L'Iran a affirmé hier que les quinze marins britanniques capturés dans le Golfe ont tous "reconnu" être entrés illégalement dans ses eaux territoriales, après la diffusion de nouvelles images des captifs jugée "inacceptable" par Londres. "Tous les marins qui ont été arrêtés par l'Iran ont reconnu être entrés illégalement dans les eaux territoriales iraniennes," a déclaré le présentateur de la chaîne d'information IRINN dans un bulletin en arabe, sans autre détail sur ces aveux présumés. Après deux "témoignages" successifs diffusés la semaine dernière, la télévision iranienne a encore montré dimanche soir des images de deux autres marins capturés le 23 mars, filmés devant une carte de la région du Golfe, qui admettent leur "intrusion" dans les eaux territoriales de l'Iran. La diffusion de cette troisième séquence a été qualifiée d'"inacceptable" par le Foreign Office."Nous avons été capturés apparemment à cet endroit, d'après leur carte et les relevés GPS qu'ils nous ont montrés, qui se trouve à l'intérieur des eaux territoriales iraniennes", admet l'un des marins, le capitaine Chris Air. Puis son compagnon, le lieutenant Felix Carman, apparaît devant la caméra."Je voudrais dire au peuple iranien que je peux comprendre pourquoi il est tellement en colère contre notre intrusion dans leurs eaux", dit-il, selon la séquence diffusée sur la chaîne britannique Sky News, le son ayant été occulté par la télévision iranienne. Malgré ce nouvel épisode médiatique et l'affrontement verbal qui se poursuit entre Londres et Téhéran, les deux capitales assurent maintenir des contacts directs pour essayer de trouver une sortie à la crise. Le ministre de la Défense britannique, Des Browne, a ainsi annoncé dimanche que Londres menait des "discussions bilatérales directes" avec l'Iran pour obtenir la libération de ses marins. Ces contacts ont été confirmés par un responsable iranien à Téhéran. Les contacts "n'ont jamais été interrompus, donc il n'y a pas eu besoin de les reprendre", a pour sa part affirmé un responsable iranien sous couvert de l'anonymat. Il a néanmoins affirmé que la seule femme du groupe, Faye Turney, n'avait finalement pas été libérée, comme l'avait annoncé Téhéran la semaine dernière, en raison de déclarations de certains ministres britanniques jugées hostiles. La diffusion la semaine dernière par la télévision iranienne de trois lettres attribuées à la jeune femme, âgée de 26 ans, ainsi que des premières images de Faye Turner et de l'un de ses compagnons, avait été jugée scandaleuse par Londres et envenimé la crise. Le président iranien Mahmoud Ahmadinejad a plusieurs fois depuis la capture des marins dénoncé "l'arrogance" de Londres et réclamé des "excuses" du gouvernement britannique. Celui-ci, qui a gelé ses relations bilatérales avec l'Iran, a reçu le soutien de l'Union européenne et de Washington, qui ont exigé la libération immédiate des marins, qualifiés "d'otages" par le président américain George W. Bush. Les marins avaient été capturés à l'embouchure du Chatt al-Arab, le fleuve qui sépare l'Iran et l'Irak, par des Gardiens de la Révolution iraniens. L'Iran soutient qu'ils se trouvaient alors dans ses eaux territoriales. La Grande-Bretagne assure au contraire qu'ils effectuaient une mission de routine dans les eaux irakiennes.