Les prix des matières premières alimentaires ont connu des fortunes diverses et une semaine agitée, le cacao et le café étant tiraillés par les incertitudes sur les récoltes à venir, tandis que le sucre rebondissait grâce à des inquiétudes croissantes sur l'offre. Ainsi, les prix du soja sont montés à leur plus haut niveau depuis plus d'un an cette semaine à Chicago, où les opérateurs s'inquiètent pour l'offre mondiale tandis que ceux du maïs se sont stabilisés à leurs sommets en deux ans et que ceux du blé se sont repliés Le boisseau (environ 25 kg) de soja pour livraison en novembre a dépassé vendredi 11 dollars sur le Chicago Board of Trade pour la première fois depuis juin 2009. Vers 11h45, il valait environ 11,15$, contre 10,69$ une semaine plus tôt. "On approche de la période des semis au Brésil, en particulier dans les régions du nord, et on parle d'un temps sec en raison de la Nina", phénomène météorologique opposé d'el Nino, explique Bill Nelson, de Doane Advisory Services. "Cela pourrait ralentir l'avancée des semis et avoir pour conséquences une croissance moins bonne que d'habitude des cultures", ajoute-t-il. Dans le même temps, d'importantes zones de production dans les plaines du centre des États-Unis, notamment dans l'Iowa et le Minnesota ont subi des inondations, au moment où la récolte commence à peine. Du côté des céréales en revanche (blé et maïs) "les prix sont retombés de leurs somets", ont relevé les analystes de Barclays Capital, mais "nous pensons que la progression des cours du maïs n'est pas finie". Le boisseau de maïs pour livraison en décembre se stabilisait vendredi à 5,10$ contre 5,1325$ sept jours plus tôt. Il a touché lundi 5,2375$, son plus haut niveau depuis septembre 2008. Les opérateurs s'attendent en effet à de nouvelles révisions en baisse des rendements des cultures américaines, en raison du temps très sec qui a précédé la récolte, et donc à une production décevante alors que la demande est forte. Pour le blé, "certains événements récents ont apaisé les craintes concernant la disponibilité de blé", a noté M. Nelson. " Les prix restent élevés mais sont retombés". L'Argentine a en effet bénéficié de pluies, de même que des régions du Sud des États-Unis où les semis de blé d'hiver commencent. L'Australie, un important exportateur, a récemment relevé son estimation de production. Blé et maïs américains ont par ailleurs connu une demande à l'exportation moins bonne que prévu, dans le relevé hebdomadaire que publie le département américain de l'Agriculture. Le contrat de blé pour livraison en décembre s'établissait à 7,03$ le boisseau, contre 7,3925$ une semaine avant. Du côté du cacao, les cours de la fève brune ont progressé lundi, atteignant à New York leur plus haut niveau depuis plus d'un mois, avant de se replier tout au long de la semaine. Les prix pâtissaient notamment de prises de bénéfices par les investisseurs spéculatifs, selon les analystes de Commerzbank. En outre, un regain de prudence pesait sur les cours, "alors que les opérateurs attendent des nouvelles de la principale récolte de cacao en Côte d'Ivoire (premier producteur mondial, ndlr), une très large récolte étant anticipée", notait la revue spécialisée The Public Ledger. De nouveau, les cours du café ont évolué en ordre dispersé: le robusta coté à Londres a enregistré un net rebond, montant vendredi jusqu'à 1761 dollars la tonne, au plus haut depuis un mois, tandis que l'arabica à New York, en revanche, creusait ses pertes. Des deux côtés de l'Atlantique, le marché restait fébrile, agité par de vives interrogations et spéculations sur les prochaines récoltes, notamment au Brésil et au Vietnam. "On voit changer tous les jours les estimations clés sur l'impact de la sécheresse au Brésil et si les pluies évoquées par les prévisions (météorologiques) seront suffisantes pour empêcher que la récolte ne soit affectée de manière significative", relevait Commerzbank. Des inquiétudes similaires étaient sensibles au Vietnam, premier producteur de robusta au monde, où la prochaine récolte devrait commencer dans un mois. "Au Brésil comme au Vietnam, des conditions météorologiques défavorables pourraient affecter les récoltes. Cela participe à la nervosité du moment, alors que le marché devient très étroit, avec des stocks mondiaux à un niveau très bas", observait jeudi Nestor Osario, directeur exécutif de l'Organisation internationale du Café (ICO) à l'issue d'une réunion de l'institution. Enfin les cours du sucre ont remonté cette semaine, toujours soutenus par les perspectives d'un rétrécissement de l'offre disponible sur le marché. Outre l'engorgement persistant des ports du Brésil, premier producteur mondial, où des cargos attendent toujours d'être chargés, l'étroitesse du marché était mise en lumière par la suppression d'une taxe d'importation au Pakistan où les conséquences des récentes inondations qui ont ravagé les récoltes locales laissaient planer le risque d'une pénurie de sucre. Par ailleurs, Uttar Pradesh, le plus important Etat cultivateur de canne à sucre en Inde, a baissé de 600'000 à 800'000 million de tonnes ses prévisions de production de sucre pour l'année 2010-2011" suite aux dommages causés par ces même inondations.