Les cours des matières premières alimentaires se sont repris cette semaine, rebondissant à la faveur d'inquiétudes sur l'offre, tandis que les cours du cacao bénéficiaient, par ailleurs, des incertitudes sur la situation politique tendue en Côte d'Ivoire. Les prix de le fève brune ont bondi en fin de semaine, sur un marché redoutant une flambée de violences en Côte d'Ivoire, premier producteur et premier exportateur mondial de cacao. Le cours du cacao a ainsi gagné plus de 5% à Londres sur jeudi et vendredi, grimpant jusqu'à 1960 livres sterling la tonne, son plus haut niveau depuis six semaines. "L'impulsion qui a récemment tiré vers le haut les prix du cacao, ce sont les incertitudes entourant l'élection ivoirienne : le report des résultats du second tour et les rapports faisant état de violences ont exacerbé les inquiétudes sur les approvisionnements de cacao", relevait Sudakshina Unnikrishnan, de Barclays Capital. L'annonce surprise, jeudi, par la commission électorale des résultats provisoires de la présidentielle du 28 novembre, donnant vainqueur l'opposant Alassane Ouattara, a été rejetée par le Conseil constitutionnel, qui pourrait proclamer la victoire du sortant, le chef de l'Etat Laurent Gbagbo. Les craintes sur un rétrécissement de l'offre était d'autant plus vives que, selon les estimations révisées de l'Organisation internationale du cacao (ICCO), publiées cette semaine, le déficit sur le marché mondial du cacao s'est creusé à 82'000 tonnes sur l'année 2009/2010. Sur le Liffe de Londres, la tonne de cacao pour livraison en mars cotait 1935 livres sterling vendredi vers 14H00 GMT/15h00 HEC contre 1876 livres la tonne pour la même échéance le vendredi précédent vers 16H15 GMT. Sur le NYBoT-ICE américain, le contrat pour livraison en mars valait 2902 dollars la tonne contre 2795 dollars pour la même échéance une semaine plus tôt. De leur côté, les cours du café ont progressé cette semaine, soutenus par les tensions persistantes sur l'offre, mais sans toutefois effacer les pertes de la semaine précédente. "Les fèves de qualité supérieure deviennent difficiles à trouver, en raison de plus faibles récoltes en Amérique latine, alors que des intempéries continuent d'affecter la production en Colombie. Et la faiblesse du dollar conforte encore les gains du marché", soulignait la revue spécialisée The Public Ledger. Les cours du sucre ont sensiblement rebondi cette semaine, les opérateurs continuant de s'alarmer du resserrement du marché mondial. La maison de courtage spécialisée Czarnikow a indiqué dans sa lettre mensuelle attendre désormais un marché en déficit pour l'année 2010-2011. "A l'approche de la fin des récoltes de betterave dans l'Hémisphère Nord et de canne à sucre dans l'Hémisphère Sud, il devient évident que nombre de producteurs n'atteindront pas leurs objectifs", ont souligné les analystes de Czarnikow. Dans ce contexte, "le marché reste concentré sur l'Inde (deuxième producteur mondial, ndlr) et sur ses exportations potentielles" alors que le gouvernement indien devrait préciser d'ici à trois semaines le volume d'exportations qu'il autorisera cette saison, relevait Mme Unnikrishnan. Notons que selon un récent rapport de FAO, la facture mondiale des importations alimentaires "pourrait passer le cap des mille milliards de dollars en 2010", ce qui affectera d'abord les pays pauvres. "La production céréale mondiale sera de 2% inférieure" à celle de l'année précédente, "même si elle reste la troisième meilleure" enregistrée, a indiqué mercredi devant la presse à Rome Hafez Ghanem, vice-directeur de l'Organisation de l'ONU pour l'alimentation et l'agriculture (FAO). Cette baisse de la production "a naturellement un impact sur les prix", a-t-il ajouté, en présentant le rapport "Perspectives de l'alimentation". Selon la FAO, "la facture des importations alimentaires devrait s'alourdir de 11% en 2010 pour les pays les plus pauvres et de 20% pour les pays à faible revenu et à déficit vivrier".