Docteur Abderrahmane MEBTOUL Expert International professeur d'Université en management stratégique (Algérie) Par ailleurs lors de sa visite à Alger le 6/7 juin 2010,le Commissaire européen à l'élargissement et à la politique de voisinage M. Stefan Füle, a indiqué que la part de l'UE dans les importations de l'Algérie a régressé passant de 57,4% en 2002 à 51,9% en 2008 au bénéfice de la Chine , que le déséquilibre des flux commerciaux observé s'explique par la surconsommation de l'Algérie due à sa dépense publique et que la responsabilité du gouvernement algérien est entière. IL a tenu à préciser aux autorités algériennes qu'il ne suffit pas de signer un traité pour que les choses fonctionnent, mais qu' il faut des réformes structurelles profondes et si l'Algérie n'a pas tiré profit de l'accord d'association, c'est parce que les réformes structurelles n'ont pas été menées. Donc aucun changement de fond de la position européenne dont les arguments reposent fondamentalement sur l'article 32 de l'Accord qui stipule que l'Algérie réserve a l'établissement de sociétés communautaires sur son territoire un traitement non moins favorable que celui accordé aux sociétés de pays tiers. Egalement l'article 37 qui stipule que les parties évitent de prendre des mesures ou d'engager des actions rendant les conditions d'établissement et d'exploitation de leurs sociétés plus restrictives qu'elles ne l'étaient le jour précédant la date de signature du présent accord, s'engageant à envisager le développement du présent titre dans le sens de la conclusion d'un accord d'intégration économique au sens de l'article V de l'AGCS et surtout l'article 39 qui stipule que la Communauté et l'Algérie assurent, à partir de l'entrée en vigueur du présent accord, la libre circulation des capitaux concernant les investissements directs en Algérie, effectués dans des sociétés constituées selon la législation en vigueur à la législation et enfin l'article 54 que la coopération vise la création d'un climat favorable aux flux d'investissements et d'accords destinés a éviter la double imposition. Aussi, pour la partie européenne, les produits industriels algériens ont été admis en Europe dès le début de l'entrée en vigueur de l'Accord sans droits de douane, sous réserve de respecter la clause qualité et les produits européens faisaient l'objet d'un démantèlement tarifaire progressif pour entrer en Algérie et que ce démantèlement s'étalera jusqu'en 2017. Ce n'est pas l'avis de la partie algérienne pour qui les importations algériennes auprès de l'UE ont augmenté de près de 80%, passant de 11,2 milliards de dollars en 2005 à 20,8 milliards de dollars en 2008, et c'est l'Europe qui n'a pas respecté les engagements contenus dans l'Accord qui lie l'Algérie à l'Europe, dont notamment la mise à niveau de l'économie algérienne, l'Algérie ayant surtout besoin du savoir faire technologique et organisationnel et non de capitaux , posant indirectement la question s'il est utile que l'Algérie reste attachée à cet Accord par la faiblesse de l'investissement utile. Par ailleurs les baisses tarifaires auraient entrainé un manque à gagner de 2 milliard de dollars en 2009 et seraient de 7 milliards de dollars horizon 2017 selon le Ministre des affaires étrangères dans le document présenté le 15 juin 2010. Dialogue de sourd : l'Algérie reproche à l'Europe le manque d'enthousiasme dans l'investissement et l'Europe reproche à l'Algérie le manque de cohérence et de visibilité dans les réformes micro-économiques et institutionnelles. Il faut reconnaitre que la création du partenariat euro méditerranéen, officialisé lors du sommet de Barcelone de novembre 1995 a eu un résultat mitigé et que l'Union pour la Méditerranée (UPM), processus complémentaire et non concurrent au processus de Barcelone, auxquels les pays du Maghreb sauf la Libye ont adhéré le 13 juillet 2008 à Paris, pour être efficace doit s'appesantir sur des projets concrets est également à son point mort. Aussi, l'Europe doit dépasser sa vision mercantile considérant l'Algérie uniquement sous l'angle d'un marché d'importation. L'Algérie doit également éviter d'avoir une vision administrative bureaucratique autoritaire afin d'encourager l'investissement utile. L'Europe doit avoir une autre vision du développement du Sud d'une manière générale basé sur le co- développement et l'Algérie doit éviter ce chauvinisme étroit qui ne mène nulle part d'un autre âge, certaine couches sociales profitant de cette entropie pour bénéficier des intérêts de la rente nuisibles au développement à long terme du pays Il faut être conscient que les nouvelles relations internationales ne se fondent plus essentiellement sur des relations personnalisées entre chefs d'Etat mais surtout sur des réseaux et organisations décentralisés à travers l'implication des entreprises, des universités et de la société civile qui peuvent favoriser la coopération et le dialogue des cultures. Dans ce cadre l'émigration, ciment des liens culturels, peut être la pierre angulaire de la consolidation de cette coopération. C'est un élément essentiel de ce rapprochement du fait qu'elle recèle d'importantes des potentialités économiques et financières. Car la promotion relations de l'Algérie et sa communauté émigrée, doit mobiliser à divers stades d'intervention l'initiative de l'ensemble des parties concernées, à savoir le gouvernement, les missions diplomatiques, les entrepreneurs, les commerçants, les Universités et les compétencesindividuelles. L'engagement implicite caractérisant les relations entre la communauté émigrée et les pays d'origine, ne doit pas occulter les légitimes intérêts strictement économiques des parties concernées pour garantir la rentabilité et la pérennité des opérations engagées. Le pouvoir exécutif devrait veiller, dans le cadre organisationnel et législatif, à alléger l'ensemble des procédures administratives, afin de favoriser la promotion de l'investissement et les échanges commerciaux, à l'instar de pays qui utilisent leurs compétences nationales localisées à l'étranger comme point d'appui au développement national. .Dans le cadre d'un partenariat fructueux, je préconise une université euro méditerranéenne, lieu de fécondation des cultures et de combat pour la tolérance, une banque d'investissement euro méditerranéenne lieu de mise en œuvre des affaires, dont l'Algérie et l'Europe peuvent être des acteurs dynamisant, et ce dans le cadre du renforcement de l'intégration magrébine si l'on veut attirer des investisseurs potentiels intéressés non par des micro- espaces mais par un marché de plus de 100 millions d'habitants. C'est que nous évoluons dans un monde dans lequel, il n'existe pas de place pour les entités isolées ; il appartient aux pôles et aux groupements économiques. 2.-L'intégration maghrébine, facteur d'adaptation aux défis de la mondialisation La banque mondiale dans son rapport 2009 a mis en relief nettement, que l'intégration maghrébine au sein de l'espace euro, méditerranéen et arabo africain permettrait une augmentation de 2 à 3 points du taux de croissance de la région qui auront une répercussion positive sur la création d'emplois dans une zone où il y a 3 millions de chômeurs, qui constituent 12% des actifs. Alors on pourrait imaginer les importantes économies d'échelle, les gains de productivité si l'intégration pouvait se réaliser pour le Maghreb. Plusieurs études sérieuses annoncent que les économies des pays du Maghreb sont vouées à la disparition, si les gouvernements continuent dans leur entêtement à favoriser leurs intérêts égoïstes, tous les indices montrant que les gouvernements du Maghreb font plus de la "désunion". Un Maghreb où les capitaux, les marchandises, les services et les personnes circulent librement sans entraves d'ordre réglementaire, législatif ou financier, et dans lequel les entreprises évoluent dans un espace économique uni et ouvert, est le rêve de nombre d'intellectuels et de patrons maghrébins Un Maghreb uni est vital pour nos pays et nos populations. Côté statistiques, les échanges commerciaux entre les pays maghrébins, n'ont pas dépassé les 3% en 2009, ceux entre les pays de la Communauté européenne atteignant les 70%, les échanges entre les pays de l'ASEAN sont de l'ordre de 21%, ceux d'Amérique latine 14% et ceux des pays de l'Afrique de l'Ouest 8%. Le PIB du Maghreb ne dépasse pas les 400 milliards de dollars pour une population de 90 millions d'habitants, ce qui représente 80% du PIB de la Belgique, dont la population ne dépasse pas les 10 millions d'habitants. .C'est que les pays du Maghreb disposent de sérieux atouts susceptibles de leur permettre d'enclencher, assez rapidement, de fortes croissances de leurs économies analogues à celles observées dans d'autres régions du monde, notamment en Asie. Parmi ces avantages on peut citer , dans le cadre d'une croissance soutenue: une population jeune et en pleine expansion sur un vaste territoire; une homogénéité culturelle que renforce l'unité linguistique; l'existence d'une élite importante et de qualité; des moyens financiers appréciables - même en situation de crise - qui placent la région en position confortable par rapport aux autres régions en développement; un potentiel énergétique, industriel et agricole prometteur, même s'il est inégalement réparti; la proximité de l'énorme marché européen et la disponibilité de la communauté internationale et spécialement les Etats Unis d'Amérique, de l'Union Européenne, des pays émergents (Chine, Inde, Russie, Brésil) qui s'intéressent à ce marché pour soutenir l'intégration de la région. Aussi, ya t-il lieu de tracer les objectifs stratégiques de l'intégration économique maghrébine Pragmatiquement pour réaliser cette intégration, j' envisage plusieurs axes :la solution maximum qui impliquerait la signature d'un traité instituant l'Union économiques maghrébine sur le modèle du traité de Rome avec fixation d'un calendrier relatif à l'élimination des droits de douanes et des restrictions contingentaires, établissement d'un tarif extérieur commun, harmonisation des politiques économique, fiscales, monétaires et enfin, la mise en place d'institutions communes dotées de pouvoir de décisions. La solution minimum, une création progressive d'une union économique par une simple déclaration d'intention, les seuls engagements juridiques se limitant à la participation périodique à des négociations sur les concessions tarifaires ou sur les choix des lieux d'implantation d'industries nouvelles. Enfin la solution intermédiaire serait fondée sur l'interaction entre la libéralisation commerciale et l'harmonisation industrielle.