forte abstention. Une faible participation saperait la crédibilité de ces élections, déjà entachées par des accusations de fraudes et d'irrégularités diverses, sur lesquelles les autorités électorales ont promis d'enquêter au cas par cas. L'équipe d'Abdullah Abdullah a ainsi déposé «30 plaintes très précises» auprès de la Commission électorale.