Onze citoyens sahraouis ont été tués et 723 autres blessés dans l'attaque, lundi matin, par les forces armées marocaines du "camp de la liberté" (Gdim Izik), situé à 12 km de la ville d'El Ayoun, selon un bilan provisoire rendu public hier par le ministère sahraoui de l'Information. Le bilan du ministère sahraoui de l'Information fait état, également, de 159 disparus, ainsi que de centaines de maisons, boutiques et voitures appartenant à des Sahraouis saccagées. Ce bilan risque de s'alourdir, vu les dimensions de l'agression "barbare" exécutée par les forces armées marocaines, a averti la même source. Le porte-parole du Secrétaire général de l'ONU, Martin Nesirky, a fait part des vifs regrets des Nations unies pour l'attaque armée lancée lundi à l'aube par les forces d'occupation marocaines contre des civils sahraouis du "camp de la liberté", faisant des centaines de blessés parmi une population sahraouie sans défense. "Ce matin au Sahara occidental, les forces de sécurité marocaines ont engagé une opération pour fermer le camp établi par les manifestants sahraouis en dehors de la ville d'El-Ayoun il y a un mois", a-t-il déclaré. "Et à notre plus grand regret, il y a un certain nombre de morts et de blessés. Le personnel des Nations unies au Sahara occidental tente de dresser une situation plus complète sur ces faits", a affirmé le responsable onusien. Rappelant la tenue lundi et mardi à Manhasset (New York) de la 3e réunion entre le Maroc et le Front Polisario sur le statut futur du Sahara occidental, le porte-parole de l'ONU a soutenu qu'il était ''très regrettable'' que cette escalade militaire des forces marocaines et les événements qui ont précédé cette réunion ''affectent le climat dans lequel se tiennent ces négociations''. Avant l'ouverture de cette réunion, le président du Conseil national de la RASD, Khatri Addouh, qui conduit la délégation sahraouie, a déclaré à l'APS qu'"au lieu de venir avec des engagements crédibles pour résoudre le problème du Sahara occidental, le Maroc prend part à cette réunion avec cette démonstration de force pour faire échouer les efforts de la communauté internationale, du secrétaire général de l'ONU et de son Envoyé personnel". Il est à souligner que le ministre sahraoui des Affaires étrangères, Mohamed Salem Ould Salek, a rapporté que les forces marocaines, qui étaient accompagnées des forces de la gendarmerie, de la police et auxiliaires, "se sont livrées à une violence inouïe, en utilisant des hélicoptères pour larguer des bombes lacrymogènes et des canons à eau contre les citoyens sahraouis sans défense". Le Maroc vient de commettre une "aberration" après le discours du roi Mohamed VI dans lequel il a fait montre d'"une agressivité et d'une obstination sans égales", a-t-il ajouté. L'attaque brutale par les forces marocaines du camp des réfugiés sahraouis a suscité immédiatement les premières réactions de condamnation en Italie. Ainsi, l'Assemblée régionale d'Emilie-Romagne a voté une résolution "à l'unanimité" dénonçant l'opération militaire de l'armée marocaine contre les populations sahraouies du camp d'El-Ayoun et "les violations répétées" des droits de l'homme au Sahara occidental, rapportent les médias italiens. A cette occasion, le représentant sahraoui en Italie, Omar Mih, qui était invitée à cette assemblée, a appelé dans une conférence de presse à "sauver le peuple sahraoui", estimant qu'aujourd'hui, avec ce qui se passe à El-Ayoun, la solidarité à la cause sahraouie, "seule ne suffit pas". "Il faut, a-t-il dit, une action politique et institutionnelle pour aider mon peuple et faire cesser le massacre". Son appel est largement approuvé par des élus présents à cette cérémonie, dont un dirigeant du Parti démocratique (gauche), qui a exhorté le gouvernement italien à "réagir face au drame des populations sahraouies". Ainsi, le député de ce parti, Carlo Renzo, a demandé l'intervention du chef de la diplomatie italienne, Franco Frattini. "Le ministre Frattini doit condamner le regain de violence contre le peuple sahraoui et appeler à l'intervention immédiate de l'Europe pour défendre les droits, la dignité et l'existence même au Sahara occidental", a-t-il souligné. Des journaux italiens ont relaté les circonstances de cette évacuation musclée du camp en reproduisant des témoignages de personnes présentes sur place. La Republica parle de morts, d'au moins 70 personnes blessées et de 65 arrestations. "Beaucoup de femmes, selon le Polisario, ont été battues", ajoute le journal qui évoque "un massacre" suite à un assaut qui "a commencé alors qu'il faisait nuit noire. Des centaines de policiers ont attaqué le camp, près d'El-Ayoun, de nombreuses tentes ont été détruites". Le journal fait remarquer que "l'attaque a eu lieu le jour de l'ouverture à New York, des négociations entre le Maroc et le Front Polisario, sous les auspices de l'ONU".De son côté, le Mouvement contre le racisme et pour l'amitié entre les peuples (MRAP) a demandé au gouvernement français de faire respecter le droit international. Tout en exprimant sa "profonde inquiétude", le Mrap estime, dans un communiqué rendu public, que la situation est "grave et urgente".