" Au FMI, nous trouvons que l'économie algérienne se porte bien mais le problème principal est que cette économie vit trop sur les ressources publiques. Cette économie doit donner plus d'importance au secteur privé ", a déclaré Dominique Strauss-Kahn, directeur général du FMI, invité, jeudi, de la Chaîne III de la Radio nationale. Pour Dominique Strauss-Kahn, "l'enjeu pour l'Algérie, le pays le plus important de l'Afrique du Nord, est d'avoir un secteur privé dynamique". Il faut que les infrastructures permettent aux investisseurs privés d'être rentables et que l'investissement privé se sente à l'aise. Cela est lié au climat des affaires et à l'environnement juridique. "Tout ceci, le gouvernement le mesure bien mais c'est difficile de faire évoluer les pratiques ", a noté le directeur du FMI. M. Strauss-Kahn appelle à ce que toutes les opportunités de création d'entreprises soient saisies pour relancer l'emploi. Selon lui, le taux de chômage parmi les jeunes algériens, âgés entre 16 et 25 ans, est supérieur à 20 %. "La jeunesse est la bénédiction de l'Algérie, c'est également son problème. Pour créer de l'emploi, il faut d'autres métiers tels que les services et le commerce. Des activités qui peuvent se développer dans le secteur privé. "Il y a peut être une mentalité qui doit évoluer pour que la manne pétrolière permette de diversifier l'économie algérienne ", a-t-il dit. Le FMI est prêt à aider le gouvernement algérien à aller dans cette direction, a-t-il ajouté. Notons que le directeur général du Fonds monétaire international (FMI) qui a intervenu au cours du séminaire sur "Les ressources naturelles et le développement" organisé conjointement par la Banque d'Algérie et le FMI, a estimé que les pays en développement, jouissant d'une abondance en ressources naturelles, doivent disposer de "bons outils de couverture financière pour faire face aux périodes de crise. "Le problème classique qui se pose aux pays riches en ressources naturelles c'est l'équilibre entre la stabilité financière et la volatilité des prix", qui commence à prendre actuellement une grande variété, notamment ceux des produits métallurgiques et énergétiques, selon le premier responsable du FMI. Quelles politiques faut-il suivre pour raffermir la reprise de l'économie mondiale? La réponse varie suivant le pays. Dans ceux où la reprise reste faible, les politiques macro-économiques doivent continuer autant que possible de soutenir l'activité. Dans les autres, une reprise plus vigoureuse signifie qu'un soutien des pouvoirs publics n'est peut-être plus nécessaire. Mais tous les pays doivent s'entendre pour mener des politiques propres à affermir la reprise globale et à promouvoir une croissance vigoureuse, stable et équilibrée de l'économie mondiale pour le moyen terme. Dans le monde entier, la création d'emplois est l'une des principales tâches qui s'imposent aux autorités. C'est vrai dans les économies qui sont au cœur de la crise - où le chômage atteint des niveaux record - et dans celles où le problème du chômage sévit déjà depuis de nombreuses années. Le chômage n'est pas seulement un grand problème économique, c'est aussi un grand problème social - dont le coût humain est énorme pour tous ceux qui perdent leur emploi et pour leur famille. Ce séminaire de haut niveau offre une bonne occasion d'examiner les défis particuliers auxquels sont confrontés aujourd'hui les pays riches en ressources naturelles. Les pays représentés ici sont très divers et apportent des expériences variées, ce qui devrait enrichir le débat et permettre d'en tirer des enseignements pour affronter les défis à venir. "Je me bornerai à évoquer quelques-unes des questions qui pourraient être examinées lors de ce séminaire". L'économie mondiale traverse de profondes mutations qui ont des conséquences considérables pour la demande de ressources naturelles. Au cours des années à venir, les pays émergents vont contribuer de plus en plus à la croissance de l'économie mondiale. Beaucoup de pays vont prendre des mesures pour s'adapter aux changements climatiques. Et les industries extractives vont bénéficier de nouveaux progrès technologiques. De tels changements vont naturellement avoir des répercussions sur la demande de ressources naturelles. Depuis toujours, les pays exportateurs de matières premières ont la difficile tâche de gérer l'effet de la volatilité des prix de ces produits sur la stabilité macro-économique et financière. Bien que les prix des matières premières se soient quelque peu stabilisés depuis la grande récession, il faut s'attendre à un retour de la volatilité. C'est d'ailleurs déjà le cas sur les marchés des produits agricoles. Il est donc d'autant plus important d'appliquer les bonnes politiques macro-économiques pour faire face à cette situation. Il va de soi que les outils financiers, notamment les stratégies de couverture, ont aussi un rôle important à jouer à cet égard. Un autre défi est celui du renforcement de la compétitivité. Vous connaissez tous le "syndrome hollandais", phénomène par lequel des exportations massives de matières premières entraînent une appréciation du taux de change réel, ce qui ralentit la croissance de la productivité dans les autres secteurs de l'économie. La compétitivité s'en trouve amoindrie, ce qui freine la diversification de l'économie et rend le pays trop tributaire du secteur des ressources naturelles. Il est clair que des investissements beaucoup plus importants dans le capital matériel, humain et institutionnel s'imposent pour accroître la productivité et améliorer la compétitivité. Cela devrait s'accompagner de réformes structurelles pour faire sauter les contraintes qui entravent l'entrepreneuriat et pour améliorer le climat des affaires. Mais les dépenses doivent s'effectuer à un rythme mesuré. Cela permettra de préserver la stabilité macroéconomique, c'est-à-dire notamment de maintenir le taux de change réel à un juste niveau. Cela permettra aussi aux générations futures de bénéficier des recettes tirées aujourd'hui des ressources naturelles non renouvelables. Des institutions solides seront indispensables pour garantir que les politiques bien conçues aient toute l'efficacité voulue. Des institutions budgétaires solides aideront à éviter des dépenses excessives en période de prospérité, et à laisser suffisamment de ressources pour les périodes moins fastes. Des institutions financières bien établies aident à gérer l'impact des flux soudains de capitaux sur l'ensemble de l'économie. Une bonne gestion des réserves de change est un complément indispensable à cet égard. Malheureusement, beaucoup de pays riches en ressources naturelles sont dépourvus d'institutions solides. De ce fait, les résultats économiques d'un grand nombre d'entre eux sont très décevants. Pis encore, la manne des ressources naturelles est trop souvent devenue une malédiction en engendrant des conflits. La gestion responsable des richesses naturelles repose avant tout sur un ferme attachement à la bonne gouvernance. La bonne gouvernance aide à ce que les recettes provenant des matières premières profitent à toute la société. C'est la raison pour laquelle il est si important que les institutions soient rigoureusement tenues de rendre des comptes.