A voir le constat officiel établi sur la Sonatrach, jeudi, à l'APN, par le ministre de l'Energie et des Mines, le gouffre est immense et la pratique a été bien incrustée au sein du géant de la pétrochimie. La mise sous mandat de dépôt de l'ancien P-DG par intérim de la Sonatrach, Abdelhafid Feghouli, n'a pas mis fin au travail des enquêteurs qui continuent à "fouiner" avec la conviction que la boucle n'est toujours pas bouclée. Cela illustre le degré d'expansion de la gangrène au sein de cette immense entreprise qui a presque failli faire de l'ombre à l'Etat même ! Le ministre de l'Energie et des Mines, qui déplore "(…) les actes reprochés " aux responsables de la compagnie, qualifie cela de "gravissimes". Un aveu d'échec de la gestion passée fait par M. Youcef Yousfi lui-même témoignerait-il du laxisme et des mœurs de l'ancienne équipe ? D'habitude discrets sur ce genre de scandales, les responsables du secteur des hydrocarbures se sont montrés prolixes tant les choses ont dépassé les bornes. M. Yousfi tente même de minimiser l'affaire en précisant que "les poursuites judiciaires engagées contre des responsables de la société ne sont pas le propre de notre pays ni de notre secteur" et que "nous n'avons qu'à laisser la justice faire son travail". Cependant, le premier responsable du secteur des hydrocarbures promet de "renforcer de plus en plus le contrôle interne du groupe Sonatrach en 2011" sans expliquer comment ni par quels procédés il compte le faire. M. Yousfi a réaffirmé "la détermination de l'Etat à mener", conformément aux directives du président de la République pour combattre la corruption, "une lutte sans merci contre toute pratique illégale". La récente instauration par Sonatrach du code de l'éthique fera-t- elle partie du fameux renforcement du contrôle dont parlait M. Yousfi, ou s'agit-il de nouveaux mécanismes de surveillance et de contrôle ? A moins d'être créée pour être ensuite bafouée, la loi existe et avait déjà prévu ce cas de figure en instaurant la déclaration du patrimoine à la nomination et à la fin de fonction des responsables. Cela a été toujours un test passé avec brio par les uns et les autres. La non-application de la loi a empêché de débusquer les actes d'indélicatesse ou de corruption. L'Ordonnance 97-04 du 11 janvier 1997 relative à la déclaration du patrimoine le stipule et son article 1er vise "toute personne investie de charge publique" et en donnes les objectifs de ce texte "en vue de garantir la transparence financière de la vie politique, administrative et la préservation du patrimoine public ". Mais, beaucoup de cadres n'y se sont jamais soumis et ont fait fi de ces textes de loi.