Rencontre pas encore mûre, les journées théâtrales maghrébines stoppées sec en 1988 pour ne reprendre que 21 ans après, en 2009, s'ouvriront aujourd'hui et jusqu'au 24 juillet au théâtre régional de Batna. Une reprise, qui semble se faire doucement mais sûrement, à l'heure où les autorités de la Culture institutionnalisent de façon systématique et régulière des dizaines de festivals tous genres confondus. Dix jours durant, des spécialistes d'un quatrième art toujours en déclin, se déplaceront dans la capitale des Aurès pour décortiquer un monde des planches qui a perdu et son public et sa vocation d'instruire et de réveiller les consciences. Outre les représentations théâtrales, les organisateurs misent surtout lors de cette troisième édition, à mettre en place une session de formation pour 80 stagiaires, des comédiens amateurs et professionnels, qui seront encadrés par des spécialistes. Une mini école somme toute, pour inculquer aux amateurs un art pas toujours facile à traduire. Selon le commissaire de ces journées, Mohamed Yahiaoui qui porte également la casquette de directeur du TRB, cette rencontre "va permettre de donner un éclairage sur l'évolution du théâtre dans les pays maghrébins, sur le genre nouveau de représentation et le développement des formes théâtrales qui émergent à l'heure actuelles. Pour lui, ces journées " se veulent une infrastructure culturelle, une courroie de transmission des cultures maghrébines à partir de la ville de Batna, toujours active, jamais fatiguée. C'est une plateforme de confrontation des spectacles de théâtre destinés à divertir et à instruire le large public entiché de théâtre, c'est-à-dire d'œuvrer à la promotion du spectacle vivant, à l'épanouissement artistique des théâtres régionaux et même national, à la promotion des échanges artistiques entres les troupes théâtrales et le public batnéen. " soutient-il. Au chapitre des représentations, il est prévu à l'affiche pas moins de quatorze pièces théâtrales présentées par des troupes du Grand Maghreb illustré par l'Algérie, le Maroc, la Tunisie, et pour la première fois la Libye. L'Algérie sera représentée par la quasi-totalité de ses théâtres régionaux dont Batna, Béjaïa, Annaba, Sidi Bel-Abbès, Oum El-Bouaghi, Oran, Mascara et Skikda et bien sûr le Théâtre national algérien Mahieddine Bachtarzi géré depuis sept ans par le dramaturge qui ne signe plus rien, M'hamed Benguettaf. Côté marocain, c'est la troupe El Moubadara de Rabat qui représentera le pays des alaouites avec dans les bagages deux spectacles à savoir "Les Coulisses " et " El Antaria ". La Tunisie quant à elle, sera représentée par deux troupes qui sont la société Rosbina de Monastir avec la pièce Al-Halwa, et le Centre national des arts dramatiques et scéniques El Kef avec la pièce Khouyout al-Achiqa. Enfin La Libye viendra avec la pièce Souar fi Dhakira. Comme dans toutes les rencontres du genre, il y aura en marge des représentations, des ateliers de formation et des conférences-débats autour d'un théâtre maghrébin qui ne fait pas beaucoup parler de lui. Ce que peut apporter cette manifestation, c'est incontestablement une vision globale du quatrième art maghrébin en plus des échanges entre les professionnels, les premiers qui doivent connaître sur les bouts des doigts l'évolution de la formidable aventure des planches qui ne cesse de décliner, du moins en Algérie.