Comme il était attendu, la question de la création d'une Opep du gaz a été évoquée, hier à Doha, lors du Forum des pays exportateurs de gaz (FPEG). Cependant, l'annonce, très redoutée par les clients, de la concrétisation de l'initiative, n'a pas eu lieu. Le Forum envisage plutôt la mise en place d'un groupe de travail pour la création d'une organisation du gaz. La création effective de ce groupe, annoncée hier par M. Chakib Khelil de Doha, aura lieu lors de la prochaine session du Forum prévue à Moscou. Le ministre a ajouté que ce groupe aura pour mission "d'identifier les modalités de développer et d'organiser le marché du gaz". "Nous ne pouvons pas parler actuellement d'une organisation de gestion du marché du Gaz, ce dernier étant différent de celui du pétrole régi par des contrats à court terme", a-t-il soutenu. Selon M. Khelil, qui préside la délégation présente à Doha, la création d'une telle organisation pourrait être envisagée si l'industrie gazière connaissait un net développement à l'échelle mondiale, ce qui est, dira-t-il peu probable, la liquéfaction du gaz ne représente qu'un taux infime du volume du marché mondial. Le ministre de l'Energie et des Mines a également déclaré, en marge de la rencontre, que le forum des principaux producteurs mondiaux de gaz évoluera vers une organisation de type Opep sur le long terme, mais qu'une telle transformation ne se fera pas en un jour. "A long terme, nous irons vers une Opep du gaz", a-t-il conclu. De son côté, un membre de la délégation russe a affirmé qu'"aujourd'hui, il est prématuré d'évoquer l'institution d'un cartel. Cependant, eu égard à la mondialisation du marché du gaz, une telle structure deviendra un jour une nécessité". Par ailleurs, le sommet de Doha a insisté sur la coopération entre producteurs et consommateurs. En effet, le ton a été donné à l'ouverture de la rencontre par le Premier ministre qatari, cheikh Hamad Ben Jassem Al-Thani, qui a appelé à "plus de coopération avec les pays consommateurs pour garantir la stabilité du marché mondial sur la base de conditions justes, assurant les intérêts de toutes les parties". Reprochant à "l'Occident de réagir négativement", le ministre qatari du Pétrole a estimé qu'"ils devraient s'asseoir avec nous et discuter avant de nous imposer des règlements et nouvelles taxes. Nous devrions créer la confiance entre producteurs et clients et envoyer un message positif plutôt que de nous montrer du doigt les uns les autres". "Je déteste ce nom de cartel. Nous ne sommes pas un cartel. Nous sommes simplement ici pour examiner nos intérêts", a expliqué le ministre Qatari, Abdullah al-Attiyah. Son homologue iranien, Seyed Hamaneh, assurait également qu'"il n'y a pas de discussion dans cette réunion au sujet d'un cartel". "Ce n'est pas la question. Nous sommes ici pour échanger des vues sur les questions techniques et sur les marchés". Et MM. Al-Attiyah et Hamaneh de préciser que l'objectif de ces deux jours est de renforcer la coopération entre exportateurs afin de créer un marché stable à l'échelle mondiale. D'autres ministres ont expliqué que la création d'une Opep du gaz paraissait très hypothétique, car les producteurs fournissent chacun différents territoires et fixent généralement leurs prix sur la base de contrats à long terme. Cette attitude des producteurs confirme donc les positions de certains pays quant à l'improbabilité de la mise en place d'un tel cartel à cour terme. En effet, le ministre russe de l'Energie, Viktor Khristenko, a ainsi affirmé qu'aucun document lançant la création d'un cartel du gaz ne serait signé à Doha. Même si Vladimir Poutine a récemment jugé l'idée intéressante, le ministre russe de l'Energie, Viktor Khristenko, a suggéré que le forum soit intégré à un dialogue mondial sur l'énergie entre pays producteurs et pays consommateurs. Le représentant iranien à l'Opep, Hossein Kazempour Ardebili a, pour sa part, déclaré samedi que les producteurs voulaient seulement renforcer leur coopération pour garantir la fourniture des marchés internationaux.