La réunion du Forum des pays exportateurs de gaz, qui s'ouvre aujourd'hui dans la capitale qatarie, Doha, marque à nouveau les débats, plus que passionnés, sur les enjeux du marché mondial de l'énergie. De prime abord, c'est les inquiétudes soulevées par les pays consommateurs, l'Occident en premier lieu, qui attirent le plus les regards. Ces derniers, depuis des mois déjà, ont fait montre de craintes à l'idée d'une éventuelle création d'un cartel des pays exportateurs de gaz. Les représentants des pays membres du Forum, n'ont pas cessé d'affirmer que l'idée d'une " OPEP de gaz " est loin d'être à l'ordre du jour de la réunion d'aujourd'hui. M. Chakib Khelil, ministre algérien de l'Energie et des Mines, a déclaré à cet effet, que la question d'un cartel de gaz n'est pas inscrite à l'agenda de la réunion de Doha, même si, il n'a pas écarté l'éventualité de voir certains des participants soulever cette question lors des débats. Dans tous les cas de figure, comme cela est de coutume, les pays consommateurs s'empressent toujours à donner l'alerte, avant l'heure, dès que les pays producteurs d'énergie s'apprêtent à réussir un consensus autour des efforts à fournir pour réguler le marché. Au-delà de la réunion d'aujourd'hui, il y a lieu de reconnaître que les mutations qui traversent ces derniers temps le marché mondial de l'énergie sont plus que favorables à un consensus entre les pays producteurs afin de parvenir à réorganiser le marché et maîtriser toutes les fluctuations qu'il subit sans discontinuité. Outre Chakib Khelil, le ministre russe de l'Industrie et de l'Energie, Viktor Khristenko, dont le pays est l'un des leaders du marché mondial de gaz, a rassuré les pays consommateurs qu'un cartel de gaz ne peut en aucun cas avoir lieu avant 10 ou 15 années. Le représentant du Kremlin ira jusqu'à s'inscrire en porte-à-faux avec le parallèle qui est fait avec l'Opep du pétrole en déclarant que cette dernière a été créée en réaction à l'apparition d'un marché mondial du pétrole. Pour ce qui est du gaz, le ministre russe estime qu'un marché mondial n'aura aucune chance d'émerger avant 10 ou 15 ans. Un délai avant lequel la création d'un cadre unificateur des pays exportateurs de gaz ne pourra jamais avoir lieu, estime le ministre avant de s'en prendre au monde occidental, à qui, il reproche la tendance à l'alarmisme, en déclarant que "la menace sur les prix brandie par les consommateurs (l'Occident) ne peut être considérée que comme un épouvantail". En tout cas, même si sa constitution n'est pas envisagée à court terme, mais il n'en demeure pas moins que la structuration du marché mondial de gaz autour d'un cartel est incontournable. Cette idée fait de plus en plus l'unanimité au sein des opinions publiques des pays producteurs, notamment dans les pays où cette énergie est considérée comme l'une des principales sources de revenu. En Algérie, la conviction d'aller vers une " Opep de gaz " a déjà pris corps. Tel que cela a été expliqué par Ahmed Ouyahia, secrétaire général du RND, jeudi dernier, "si la création de cet genre d'organisation aura pour objectif la défense des intérêts économiques des pays producteurs de gaz, il faut la soutenir indiscutablement sans accorder de l'importance aux inquiétudes de l'Occident dont les alertes sont habituelles dès que les pays fournisseurs d'énergie tentent d'unifier leurs rangs ".