Tout le gratin de l'industrie pétrolière mondiale s'est donné rendez-vous aujourd'hui, à Paris, à l'occasion du Sommet pétrolier organisé par l'Institut français du pétrole, la revue Pétrostratégies et la société de conseil SPTEC. Prévue de longue date, cette réunion intervient à un moment particulièrement délicat caractérisé par un marché extrêmement tendu en rapport aux tensions géopolitiques entre l'Iran et la Grande Bretagne. Ces tensions ont fait bondir les cours de l'or noir. Alors qu'ils oscillaient depuis le début de l'année entre 50 et 60 dollars le baril, ils ont atteint un plus haut depuis sept mois à Londres, dans la nuit de lundi à mardi, à 69,58 dollars. Ce sommet s'annonce un des plus importants d'autant que les participations du ministre du Pétrole émirati Mohammed Al-Hamili, président en exercice de l'Opep, de celle d'Abdullah Ben Hamad Al-Attiyah, son homologue du Qatar, du conseiller du ministre saoudien du Pétrole et du directeur des études de l'Opep donneront à ce sommet un air de "mini-Opep". L'Algérie, pour sa part sera représentée, en l'absence du ministre de l'Energie, par le président-directeur général de la société nationale des hydrocarbures Sonatrach, M. Mohamed Meziane. Parmi les autres participants, on cite le P-DG de Total, Christophe de Margerie, celui de Royal Dutch Shell, Jeroen van der Veer, ainsi que des représentants des compagnies américaines Chevron et norvégienne Norsk Hydro, qui prendront également part aux trois tables rondes de ce sommet. La présence en force des ténors de l'Opep à ce sommet traduit leur volonté de rassurer le marché, alors que la crise des otages britanniques en Iran fait de nouveau flamber les prix du brut. Même si les tensions entre la Grande-Bretagne et l'Iran n'ont pas entravé à ce jour les exportations pétrolières iraniennes, le marché s'inquiète d'une éventuelle détérioration de la situation. C'est à ce titre que, selon Francis Perrin, directeur de la revue Le pétrole et le gaz arabes, il est attendu de la part des dirigeants de l'Opep de réaffirmer leur volonté de continuer à assurer la stabilité des approvisionnements pétroliers en termes de volume et de niveau de prix. Le pétrole a marqué, hier, un léger repli en dessous des 65 dollars, une baisse fondée sur l'espoir que la Grande-Bretagne trouve un terrain d'entente avec Téhéran au sujet des 15 marins britanniques capturés. Mais cela ne suffit pas à écarter les inquiétudes puisque selon les spécialistes, il est certain que tant que l'Iran détiendra les quinze marins britanniques, les investisseurs resteront inquiets et les cours du pétrole resteront soutenus. Ce sommet pétrolier de Paris constitue sans doute un des rares forums où les pays producteurs et consommateurs se réunissent autour d'une table pour justement faire le point et donner un éclaircissement sur la situation du marché pétrolier. Par ailleurs, à quelques jours d'un forum des pays exportateurs de gaz, très attendu à Doha, l'épineuse question de la création d'une Opep du gaz risque de s'inviter au débat. Il faut dire que depuis quelques semaines les spéculations vont bon train sur le souhait de certains pays de former un cartel gazier sur le modèle du cartel pétrolier. Pourtant, le ministre de l'Energie et des Mines, M. Chakib Khelil, a déclaré récemment que "ce point n'est pas inscrit à l'ordre du jour" du forum de Doha. Pour rappel, cette idée a été relancée, fin janvier, par le président russe Vladimir Poutine, qui l'a jugée "intéressante". Le quotidien russe Kommersant affirmait récemment que cinq des principaux pays producteurs, l'Algérie, le Qatar, l'Iran, la Russie et le Venezuela, lanceraient une "Opep du gaz" lors du forum de Doha. Cependant, cette création est jugée par nombres d'observateurs de prématurée. Le dernier en date est le président du Kazakhstan, Noursoultan Nazarbaïev, qui dans la presse espagnole de lundi, a déclaré que "nous parlons de cela entre pays producteurs et le désir (de créer une Opep du gaz) est réel, mais, je ne pense pas que nous arriverons à sa création, pour le moment".